Amateur-a

Je crois qu'en termes de montagnes russes, le niveau général d'Hamatora a fait très, très, très fort cette saison.
J'ai rarement autant vu une série A LA FOIS foirer autant de trucs ET avoir de bonnes idées. Certes je ne suis pas non plus un ancien dans les animes, mais quand même.

Résumons donc. Hamatora, c'est ce mélange pas forcément très subtil entre Heroes et Get Backers, où une minorité de la population possède des pouvoirs, tous "éduqués" spécifiquement, et on en suit un groupe, dont le duo de détectives Hamatora. Au menu des pouvoirs : une force surhumaine, une vision dans le futur, une vitesse supersonique, ... Des pouvoirs, quoi. Du classique.
Au départ un anime sur des "enquêtes", et sur comment nos enquêteurs du dimanche utilisent leurs pouvoirs pour résoudre leurs histoires. Cette partie est assez banale, plutôt de présentation, avec un fond très classique mais parfois plutôt surprenant, plus "adulte" qu'attendu : des situations sociales "intéressantes" à évoquer, un aspect sociétal un peu moderne, ... Pourquoi pas.
Ce qui frappe surtout, c'est le graphisme : tous les Holders (ceux avec des pouvoirs) sont tous décrits par des habits ultra-colorés, notamment à base de dégradés flashy (et accessoirement, ils ont pour la plupart un nom complètement naze). Et à chaque utilisation de pouvoir, on bascule dans une palette de couleurs en mode "peinture à l'huile" (? un artiste pour me corriger sur ça ?), du genre : http://i.imgur.com/BzylPwx.jpg . Ça peut être intéressant (perso, j'adore l'idée), sauf que derrière le chara-design est vraiment banal, et le contraste entre les décors plutôt "photographiques" et la simplicité des persos fait plutôt tâche.

Mais maintenant on passe aux 3 gros problèmes, et notamment l'inconstance de ces facteurs (Spoilers en vue) : les persos, le scénario, et la REALISATIOOON.

Rares sont les persos intéressants dans Hamatora. Les secondaires sont purement inutiles et très classique, notre perso principal, Nice, le fameux "jeune branché avec une part de mystère qui bat tout le monde", est chiant et manque de consistance. Les autres ne rattrapent pas la donne. Mention spéciale à Hajime, cette fille qui ne fout absolument rien pendant 10 sur épisodes sur 12, et où même les attentes auxquelles on nous fait croire depuis le début de la série sont assez vaines. Globalement, les persos vous tapent sur le système en général (Birthday, Hajime, Honey), ou sont dans un mutisme profond qui les dessert (Ratio, Murasaki, le barman). Ce qui est plutôt dommage, quand on voit que les 2 seuls qui ont un vrai background (Art - évidemment caution "j'ai un pouvoir caché mais lol samarshpa", doublé par encore un excellent Hiroshi Kamiya - et Three) sont intéressants !

Le scénar arrive sur le tard, quand bien même la série veut nous faire croire autrement avec ses images subliminales et flashbacks dans la 2ème partie de la série. On a donc droit à un méchant, qui, à l'image de la série, est intéressant mais purement cliché. Je vous présente Moral, rival aux dents pointues (littéralement), avec sa voix de troll et ses "Splendiiiide" quand il se prend un coup, et ses plans complètement foireux. Pourtant, son background, son pouvoir et ses motivations ne sont clairement pas dénuées de sens...mais plutôt gâchées.
Le dénouement arrive rapidement, avec un fabuleux plot twist (c'est ironique, mais pour être franc il reste assez inattendu) qui justifie une 2ème saison. Mouais.
Le comble ? La série insère parfois des éléments comiques, qui sont honteusement foireux. Exemples ? Un épisode de sources chaudes, avec le perso le plus drôle de la série, par le ridicule : http://i.imgur.com/8jZXM9D.gif
, ou encore un filler à la plage à moitié naze, après un très bon épisode de scénar. Ou encore, des one-liners quasi nanar dans des moments de tensions. On est pas loin de la limite du wtf. La saison 2 s'avère au final nécessaire tant les zones d'ombres sont présentes...
(Mon dieu, ce passage du mec torse-nu, je m'en suis pas remis...)

Et enfin, ce qui m'a fait tiquer, vous l'aurez compris, la réalisation. On sent que derrière, y a une team, motivée, qui à chaque plan, a du se dire : "IL FAUT QU'ON RENDE CA ORIGINAL ET INTERESSANT". J'ai déjà développé des aspects de ça, notamment dans le graphisme. Mais ils ont poussé ça à l'extrême, et n'ont pas hésité à oser tous les clichés possibles et imaginables.
Vous voyez le "style" SHAFT, souvent reproché à Monogatari ? Bah vous prenez une partie de ça, et vous molestez Hamatora avec. En gros. On se retrouve avec des plans cadrés très bizarrement, avec des éléments de décors incohérents changeant juste pour la symbolique, des bandes noires VOLONTAIREMENT placées en haut et en bas de votre écran (on les voit même se placer et s'enlever) à chaque moment de tension, placées comme un flag pour le spectateur inattentif. Le rythme est rendu anarchique, la tension tombe à plat... Le résultat est poussif, cliché parce que "anti-cliché" plutôt apparent, et même si quelques bons trucs ressortent (même le coup des images subliminales, il a parfois un intérêt !), notamment le combat final (probablement la meilleure scène de l'anime, avec l'épisode 3 dans sa globalité), c'est globalement le foutoir.

Et pourtant. Cet anime fourmille de bonnes idées. Le champ des pouvoirs, la motivation du scénar, la très bonne utilisation des réseaux sociaux et d'une certaine idée de la modernité de la société, ou même encore certaines idées de réal qui marchent (!), tout ça qui rend quand même cet anime assez supportable, et qui lui donne le peu d'originalité suffisant pour lui valoir la note de 6, selon moi.
Par ailleurs, la direction artistique est plutôt cohérente et sympathique, et l'OST (notamment pour les pouvoirs) colle plutôt bien. Petit bonus, l'ED est très sympathique (l'OP, malgré une bonne vidéo, est plat et oubliable).

En gros, Hamatora c'est tiré par les cheveux, mais pas stupide, et c'est à la fois plutôt mauvais et plutôt bon.
Et non, je ne suis pas normand.