Glamour, vanité et beauté, qu'il est beau, le monde de Gossip Girl. Si beau qu'il a fasciné les foules et qu'il m'intrigue encore aujourd'hui. J'ai tout vu et je ne sais pas vous dire pourquoi. Je n'ai pas ressenti un plaisir particulier à m'enfiler les saisons les unes après les autres. Je n'ai jamais éprouvé qu'un intérêt mineur pour les aventures de la haute bourgeoisie de l'Upper East Side et leurs histoires de cul-pardon-de-coeur. Sans culpabilité particulière, j'ai regrdé cette série qui continue de me hanter quand je me reflète sur l'historique de mon parcours de sériphile. Gossip Girl, l'interrogation. Ne serait-ce là que la preuve qu'une soif à assouvir, de la nécessité à finir ce qui avait été commencé ?
Comme toutes les séries adolescentes, Gossip Girl commençait innocemment. Dan, gentil garçon, tombe amoureux et par sa simplicité, cherche à ne pas se perdre dans le monde de riches auquel il aspire. Et puis insidieusement, la chose se retourne. Les personnages sont mauvais. Ils sont vains. Il sont égoïstes. Ils se complaisent dans leur malheur. Toute sympathie que j'ai pu ressentir à leur égard s'est vite retrouvée remplacée par une indifférence méchante. Oserai-je dire que je leur souhaitais souffrance ? Quelle personne suis-je donc devenue, à regarder Gossip Girl, que je n'aspirais qu'à les voir se torturer face à leurs fausses décisions cornéliennes ? Comment admettre que c'est la certaine satisfaction qui se dégageait de leurs échecs à la rédemption et au bonheur qui me motivait à continuer ? Et de me sentir salie, à chaque épisode, et dégoûtée, et pourtant, obligée à continuer, à savoir, à espérer qu'il pouvait s'agir de plus. Justification. Ou punition.
Gossip Girl, dont la seule la conclusion parvint à me satisfaire. Cette conclusion où, enfin, la série s'assume et abandonne la prétention de toute profondeur en s'affichant pour ce qu'elle est. Quelle satisfaction de savoir que cette antipathie, si inhabituelle de ma part, était méritée ! Et le dégoût que j'éprouvais envers moi-même, si déplacé.
Consommer Gossip Girl, c'était la face cachée de l'addiction, de la nécessité de regarder ce qu'aucune douche ne pouvait laver. Et ce sentiment, d’insatisfaction perpétuelle, de déni, qui m'a poussé vers chaque épisode dans l'espoir que le suivant rendrait les choses meilleures, assouvirait ma soif, restaurerait mon estime de moi-même, jusqu'à ce dernier épisode où enfin, la réalisation : cette haine que je ressens est bien placée, ce sadisme mérité, et cette fascination, le produit d'un talent scénaristique particulièrement bien mené.
Une expérience mes amis. Certainement pas une bonne expérience, mais définitivement une leçon nécessaire.
Et j'exagère à peine.