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Ghost Whisperer
4.8
Ghost Whisperer

Série CBS (2005)

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La série fut diffusée il y a dix-huit ans sur TF1 (en 2007) et comme des tas de jeunes de l’époque (maintenant que j’ai soufflé ma trente-troisième bougie, on ne me tiendra pas rigueur de me considérer comme une endive de fond de frigo périmée), je regardais assidûment Ghost Whisperer au retour du lycée.

Le générique était un brin envoûtant, l’histoire débutait alors que son personnage principal venait de se marier, ce que je jugeais plutôt original à l’époque : la série ne porterait donc pas sur les atermoiements niaiseux en 24 épisodes de 20 saisons de deux imbéciles qui ne savent pas se dire qu’ils s’aiment.

Aujourd’hui, il est admis que Melinda Gordon marqua une génération mais à mon avis, moins pour son talent à voir les revenants et les faire entrer « dans la lumière » que pour ses décolletés vertigineux, ses nuisettes affriolantes et son maquillage-brushing impeccable, même tirée du lit par d’horribles spectres à 4 heures du matin...

Si je me dois d’évoquer quelques défauts saillants, notons tout de suite que Ghost Whisperer avait un côté procedural agaçant avec une structure de récit très similaire à chaque nouvel épisode, découpée – à quelques exceptions près- en une dizaine d’étapes qui se retrouvent dans la grande majorité des séries du genre, doublé d’un goût prononcé pour le pathos, au point de probablement rendre la soupe imbuvable pour un grand nombre de spectateurs (petite dédicace à la moue indescriptible de ma mère chaque fois qu’elle passait devant moi en train de regarder ce feuilleton).

Répétitive donc mais néanmoins agréable, car oui, n’en déplaise aux intellos snobs de Télérama, la série nous plongeait dans un univers où il faisait étrangement bon se réfugier.

Je dis étrangement parce que l’on pourrait considérer qu’une série traitant principalement de la question de la mort et du deuil passe pour être plutôt glauque.

Et pourtant : Grandview était une charmante petite bourgade, avec sa vieille horloge, ses petites gens tranquilles, son monument (aux morts) au centre de la place. Son magasin d’antiquités malicieusement nommé «  Same As It Never Was » pouvait donner l’illusion au lycéen qui regardait la série que sa future vie professionnelle pourrait être aussi libre que celle de Melinda Gordon qui délaisse sa boutique chaque fois qu’un fantôme se pointe de l’autre côté de la rue.

Au-delà de Grandview et de sa belle maison, Melinda a épousé l’archétype du mari parfait, c’est à dire, un homme beau, intelligent, aimant, dévoué aux autres. Jim Clancy concentre des aspirations mélangeant ambition et simplicité, souhaitant à la fois devenir médecin et fonder une famille.

Comme je l’ai dit, la stabilité de ce couple de jeunes mariés dans la série est un élément que j’ai trouvé rafraîchissant : le bonheur conjugal est rarement représenté en fiction, puisque c’est souvent sur les amourettes et leurs rebondissements improbables que se fonde une grande majorité d’intrigues. Ghost Whisperer évacue tout de suite cette problématique pour insister sur la place des revenants dans la vie de Melinda et la difficulté de son don.


La série a bénéficié d’une certaine longévité (5 saisons) mais n’a pas supporté l’orientation tirée par les cheveux de l’histoire impliquant le départ de certains personnages comme le Professeur Payne interprété par Jay Mohr (doublé par l’inénarrable Michel Mella). Ce personnage essentiel à l’intrigue permettait de contrer efficacement le côté très (trop) larmoyant de la série par son humour caustique, parfois cruel et son regard cartésien sur le monde. Il faut dire que Melinda Gordon écoulait facilement l’équivalent d’une demi-boite de mouchoirs format familial par épisode tout en envoyant les esprits auprès de notre Créateur.

Le départ de ce protagoniste une fois acté, la série a perdu un regard critique nécessaire sur son aspect pathétique, ce qui a probablement contribué à sa fin. Dans l’ensemble, la série insiste lourdement sur l’acceptation de la mort, l’importance de la communication et du pardon mais échoue dans le même temps à laisser partir les personnages qu’elle a choisi de faire mourir (Jim Clancy, Andrea) ce qui m’avait un peu fait ricaner à l’époque.

Il n’en demeure pas moins que si vous aimez les spectres rancuniers ou simplement que vous avez un regain de nostalgie pour les vieilles séries feel good du début des année 2000, vous serez pile dans le cœur du navet (je veux dire, dans le cœur de cible). GW est un peu à la fiction ce que le cookie est au monde des douceurs: un plaisir simple, sucré, régressif mais toujours certain de trouver son public.


Les 10 étapes en question (pour les curieux):

1/ Melinda a des visions relativement inquiétantes : un spectre décharné pointe le bout de son nez (ou de son drap, comme vous voudrez).

2/ Le fantôme apparaît clairement à Melinda qui lui propose son aide.

3/ Melinda enquête sur l’histoire du fantôme (grâce notamment à un moteur de recherche fictif du nom de Penthius et un planning professionnel peu chargé).

4/ Colère et menaces du revenant sur six générations puis disparition évanescente (et temporaire) de celui-ci.

5/ Discussions avec les vivants qui ont un lien avec le petit fantôme coincé sur Terre.

6/ Melinda se fait jeter par les vivants qui réfutent l’existence du spectre. Et pourtant… « I am thy father's spirit doomed for a certain term to walk the night » comme disait le fantôme à Hamlet.

7/ Les vivants entêtés se font embêter par le fantôme : Melinda – qui n’est pas rancunière - se pointe pour les aider et ils sont bien soulagés.

8/ Les vivants et le mort font la paix et se disent tout ce qu’ils ont sur le cœur (Melinda a certainement des actions chez Kleenex).

9/ Le fantôme entre dans la paix et disparaît dans un halo de lumière doré tandis que tout le monde sanglote niaisement.

10/ Melinda retrouve son secouriste de mari en train de couper des carottes dans la cuisine pour préparer le dîner et ose lui dire quelque chose du style : « Alala quelle journée j’ai eu mon chéri !». Le culot de cette femme ne connaît pas de limite.


Proximah
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le 6 avr. 2025

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