Hell on Wheels
7
Hell on Wheels

Série AMC (2011)

Les révolutions techniques et industrielles ont un prix. Voilà la morale de cette nouvelle production d'AMC, nous plongeant dans le Nebraska des années 1860, à la sortie d'une guerre de Sécession sanglante et où un rescapé, qui a tout perdu, se retrouve au cœur de la colonie itinérante d'Hell On Wheels, en tant que contremaître d'un chemin de fer transcontinental.
Mais comme je viens de le dire, la révolution a un prix. Et les Cheyennes peuplant le territoire comptent bien lutter contre cette idéologie du progrès.

Un topo de base intéressant, surtout qu'une telle tranche de l'Histoire n'avait pas encore été traitée de manière frontale sur un format feuilleton. Bien entendu, ce topo général est parsemé de différentes histoires annexes, comme celle de Cullen Bohannon, un ancien soldat Sudiste et propriétaire d'esclaves, à qui on a pris sa femme et son garçon trop tôt, ce qui le pousse à alimenter un désir de vengeance extrême.

Je vais d'ailleurs commencer par ce personnage, à vrai dire, LE personnage central de la série. C’est en réalité le plus intéressant et le plus attachant. Bohannon est un tueur, un homme détruit, solitaire, buveur... Mais sous ce profil déplorable, se cache un homme sensible, attachant, bienveillant et qui a terriblement la classe (mais ça, c'est un détail) !
Un profil psychologique complexe et dense, merveilleusement bien retranscrit et interprété par l'excellent Anson Mount, le Daniel Day Lewis du Colt ! Il en impose, physiquement et expressivement parlant. Bref, son personnage est la pièce motrice de cette série.

Le reste du casting n'est pas en reste : le charismatique Colm Meany fait encore une fois des merveilles, dans le rôle d'un homme d'affaire fourbe mais sympathique. L'acteur et rappeur Common assure dans le rôle de l'esclave à la fois déterminé et naïf. Dominique McElligott est convaincante et belle à croquer dans sa robe de « princesse », même si elle est trois fois plus crédible dans son rôle de petite bourgeoise prétentieuse, que dans celui de la survivante meurtrie (cette actrice ne sait pleurer, visiblement). Enfin, l'imposant Christopher Heyerdalh campe le personnage le plus agaçant et le plus intriguant du récit : Thor Gundersen, alias « Le Suédois ». Un homme d'autorité sectaire, rigide, manipulateur et intentionné. Et que dire de son accent haché qui rend toutes ses scènes de dialogue stressantes ! Je crois je ne suis pas près d'oublier la scène exposant l'homme nu, allongé sur un parquet brillant et en train de frotter avec une éponge mouillée. Un plan bref, mais qui illustre toute la folie du personnage.

Pour le reste, « Hell On Wheels » a du bon et du moins bon.
Commençons par le positif : son récit et sa construction. Ça ne se prend pas la tête, mais c'est malin et efficace. Le spectateur n'est jamais perdu. Toutes les intrigues sont claires comme de l'eau de roche. Les scènes de dialogue sont bien écrites et nous permettent de plonger pleinement dans l'ambiance et l'univers de la série. Un détail qui va de pair avec l'ensemble de la distribution, impeccable. Tous les acteurs sont à fond dans leur rôle et l'on sent pleinement que ces derniers s'éclatent. Du coup, nous aussi.

C'est donc sur l'esthétique et surtout sur la mise en scène que cela flanche un peu...
Les images et les décors sont beaux, c'est indéniable. Mais on dirait que les créateurs de « Hell On Wheels » ont le cul entre deux chaises, se tâtant pour produire une série à la fois violente et « gentillette ».
De fait, certaines scènes sanglantes (gros plan sur un scalp, sur une plaie ouverte, ou encore visualisation d'un cerveau éclaté par une balle) sont presque anecdotiques, car mal construites. L'exemple « gore » le plus parlant, reste quand, [spoil] à la fin de la saison 1, le Révérant Cole s'empare d'un sabre pour couper la tête d'un soldat Nordiste. A ce moment là, le Révérant a pété un boulard, il a une tête de psychopathe fanatique, mais la mise en scène de cette décapitation express est des plus risibles, car mal menée. Dommage, car cela casse tout le rôle de composition de l'acteur [fin du spoil].
De même, les scènes de fusillades ne sont pas assez nerveuses. Le bruitage des armes est merdique, faisant passer la détonation d'une Winchester pour celle d'une carabine de fête foraine...
Bref, un univers aussi sombre et sale que celui que la série, mérite une mise en scène plus brutale et percutante, pour rajouter de la crédibilité à l'ambiance créée et au profil instable des protagonistes actifs. Or, « Hell On Wheels » est encore trop « bon enfant ». Je ne suis pas un adepte du style gore et sale, loin de là, mais un tel récit mérite une mise en scène plus spontanée.

Il y a toutefois des séquences intelligentes et stylées, comme l'attaque cheyenne filmée au ralenti. Très accrocheuse. La séquence finale de la saison 1, très belle. Ou encore la séquence musicale en milieu de saison, nous offrant un panorama des différents protagonistes de la série, chacun inséré dans leur propre univers. Très immersive.

Pourtant, la B.O n'est pas du luxe ! Trop instable elle aussi, jonglant entre morceaux d'époque et morceaux (ou remix) contemporains, trop contemporains même, ce qui bloque l'immersion.

« Hell On Wheels » est une bonne série, soyons clair. D'où ma note respectable. Car malgré quelques fausses notes, on s'accroche pleinement aux personnages créés et à leur histoire respective. La saison 2 arrive dans quelques jours. Cela sera peut être l'occasion pour moi d'augmenter la note d'un point, si les points mentionnés s'améliorent...
Théo-C
7
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Créée

le 3 août 2012

Modifiée

le 14 août 2012

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Théo-C

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