Pour l'amour du Go

L'animé est loin d'être exceptionnel et il est très imparfait, mais quelques éléments menés brillamment le font sortir du lot.

Je vais commencer par les défauts, je les trouve assez courants et pas très pertinents à analyser pendant plusieurs paragraphes.
Le rythme est assez inégal, parfois les scènes s'étalent un peu trop (les flashbacks surtout) et parfois on aurait gagné à ajouter quelques lignes de dialogues entre deux personnages ou plus (les groupes d'amis par exemple sont traités comme importants mais on ne voit que trop peu la force des liens qui les unissent). Aucun personnage féminin n'est approfondis ou important et c'est regrettable. Hikaru est trop souvent antipathique avec ses proches et ce n'est pas plus remis en question que ça.

Allez maintenant les bons points qui eux sont vraiment bons.
D'abord le Go. Les parties (des reprises de parties réelles) sont prenantes et jamais ennuyantes, mais le plus intéressant reste le monde du go. On découvre ainsi les insei, les tournois, les parties en ligne en pleine expansion, les clubs, les parties de rue, les cours...Tout ça rend l'animé très diversifié et on redevient curieux à chaque nouvel univers.

Ensuite, Sai. Parfois paternel, souvent amical, Sai est réussi surtout car il laisse jouer Hikaru, et pas seulement une fois sur 10. Mais il reste complètement et visiblement amoureux du jeu de go ce qui enrichit leur relation. Sai a aussi ses faiblesses et ses caprices, ce qui le rend humain et il tire partie de ce qu'il a vécu a son époque, il ne l'occulte jamais.

Enfin et surtout, la relation Akira/Hikaru. Elle est vraiment riche et évolue parfaitement.
Cette relation est souvent réduite à une simple rivalité mais cela va bien plus loin que ça.
Hikaru a besoin d'Akira comme d'un niveau à atteindre. Pour lui, dépasser Akira c'est se dépasser lui-même et c'est ce qui le motive à progresser car il incarne l'idéal qu'il recherche.
Akira quant à lui est fasciné par ce garçon de son âge qui ne sait d'abord même pas poser les pierres et qui s'améliore a une vitesse fulgurante. Fascination allant jusqu'à l'envie : Hikaru a beaucoup de faiblesses mais elles le poussent à progresser (car il veut rattraper Akira) tandis qu'Akira plus proche de la perfection n'a pas cette motivation, avant qu'il ne la trouve en se comparant à Hikaru pour évaluer sa propre évolution. Il retrouve ainsi l'amour du jeu que la professionnalisation du go et en particulier son caractère médiatique et politique tendait à corrompre.

Cette interdépendance, pour évoluer, nécessite bien sûr des confrontations directes mais elles se font étonnamment assez rares. C'est le meilleur aspect de la série pour moi, on joue de symboles pour les comparer sans les confrontés, et ce qui l'illustre le mieux est l'épisode de l'égalité :
Akira se retrouve dans une situation qui le pousse à perdre volontairement (ses adversaires étant haut placés et arrogants) 4 parties qui se dérouleront en même temps. Étant mal à l'aise avec l'idée de perdre volontairement, il résout ce dilemme en forçant l'égalité pour les 4 parties (ainsi ses adversaires ne perdent pas mais il réalise une véritable performance). Dans le même temps, Hikaru s'entraîne dans un club de go et tente de forcer lui aussi des égalités, ce qu'il parviendra à faire 3 parties sur 4, manquant l'égalité de 1 point pour la dernière.
Cette épisode est brillant, on montre avec un montage alterné qu'ils rivalisent même sans se voir, on montre symboliquement qu'Hikaru est à 1 point d'Akira, et surtout avec les contextes très différent, on montre qu'Hikaru qui progresse en s'amusant est plus enviable qu'Akira qui face à ses responsabilités doit utiliser ses capacités de façon politique et non pour l'amour du jeu.

Hikaru no go mérite d'être vu, pas parce qu'il est fondamentalement mieux que d'autres animés, mais parce que certains enjeux sont conduits à la perfection.