On sait bien que le fer de lance de Murphy est la lutte contre les inégalités, contre l'indifférence, le droit des femmes et le refus de l'homophobie, tout ceci dans une ambiance décomplexée de fantasmes sexuels divers et variés, mais bien souvent jubilatoires, naviguant dans les genres avec bonheur.
Le choix de ses acteurs étant en parallèle la cerise sur la gâteau. Il ne déroge pas à sa règle de mettre en avant des femmes matures et fières de l'être. On avait eu le plaisir de retrouver Susan Sarandon et Jessica Lange dans Feud, l'actrice, encore plus parfaite dans American Horror Story. Ici, deux rôles d'importance et parfaitement joués par Patti LuPone et Holland Taylor volent sans difficulté la vedette aux plus jeunes. Un hommage à la liberté et aux phrases assassines, qui fera penser, en passant, à l'excellente Frances Conroy. Si pour les plus jeunes -et à l'inverse l'overdose ressenti par les jeux de Sarah Paulson dans les séries précédentes de l'auteur - ce sera Samara Weaving qui prend sa place et est toujours excellente, alors que Laura Harrier, sera un cliché bien dommageable pour le symbole de la lutte. Pour nos jeunes premiers, prêts à tout pour changer la donne d'une société raciste et moralisatrice qui freine la créativité, ce seront David Corenswet et Jeremy Pope, à l'aise et bien chanceux - on sera quand même nostalgique d'Ivan Peters. On retrouve le parfait Darren Criss, de la seconde saison de American Crime, The Assassination of Gianni Versace, et l'impeccable Dylan McDermott, la classe faite homme avec ses joyeuses manipulations à l'égard des beaux gosses de service, toujours avec beaucoup d'amour et de soutien indéfectible.
Et cette fois-ci la surenchère ne prend pas. Dans le genre Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, Murphy plonge avec excès et sans gêne dans un portrait dont on a bien du mal au fil des épisodes à supporter la bienveillance, à la limite de la mièvrerie, quand ce ne sont pas les plus affreux qui retrouveront par la force de la solidarité ambiante, une conscience à bien faire. Le Hollywood de Murphy, c'est le monde de Oui-Oui sans conteste, avec -et on s'y attend sans surprise tout du long - un film scénarisé par un noir, avec une actrice noire qui remportera tout les oscars et permettra à tous de faire un beau pied de nez au Code Hayes. Eleanor Roosevelt quant à elle décide de revoir la politique qui échoue lamentablement à contrer les lois Jim Crow en motivant les troupes. C'est beau mais si c'était possible on le saurait.
Revisiter ce qui aurait pu être a un côté jouissif, entre histoires vraies et fiction rêvée, révisionniste et divertissante. Murphy nous a déjà fait part d'un certain nombre de délires, et de son regard cinglant. Mais l'exercice laisse bien souvent pantois malgré la dénonciation d'une Amérique Puritaine et hypocrite. On regrette alors que la prostitution, soit une si belle et si sympathique activité même si l'auteur nous rappelle à la réalité avec le film Disney La mélodie du Sud, pamphlet des plus racistes de l'époque, ou le harcèlement des acteurs et du studio par le KKK.
Si des personnages réels, Henri Wilson, Dick Samuels, sont les plus réussis, Anna May wong, - actrice délaissée -, Georges Cukor - et ses soirées décadentes -, Hattie Mc Daniel – pour l'oscar, dans un second rôle évidemment - et Vivien Leigh, en maniaco-dépressive, seront eux, pour le fun. Mais le pompon est attribué à Rock Hudson, brossé comme un idiot il faut bien le dire et qui n'attendra pas d'être atteint par le sida pour révéler son homosexualité en 1985, mais filera le parfait amour au vu et au su de tous, et pour le coup, oublié des studios pour l'aspect véridique.
La revisite tombe bien souvent à plat, alors que Murphy nous gratifie de quelques très bons moments, de grands élans et dialogues choisis, d'une mise en scène toujours élégante et de décors travaillés, mais on est bien loin du portrait dévastateur de l'époque auquel on s'attendait, de réflexions plus poussés sur la société ou même encore de la difficulté à gérer les budgets cinéma pour les studios de production, laissée en filigrane.
La possibilité de renverser les codes sociétaux, de ce qui aurait pu être avec un peu de volonté et de ce qui pourrait être aujourd'hui, prend ici l'allure d'un monde utopiste bien maladroit.