Capitaine espagna
bjr ... c'est un,peu capitaine america en espagne un peu ruéssi parfois , un peu loupé parfois, un peu ridicule parfois voilà un peu dommage
Par
le 14 nov. 2024
Le titre de ma critique est sans doute provocateur, mais je pense qu’il est pertinent au regard des critiques que j’ai pu lire ici ou ailleurs ; je suis d’ailleurs content de pouvoir exprimer mon point de vue sur cette série qui à mon avis a été grandement sous-estimée.
Clairement, ceux qui espèrent ici une pure aventure SF, ou avec des super-héros style Captain America ou l’homme qui valait 3 milliards, avec des effets spéciaux spectaculaires à tout bout de champ, du simple spectacle « primaire » (ce n’est pas ici un adjectif négatif, je suis le premier à adorer ces spectacles à effet sans prise de tête !), ceux-là ne trouveront pas leur bonheur.
Non, ici la SF est juste une épice, une pincée de sel sur plat dont l’intérêt est ailleurs, et le soi-disant « super-héros », le rôle-titre, Garcia, serait plutôt une sorte d’« anti-héros », tant il est décalé par rapport à la réalité actuelle, et finalement tant son personnage est mièvre, quasiment obsolète… ce qui, j’en suis presque certain, est une intention du réalisateur.
S’il y a SF ici, alors elle est de type « dystopique », et comme toutes les dystopies elle invite à la réflexion, à la mise en rapport avec la société telle qu’on la connait. Ainsi le sujet principal de la série, ce sont les risques que représentent les tentations totalitaires (autrement dit, le fascisme) dans la démocratie de l’Espagne d’aujourd’hui ; ce sujet est particulièrement sensible dans le monde actuel, et si l’on veut bien y penser et si l’on suit l’actualité, ce qui est présenté ici comme profondément ancré dans la société espagnole peut tout aussi bien se concevoir dans nos pays européens… et ailleurs. D’une certaine façon, c’est une série à message politique.
La « SF » est ici un prétexte qui permet au spectateur espagnol de mettre en parallèle un passé « récent » (le franquisme) avec le présent… Et paradoxalement la SF qui est généralement de l’ordre de « l’impossible » permet ici de montrer que ce passé douloureux pourrait redevenir le futur proche, qu’il est « possible » (puisqu’il a déjà eu lieu) malgré les progrès techniques et sociaux qui ont été faits (d’où l’intérêt du personnage anachronique de Garcia qui met en évidence ces progès).
Cela c’est le sujet. Mais évidemment il y a d’autres aspects.
Tout d’abord, un mot de l’actoring. Cette critique, comme toutes les critiques, est évidemment empreinte d’une certaine subjectivité ; je vais cependant en rajouter une couche, en disant que de mon point de vue l’école espagnole d’acteurs est une des toutes meilleures du monde, et ceci est particulièrement perceptible avec les « jeunes » acteurs.
Les deux rôles principaux sont à mon avis ceux d’Antonia et de son père. Veki Velilla est simplement extraordinaire, et son père, le « vieux de la vieille », Emilio Gutierrez Caba est également excellent (je suis heureux d’avoir pu découvrir cet acteur dont la notoriété semble avoir été restreinte à l’Espagne). Les rôles secondaires sont également très bien tenus, certains même très justes avec des personnages de fort caractère qui font plaisir à voir (par exemple, Francisco Reyes est aussi parfait dans son rôle).
Et il y a le cas du personnage de Garcia (Francisco Ortiz) dont j’ai déjà parlé. Si on voit son jeu au premier degré, on pourrait trouver que sa prestation sans être mauvaise n’est pas extraordinaire ; il joue un peu « à l’ancienne », il a un côté « pataud », pas forcément à l’aise dans son costume… Cependant, si on prend le recul du 2ème degré, on peut trouver là un rôle de pure composition puisqu’il est censé interpréter un personnage anachronique… Et du coup, c’est tout de même une belle prestation qui fait bien ressortir le décalage avec les autres personnages, ce qui est, j’en suis sûr, l’intention du réalisateur.
Un mot du scénario : pas grand-chose à dire : bien ficelé, du suspense, de l’action quand il faut, plutôt bien équilibré, quelques trouvailles ici ou là, mais aussi à mon avis une ou deux petites erreurs dans la psychologie des personnages, mais de façon purement ponctuelle : ce ne sont que des points de détail que je ne vais pas énumérer et qui n’altèrent pas mon ressenti global de la série.
Pour finir, concernant images et prises de vue : là aussi pas grand-chose à dire ; on notera ben sûr l’alternance ponctuelle d’images noir et blanc en format d’époque et d’images couleur : ceci n’est pas nouveau, loin s’en faut, mais là encore c’est bien équilibré, ça facilite/fluidifie la perception immédiate de l’époque à laquelle on se situe, donc la technique est pertinente. Et puis il y a évidemment cette scène dantesque, plus ou moins symbolique, du dernier épisode (attention un mini-spoil) avec ce combat « épique » au pied de la Piétà monumentale… Il y 50 ans on aurait appelé cela une scène d’anthologie, avec une grande puissance esthétique et symbolique (qui se greffe très naturellement au sujet traité, et peut inciter à la réflexion)… Peut-être y a-t’il une référence à certains films classiques (Bunuel ??? Autre ???) mais ma culture est insuffisante… Chacun pourra l’apprécier ou la rejeter comme il lui plait, car il y a un petit côté désuet dans ce grandiose-là… Pour ma part je demeure sensible à la dimension esthétique (même si le sang qui coule sur le corps du Christ est presque « trop »… Mais il fallait le faire ).
En bref, pour moi, une série excellente!
Créée
le 9 avr. 2025
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bjr ... c'est un,peu capitaine america en espagne un peu ruéssi parfois , un peu loupé parfois, un peu ridicule parfois voilà un peu dommage
Par
le 14 nov. 2024