Jane Eyre par Gaby Aisthé
"Hum, c'est quoi l'intérêt de regarder 15 versions de la même histoire ?", me demanda-t-on lorsqu'après avoir sauté sur le DVD je déclarais "non, pas la version de 2006, je l'ai déjà vu..."
Pourquoi ?
Parce qu'aussi étrange que cela puisse paraître à tout mon entourage et à moi-même, je suis une grande fan du Jane Eyre de Charlotte Brontë. L'un des seuls livres que j'ai lu plusieurs fois et qui me ravisse autant.
Alors, en bonne fan du livre, je tente désespéremment de trouver THE adaptation qui colle à l'idée que j'ai de l'oeuvre de Brontë, à ses personnages, à ses lieux, à ses réflexions. Dur dur me direz vous ? Et bien je ne vous le fais pas dire ! Lorsque l'on a adoré une oeuvre littéraire, il n'est jamais évident d'étre complètement séduit par la version d'un autre. Mais que voulez vous, je suis tétue !
Alors, qu'en est il de cette mini série ?
Je dois admettre qu'elle a bien des défauts.
L'image tout d'abord, a très mal vieillie. Bien des scènes sont devenues floues et cela les rend presque fantomatique (dommage que ce ne soit pas celles à qui cela aurait pu profité, comme celle de la chambre rouge...).
Ensuite, les raccords entre les scènes. Est ce que cela vient des DVD ? Où bien les bandes initiales ont été bien malmenées... En tout cas certaines scènes commencent de manière bien trop abrupte (la première scène de l'épisode 4 notamment est une horreur de ce point de vu là...) où sont coupées brutalement en leur fin. Dommage dommage que ces détails techniques gâchent un peu le plaisir...
Enfin, nous avons les décors, qui sont loin d'être les meilleurs jamais vu dans une adaptation de l'oeuvre. Ca sent fort la BBC des années 60-70... Même si l'ont finit par s'y faire, c'est irritant, et cela ne colle pas vraiment avec ma vision imaginaire de fan maniaque !
Dernier bémole, les scènes d'enfance de Jane. Mazette, que le jeu d'acteur peine à nous faire rentrer dans l'histoire ! La pitchoune tenant le rôle a beau être mignone et se montrer bonne sur certaines scène, honnêtement, j'ai eut du mal à m'y faire. Et puis qu'ont ils fait de la mort de Helen Burns ?! Sacrilège ! Un moment si fort, si poignant... Quel dommage de ne pas l'avoir inclu. (Oui, je sais, je pinaille pour un passage somme toute assez court, mais je l'ai dis, je suis maniaque et j'y tenais ! Lol).
Ceci étant dit, je me suis quand même farçi les 5 épisodes sans interruption, et ce n'est pas sans raison (je suis butée et masochiste, mais j'ai mes limites ! Lol).
Avant de parler de tout autres points, cette adaptation a un avantage sur toutes les autres : sa fidélité à l'oeuvre originale.
D'accord, j'ai toujours lus Jane Eyre en VF (quelle honte, je sais !) et j'ai regardé la série en VOST, mais j'ai sentit résonner en moi l'échos de nombreux dialogues moultes fois vécus en lisant les mots de Brontë.
Ces petits dialogues que j'aimais tant, dont certains sont boudés par toutes les adaptations que j'ai vu à ce jour et qui, par leur insignifiance, n'en sont pas moins primordiaux pour sentir les liens entre les protagonistes sont enfin là. Alleluia ! Ce n'est pas parce que les choses sont dites et qu'on les devine (surtout quand on connais l'histoire), que l'on a pas besoin de creuser un peu et de voir quelques moments d'intimité et d'amour ! (Je pense notamment aux doutes de Jane, qui refuse catégoriquement que Rochester la flatte ou la couvre de dorure. C'est un trait important du personnage et ce passage me touche toujours).
En ce qui concerne l'histoire dans son ensemble, là aussi on colle au texte. Certes, le petit voyage à Gateshead est très racourcis et l'on ne voit pas les liens que recréer Jane avec ses cousines -ni ce qu'elles deviennent- mais c'est un moindre mal. Certaines adaptations ont opéré des coupures bien plus dramatiques dans le déroulement de l'histoire (générallement dans l'enfance, ou bien au moment où elle se découvre famille et fortune, quand ce n'est pas le final qui est saccagé), et ici nous avons globalement toutes les clés en main pour comprendre l'évolution de Jane, sa manière d'être et de penser.
Passons à présent, ce qui n'est pas sans importance, au casting.
Très honnêtement, j'étais emballée par la perspective de voir Timothy Dalton dans le rôle de Rochester, et bien moins entousiaste à la vu de cette nouvelle Jane.
Pour ce qui est de Dalton, je le mettrai dans mon top 3 des Rochester. Le regard, la carrure, le charisme, tout y est. De plus, même s'il n'est pas vilain et qu'il possède un certain charme (ce qu'a Rochester malgré tout dans le livre), il n'est pas beau à proprement parler.
Il campe un Rochester convaincant et fidèl à l'original, taquin et froid, pasionné et déterminé, torturé et plein d'espoir. Ses performances sur certaines scènes pourraient certes être meilleures, mais il s'en sort relativement bien dans l'ensemble et parvient à nous montrer les subtilités du personnage et ce que Madame Fairfax appelle sont côté 'singulieŕ.
Jane quant à elle, m'a agréablement surprise. Bien entendu, on pourrait s'agacer de son manque de vie, mais il ne faut pas oublier que Jane, si elle est une nature pasionnée, n'en a pas apprit pendant des années l'humilité et la discrétion. Elle ne parle pas lorsqu'elle n'a rien à dire et est une nature assez pensive, ce qui se remarque bien dans le film, par des silences prolongés et des regards bas. Ceux ci peuvent agacer mais n'en sont pas moins normaux au vu du personnage. Et puis lorsqu'elle s'emporte, que ce soit de joie ou de colère, elle est encore une fois très bien dans le rôle. Une étrange petite créature, mystérieuse, passionnée, discrète et pure. Je crois pouvoir dire qu'elle fera elle aussi partit de mon trio de tête des Jane.
Les personnages secondaires ne sont pas spéciallement remarquable, mais sont bien interprétés, notamment Madame Fairfax. Grace Pool à également un côté caricatural qui rend compte de son personnage d'alcoolique et de garde malade elle même un peu atteinte.
On déplorera un peu l'absence de la jeune miss Varens, qui n'a pas grande importance dans cette adaptation. Mettons cela sur le compte du timing ! Même en 5 épisodes de presque une heure, difficile de donner son imprtance à tous, et Adèle n'est pas si indispensable que cela... (Bon, d'accord, si elle n'était pas là, il n'y aurait pas besoin d'institutrice et donc pas d'histoire, mais je me comprend !).
Bref bref bref, je me rend compte soudainement que je m'emballe et que j'en écris des tonnes... Résumons donc.
Malgré quelques petits défauts visuels et techniques, cette adaptation du roman de Brontë reste très fidèle à l'oeuvre originale et les acteurs sont convaincants dans leurs rôles respectifs. La série prend son temps pour ne pas bâcler l'oeuvre en tronçonnant certains passages jugés inutils par d'autres mais forts importants au fond.
Je mettrais donc un 3/5 pour le côté technique/objectif, et un 3,5/5 pour les aspects plus subecrifs, ce qui nous donne un 7/10 (oui, je sais, j'ai arrondis, mais je m'en fiche, c'est moi le chef !) bien mérité.
