Etre efficace ou bien responsable

Thèmes : Série judiciaire / Cas de conscience / Délinquance juvénile
Bromance : 0 % / Romance : 0 % / Féminisme : 80% / Paternalisme : 0 % *

Il faut que je m'attaque à un avis parce que ça fait déjà quelques jours que je l'ai terminé et après, je risque d'oublier des éléments...

Juvenile justice nous entraîne dans la vie et les cas de conscience d'une juge pour enfants, amenée à traiter des cas complexes. Sim Eun-seok doit concilier son aversion pour les cas de délinquance juvénile avec ses convictions en matière de justice.

C'est un drama court (10 épisodes), aux épisodes percutants, mettant en scène des cas de délinquances juvéniles assez caractéristiques (meurtres, viols, violences...). La série parle sans tabou de cette violence contemporaine, dans une société ultra cadrée, où la jeunesse est complètement déconnectée de la réalité, perpétuant une agressivité souvent volontairement acquise, tout en semblant appeler à l'aide...

Sim Eun-seok est un personnage confronté à des adolescents qu'elle abhorre, suite, nous l'apprendrons au court de la série, à un drame personnel. Elle fait équipe avec un jeune juge qui est, lui l'ancienne petite frappe, pétri de bienveillance à l'égard de ceux qu'il espère ramener dans le droit chemin. Bien sûr, entre les deux, c'est l'incompréhension totale. Eun-seok va également s'opposer à ses supérieurs, le juge Kang (joué par l'excellentissime Lee Sung-min) puis au juge Na (la formidable Lee Jung-eun). Elle n'est pas empathique du tout, pourtant, on est rapidement, nous, en empathie avec elle malgré son côté détestable de prime abord, cela grâce à l'interprétation puissante de Kim Hye-soo.

C'est amusant car je viens de terminer Taxi driver et si les séries sont bien différentes en théorie (Taxi driver aborde la quête de vengeance d'un groupe de justiciers contre des criminels impunis et est avant tout une série d'action), les séries se rejoignent très bien sur leur thématique : le manque de moyens et de preuves de la justice pour punir les bourreaux et le fait que certains s'en sortent ainsi sans avoir été ni inquiétés ni sans avoir pris conscience de leurs actes et du mal fait. Si Sim Eun-seok fait son travail dans un bureau avec un stylo, alors que Kim Do-ki le fait dans son taxi avec ses poings, leur but est le même... Et les deux séries pointent les problèmes de la justice au pays du matin calme aujourd'hui, la place accordée aux victimes et leur image dans la société, avec un focus de la part de Juvenile justice sur le problème très spécifique de la jeunesse en Corée du sud...

Evidemment, la série aborde, parmi ses épisodes le problème du harcèlement et de la corruption scolaire, mais aussi, et c'est très intéressant, celui de la réinsertion. L'épisode sur le foyer qui accueille des jeunes filles en réadaptation est le plus intéressant (enfin, la première partie surtout, au sein du foyer).

Ce n'est pas une série qui laisse beaucoup d'espoir : les méchants ne sont pas forcément punis et les victimes ne sont pas toujours entendues/respectées. Elle est percutante et réaliste, sans concession et se regarde très vite. Elle rend aussi un hommage à toutes ces femmes et ces hommes qui œuvrent dans les tribunaux ou en périphérie pour gérer et venir en aide à ces jeunes, victimes ou bourreaux, aux prises avec le long sacerdoce de la résilience et/ou de la réinsertion. Ces juges, constamment sur le fil du rasoir, parfois écrasés par le poids du devoir, et qui oscillent entre efficacité et (lourde) responsabilité...

*Voir page d'accueil de ma liste pour plus d'explications : https://www.senscritique.com/liste/Kdramas_vus/2850094