Le spin off de The Boys emprunte bien sûr à l'humour de la série principale et pour être honnête, j'ai eu peur de trouver une série pour ado qui appuie sur l'aspect vulgaire et provocateur de celle-ci.
Je ne dirai pas qu'elle est un bijou d'écriture, mais l'intrigue et les besoins des héros sont suffisants -d'autant plus qu'à cet âge, les problématiques sont nombreuses- pour retenir l'attention du spectateur.
Là où The Boys grossit et caricature les travers de la drogue, du narcissisme, du sexe, des magnats, et autres joyeusetés du darkside de l'humanité, Gen V part sur une piste à mon sens bien plus intelligente. Ainsi, sans vraiment savoir quelle est sa position, elle interroge tour à tour et avec beaucoup d'intelligence la santé mentale, la théorie du genre, les paraphilies, les troubles du comportement alimentaire, les abus sexuels et le viol.
De façon sous-jacente et avec une lecture plus fine, d'autres thèmes se révèlent alors comme le consentement, la pression que subissent les étudiants des grandes écoles et facultés, les phénomènes et besoins (certes un peu facile) d'acceptation sociale, et les thèmes identitaires.
La série fait-elle l'apologie du Wokisme, ou le moque-t-elle ? Quoiqu'il en soit, les thèmes sont assez bien amenés sans être lourds, car s'il y a bien quelque chose qui commence à peser aujourd'hui, c'est bien la récurrence de ce dernier. Mais c'est bien là la particularité de ces deux séries : cette propension à concilier la finesse et la sensibilité des sujets et la grossièreté et la vulgarité visuelle peuvent le laisser penser.
En amateur de la culture chinoise, je ne peux qu'observer aussi les thèmes interrogés et clairement critiqués de la société patriarcale confucianiste, qui considère qu'avoir un enfant garçon est plus important que tout (car pouvant perpétuer le nom et la descendance...)
D'un point de vue technique, la réalisation suit à peu près le visuel de The Boys. Les effets sont réellement impressionnants, les scènes d'action très dynamiques et l'acting est globalement très bon. Les acteurs ne surjouent pas et les différents personnages sont tous très bien castés hormis le personnage asiatique non-binaire que je préfère dans sa version féminine (avant que les féministes pénibles ne me tombent dessus, ceci n'est absolument pas une remarque à caractère machiste, je n'aime pas trop son jeu, simplement). Je salue tout de même son monologue discursif. Une mention spéciale aussi pour le casting enfant - adulte (Kate) qui est réellement impressionnant de justesse.
Quand même à voir, si l'on est amateur du genre, ce qui est mon cas ! Je trouve que la façon de traiter ces thèmes pourtant vus, vus et revus ne manque pas d'originalité, tant dans le fond que dans la forme et je me risque même à dire que son intelligence réactualise les débats.