Inspiré par le roman d'Alexandre Dumas, Gonzo et son équipe offrent une seconde jeunesse au "Comte de Monte-Christo". Un univers plus grand, un design magnifique, une qualité sonore de toute beauté et une intensité qui progresse crescendo.

L'histoire prend place au cours de l'année 5053, époque où voyages spatiaux et éléments du 19ème siècle, tel les chevaux et l'aristocratie, coexistent avec les premières automobiles. L'action se situe principalement à Paris, qui semble être devenue la capitale de la Terre. La Lune au visage lugubre a été colonisée et les terriens tentent de conquérir le reste de l'espace. Si certaines libertés ont été prises, la trame essentielle reste fidèle au roman d'origine, celle de la vengeance implacable d'un homme qui fut trahi et laissé pour mort il y a bien longtemps. Les thèmes abordés sont bien sûr la vengeance et la manipulation, qui s'organisent au fur et à mesure de l'histoire, mais aussi l'amitié, la trahison et l'amour qui lient les différents protagonistes.
Le scénario est donc palpitant et chaque épisode nous donne une irrépressible envie d'enchaîner avec le suivant.

La galerie des personnages est majoritairement tenue par des adolescents, les scénaristes visant un public jeune. Mais si les profiles furent préexistants dans l'œuvre de Dumas, leurs caractères sont davantage détaillés ici, puis évoluent, donnant du relief à l'histoire et donc un intérêt grandissant.
Albert apparait comme le héros naïf au cœur pur qui voudra trouver des solutions aux problèmes de ses amis, quitte à ne pas s'occuper des siens. Soutenu par son confident Franz et sa bien-aimée Eugénie, il s'en éloignera pourtant sous l'influence du Comte qu'il considère comme son mentor.
Au centre de l'intrigue, c'est d'ailleurs le charismatique Comte de Monte-Cristo qui monopolise véritablement l'attention à chaque apparition, reléguant sans difficulté les autres protagonistes en arrière plan. Génial instigateur et planificateur, il nous fascine de part sa classe, son élégance et son intelligence. Mais la présence démoniaque qui l'habite, nommée Gankutsuou et obnubilée par sa vengeance, le rend terriblement inhumain. Alors que dans l'œuvre original on éprouvait de la sympathie pour lui, ici, on est sans cesse tourmenté entre un sentiment de rejet et d'affection.

L'audace graphique est incontestablement le point fort de l'anime. Les motifs sur les vêtements et les cheveux sont réalisés par des trames de textures qui restent fixes au détriment des mouvements des personnages... J'ai été envoutée par ce procédé qui ne manque pas de charme et qui contribue à faire de cette série une véritable œuvre graphique avec sa propre identité. Cependant, les plis des vêtements n'apparaissent presque pas, ce qui confère aux personnages un maintien plutôt raide et ne permet pas de jeu d'ombres, ni de dégradés.
Les décors fastueux sont à couper le souffle, chaque paysage, chaque lieu est une pure merveille qui m'a laissé sans voix. Le choix est très judicieux car il mêle l'architecture baroque de l'époque avec des influences anachronique sans que cela choque (à l'exception de quelques scènes en 3D moyennement intégrées). Au contraire, on navigue avec grand plaisir dans une fresque historique influencée de toutes parts.

La musique de "Gankutsuou" est exquise avec tout d'abord l'opening "We Were Lovers", sur fond de chevauchée onirique, et l'ending "You Won't See Me Coming" de Jean-Jacques Burnel. Il a d'ailleurs composé une grande partie des titres de l'œuvre, complétée par les créations de Kasamatsu Kouji et une sélection de plusieurs pièces célèbres de la musique classique telles que "Manfred Symphony" de Tchaïkovski, l'opéra "Lucia di Lammermoor" de Donizetti et le "Concerto pour piano n°2" de Rachmaninov.

Pour conclure, cette série est une adaptation que je trouve très réussie avec une histoire bien construite et passionnante, des personnages captivants et des expérimentations graphiques positivement surprenantes.
Lorelei3
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le 23 avr. 2012

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