Comme la série pour le Fils de Sam (David Berkovitz) sur le même mode, cette série en 3 épisodes d’une heure chacun s’attaque à une des affaires criminelles les plus monstrueuses que les États-Unis aient connue : celle de Jeffrey Dahmer qui va tuer à Milwaukee de jeunes homosexuels, toujours en marge de la société, de 1978 à 1991. 11 crânes humains ont été retrouvés chez lui ainsi que de grands barils dans lesquels il faisait se dissoudre les squelettes grâce à de l’acide chloridrique, jeté ensuite dans les toilettes…Arrêté en 1991, il n’a jamais cherché à nier, au contraire, il a donné aux enquêteurs tous les noms de victimes dont il se souvenait ainsi que les lieux où il les avait rencontrés. Le problème est la façon dont tout ça est réalisé, à partir des dizaines d’heures d’enregistrement audio que Dahmer a accordé à sa jeune avocate (comme Berkovitz à un journaliste). Bien sûr, on a les témoignages actuels de son avocate, des journalistes locaux, des policiers qui ont travaillé sur l’affaire et qui en sont tous ressortis marqués à vie, mais la parole principale est bien celle de Dahmer dans ces bandes audio et c’est là où je suis bien plus critique : le criminel balance tout à son avocate jusque dans les détails les plus sordides avec froideur et minutie, lançant juste de temps en temps « C’est bien terrible ce que j’ai fait… », la jeune avocate finissant bien sûr parfois par craquer, comme quand elle est entrée la 1ère fois dans l’appartement de Dahmer.

On le sait, ce genre de criminel, d'apparence insoupçonnable, sympa avec son voisin qu'il dépanne en cas de besoin, se cherche toujours des circonstances atténuantes (enfance très solitaire, homosexuel refoulé, alcoolique et ainsi de suite…) et par ces enregistrements, veut « laisser une trace indélébile » de ses crimes, comme une signature, avec toute la part de manipulation et de perversion qui va avec, c’est là où la série devient gênante : voulant rendre hommage aux victimes, c’est bien plus Dahmer qu’on « humanise » (comme Berkovitz et sa conversion chrétienne en prison…). Il raconte calmement et poliment qu’il voulait juste garder près de lui ses jeunes hommes et au départ envisageait de les trépaner pour en faire des « zombies ». Face aux échecs répétés de ces trépanations, il les tuait, voire en manger des organes. Ces tueurs sont des menteurs et manipulateurs hors-pair, on le voit quand une de ses victimes (14 ans) réussit à s’enfuir de son appartement et se retrouve dans la rue, recueilli par deux jeunes femmes afro-américaines. La police arrive, Dahmer aussi, expliquant que c’est son amant et qu’ils se sont disputés. La police décide malgré les forts soupçons des deux jeunes femmes, de le reconduire à l’appartement de Dahmer…Il meurt une heure plus tard.

La police a donc aussi une part de responsabilité dans les actes de Dahmer, les deux agents en question étant renvoyés de la police puis réintégrés après appel. D’autant plus qu’il avait déjà été arrêté en 1988 pour agression sexuelle sur un mineur de 13 ans ! Une simple vérification alors dans les fichiers aurait suffi à ce qu'il soit arrêté...Une police dont on nous explique à juste titre qu’elle était peu encline à enquêter sur des disparitions de jeunes hommes homosexuels vivant isolés de leur famille. Un journaliste dit sèchement que si ces victimes avaient été blanches et hétérosexuelles, Dahmer aurait été arrêté plus vite et c’est probable. Au final, un documentaire scénarisé (reconstitution des interrogatoires…) et insistant sur l’horreur des crimes, qui fait la part trop belle au tueur. Ce dernier est condamné à la prison à perpétuité en 1992 et il y est tué par un autre prisonnier en 1994. Berkovitz, lui, toujours en vie, ne cesse d’afficher sa rédemption et ses regrets dans les médias et ce genre de série peut malheureusement l’y aider…Les victimes reconnues, elles ? Leurs noms s’affichent dans le générique de fin…Un peu court et trop complaisant pour moi.

JOE-ROBERTS
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le 14 sept. 2025

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