Kaguya-sama: Love is War
7.5
Kaguya-sama: Love is War

Anime (mangas) Tokyo MX (2019)

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L'amour est une guerre, le premier qui tombe amoureux la perd !

Si tel est réellement le cas, alors cette série m'a battue à plate couture. Kaguya-Sama : Love is War ça m'est tombé dessus sans que je m'attende à ce qui allait m'arriver, je n'aurais pas cru tomber amoureux de cette série avant que l'un de mes amis (merci à lui) ne me force la main pour que je regarde le premier épisode (pauvre fou que je fus d'avoir repoussé autant son visionnage). Si je suis tombé sous le charme dès les premiers épisodes, l'amour fou, lui, est venu progressivement. Nous allons donc ici revenir sur les raisons de cette passion, bien que les voies du cœur soient bien souvent inexplicables.

Au départ, Kaguya-Sama : Love is War c'est un manga écrit et dessiné par Aka Akasaka, cependant ici, il ne sera pas question de l'œuvre original, mais de son adaptation anime réalisée au studio A-1 Pictures et plus précisément de ses 3 premières saisons ainsi que du film qui fait suite à la troisième saison (pour ceux n'ayant pas eu l'occasion de regarder le film la partie qui en parlera sera masquée). À l'heure où j'écris ces lignes, aucune annonce n'a été faite quant à l'adaptation de la suite, mais il est fort probable que cela finisse par venir. Néanmoins, le film constituant clairement une conclusion pour cette première partie ainsi qu'un nouveau point de départ pour la suite, il me semble pertinent d'aborder maintenant ce qui rend cette série si géniale, quitte à revenir la compléter plus tard lorsque l'adaptation sera complète. Étant donné que je suis la publication française du manga qui n'en est qu'au tome 13, j'aborderai cette première partie de l'anime dans cette critique sans rien connaître de la suite.

  • Une parodie de comédie romantique à la sauce shōnen, à moins que…

Note : bien que le shōnen ne soit pas un genre, mais une cible éditoriale, j'utilise ici le terme tel qu'il est employé régulièrement, à savoir pour désigner tout un cortège d'œuvre partageant des codes bien précis à savoir grosso modo un voyage initiatique riche en scènes d'action se voulant spectaculaire avec une dimension du dépassement de soi très présente .

La première saison de Kaguya-Sama : Love is War sortie en 2019 nous propose un postulat de départ assez simple : "L'amour est une guerre, le premier à déclarer sa flamme à l'autre est perdant" ; dans ce contexte-là, nous allons suivre la guerre romantico-psychologique de deux génies pour pousser l'autre à se déclarer. Ainsi Miyuki Shirogane, président du BDE de la prestigieuse académie de Shuchiin et Kaguya Shinomiya, la vice-présidente, vont mener une lutte sans répit, un combat psychologique, pour forcer l'autre à se déclarer, car leur fierté leur interdit de faire le premier pas.

À partir de ce postulat, la série va se décomposer en épisodes composés de 3 à 4 sketchs qui mettront en scène cette lutte acharnée (principalement dans la salle du BDE dans un premier temps). Et là réside la première force de cette série, c'est furieusement drôle ! Si la comédie est toujours quelque chose de délicat à expliquer tant la sensibilité à l'humour peut varier d'une personne à l'autre, il y a quand même quelques éléments qui peuvent donner des pistes sur les raisons du génie humoristique de cette œuvre.

La première, qui est la plus évidente, est le décalage entre une romance de lycéens et le ton induit par le concept de lutte romantico-psychologique. Dans les faits, on observe jute deux adolescents se tourner autour et pourtant le tout prend une dimension épique digne d'un bon gros shōnen de baston avec un faux air de combat stratégique à la Death Note ou Jojo's Bizarre Adventure. Forcément, voir ces deux lycéens se prendre autant au sérieux dans leur pseudo lutte psychologique, ça a de quoi créer l'hilarité. Et tout ceci est sublimé par le magnifique et incroyable...

NARRATEUR !!!!!!!!!!!!

Kaguya-Sama : Love is War nous propose ce que je considère être la meilleure utilisation de voix off que j'ai pu voir. C'est un procédé avec lequel j'ai un peu de mal d'habitude, car finalement souvent utilisé pour sur expliquer ce que la mise en scène exprime déjà, cependant ici, elle est maniée avec brio ! Le Narrateur s'intègre complètement dans cette démarche de création d'une dimension exagérément épique à l'intrigue commentant le plus passionnément possible ce qui s'apparente à la plus acharnée des luttes à la lumière de sa narration (et faisant passer comme une lettre à la poste la sur explication puisque tout ceci est démesurément exagérée dans un but comique). Le truc est à mi-chemin entre une finale de coupe du monde et un combat ultime dans un shōnen de baston (les techniques ultimes qui vont avec en lot bien sûr !). C'est bien simple, cette voix off me fait mourir de rire, c'est vraiment un coup de génie qui vient parfaire ce concept de lutte romantico-psychologique.

La deuxième raison expliquant l'efficacité de l'humour de cette série, c'est la construction de ses gags. Ce qui fonctionne dans Kaguya-Sama : Love is War c'est que les situations ne paraissent jamais forcées pour créer une blague. Et cela pour une simple raison : Akasaka, l'auteur du manga, imagine d'abord une situation initiale (invitation au cinéma, devoir rentrer sous la pluie en partageant un parapluie, etc.) et y fait réagir ses personnages ensuite. La chute du gag ne dicte pas le comportement des personnages, mais c'est bien eux qui dictent la chute. Ceci permet de conserver une consistance dans l'écriture des personnages, néanmoins si leurs actions sont toujours logiques, Akasaka parvient tout de même à rendre le déroulé de ses gags surprenant et drôle (que ce soit dans le déroulé ou dans la chute elle-même) et ce même quand il fait revenir des situations similaires régulièrement.

Bref, un humour qui ne parait pas forcé, toujours drôle et inventif et qui maitrise très bien ses runnings gags, voilà ce qu'est la comédie de Kaguya-Sama : Love is War... Mais tout ceci repose énormément sur les personnages et c'est là qu'est la troisième grande force, c'est que l'anime possède un très bon cast.

Les personnages principaux seront globalement les membres du BDE. Dans un premier temps, la série nous introduira les personnages de Kaguya Shinomiya, héritière d'une des familles les plus influentes du Japon et douée dans de nombreux domaines, elle peut se montrer très froide et manipulatrice pour arriver à ses fins, Miyuki Shirogan, venant d'une famille peu fortunée et ayant atteint sa place au prix de nombreux efforts, même s'il peut avoir l'air prétentieux, il reste au fond quelqu'un de très bon, et enfin Chika Fujiwara qui nous est présenté comme un agent du chaos, son apparence trompeuse lui donne un air de mascotte mignonne, mais c'est probablement la plus bizarre du lot. Par la suite viendrons les rejoindre Yu Ishigami un otaku nerd dépressif qui est clairement mal à l'aise socialement et en saison 2 Miko Iino une fille très à cheval sur le respect du règlement, mais aux penchants un peu bizarres et à l'imagination un peu trop débordante. Sans oublier la merveilleuse Ai Hayasaka la subordonnée de Kaguya, aux multiples facettes et qui joue un rôle de grande sœur pour cette dernière. Les interactions entre ces personnages et l'alchimie qui en découle crée un cocktail explosif qui provoque l'hilarité à tous les coups. Les personnages assez atypiques dans leur comportement pour une comédie romantique (en particulier les deux personnages principaux) vont alors interagir de manière tout aussi atypique dans une situation classique de rom-com, donnant au tout un air de détournement des clichés de la comédie romantique.

Mais alors que tout ceci n'a, au début, l'allure que d'une blague, certes très drôle, mais risquant de tourner en rond, on se surprend à s'attacher aux personnages et à être vraiment investi dans leur romance et leur parcours et finalement, de façon très inattendue étant donné les prémisses, la série finie par être très touchante et ce (là est sa grande force selon moi) sans jamais renier son humour qui constituait son premier atout !

  • Comédie et émottions entremêlées

Si chacune des petites histoires qui composent les épisodes semblent avoir comme but principal de simplement être drôle, elles servent en réalité aussi à caractériser et développer les personnages. Via ses sketchs, la série va nous dévoiler petit à petit des caractéristiques de chaques personnages, comment ils pensent, quelles sont leur faiblesse, leurs peurs, leurs aspirations, etc. Cela va donner du background émotionnel et du poids à chacun d'entre eux, permettant plus tard de créer des scènes réellement touchantes grâce à ce qui avait été mis en place par le biais de l'humour. On a donc ici la comédie qui se met au service de l'émotion, mais l'inverse est aussi vrai, le drama est au service de la comédie ! En effet, tout au long de la série, les personnages vont évoluer, résultant parfois dans des scènes très touchantes, poussant d'autant plus à s'investir dans leur parcours, mais cette évolution implique ainsi que les personnages vont changer petit à petit dans leur manière de se comporter, permettant alors de renouveler les gags et évitant alors de rester bloqué dans le schéma initial comme le concept aurait pu nous le faire craindre.

Si la saison 1 semble être juste une succession de gag, en y regardant de plus près, on se rend compte que la série distille déjà par ses blagues des points qui donnent plus de profondeurs aux personnages ou découlerons en des climax émotionnels forts. Par exemple, Kaguya qui nous est présentée comme un prodige, froide et calculatrice, se révèlera au fil du temps être surtout handicapée par son éducation bourgeoise. Ayant de fortes attentes sur ses épaules dû à l'importance de la famille Shinomiya, elle est en réalité très inexpérimentée et en retard par rapport à sa génération en de nombreux points et en particulier sur le plan relationnel. Finalement, derrière sa froideur apparente se cache une certaine candeur et sa manière d'aborder son amour pour Miyuki est finalement une réponse à un sentiment nouveau que son environnement n'avait pas préparé à affronter. De plus, celle-ci s'adouci au fils de la saison et fini même par montrer une facette plus noble et généreuse (à sa manière) comme lorsqu'elle aide Ishigami dans ses études (contre son gré et en le séquestrant, mais ça reste une aide). Miyuki lui aussi derrière son masque de sur-doué prétentieux est en réalité toujours prêt à apporter son aide et cesse ses machinations dès lors que cela va à l'encontre de son système de valeur. Il semble même avoir plus de succès lorsqu'il est motivé par sa générosité que par ses machinations égoïstes. De plus, contrairement à Kaguya, on constate qu'il n'est doué naturellement en rien et que toutes ses compétences viennent d'un travail acharné pour se hisser à un niveau digne de celui de Kaguya (amenant déjà à des pistes qui seront explorées plus en profondeurs dans la saison 3 et le film), ceci étant illustré par l'humour encore une fois avec l'épisode où Chika apprend à Miyuki à faire du Volley. Finalement, on se rend compte que les deux personnages principaux souffre d'un profond manque d'estime de soi, chose qui sera très importante pour la suite.

Le Narrateur dont j'ai parlé plutôt sert lui aussi une double fonction. C'est lui qui dicte clairement le ton de la série et il est loin d'être neutre dans sa narration. En plus d'être un outil comique, il est en réalité le reflet de la passion qui anime Kaguya et Miyuki. S'il donne à l'intrigue une dimension exagérément épique en donnant l'impression que les enjeux sont démentiels, c'est avant tout car c'est ce que ressentent les deux personnages principaux, pour eux les enjeux SONT démentiels ! Cela nous permet alors de suivre leur histoire depuis leur référentiel et de comprendre clairement la mesure de leur ressenti. Ce que nous présente cette voie off n'a de ce fait rien d'une réalité absolue qu'il faut prendre au pied de la lettre et cela vaut aussi, d'autant plus même, pour son exposition de la lutte romantico-psychologique entre deux génies en début de série car ce concept est voué à être remis en question tout au long de la série.

  • L'arc des vacances d'été : le début du grand changement

La fin de la saison 1 marque la première entrée de la série vers quelque chose de plus porté sur l'émotion que sur l'humour (à une minihistoire de ramen près qui est à mourir de rire en particulier parce que ça sort de nulle part). En effet, l'arc de l'été souligne à quel point le comportement des deux protagonistes les mène dans une impasse. Le gag de l'épisode 1 "Pendant ce laps de temps, rien ne s'est passé" revient ici pour souligner à quel point ils sont incapables d'accomplir quoi que ce soit dans leur relation en restant dans leur dynamique actuelle. Finalement, c'est ici la première forme de remise en cause du concept de la série.

Cet arc à une saveur plus mélancolique que le début de l'anime, on y voit chacun des protagonistes se languir de l'autre, cela crée une rupture assez violente avec les épisodes précédant puisque les personnages ne peuvent plus s'adonner à leurs affrontements habituels. On voit alors leurs sentiments sous un angle plus terre à terre, rendant plus compte de la profondeur de ceux-ci. Le ton va ensuite passer de mélancolique à tragique quand on va découvrir tout le mal-être que ressent Kaguya dû au traitement de sa famille qui l'a maintenue isolé, poussée à la solitude dans sa cage dorée. Et grâce à tout le background mis en place au fils de la saison, celle-ci peut se permettre un climax extrêmement fort en émotion, on passe du drame d'une Kaguya enfermée par sa famille à l'excitation de la voir se rebeller pour enfin vivre une vie d'adolescente normale à une joie profonde et une fascination face au geste d'amour fou passionné de Miyuki pour offrir à Kaguya ce qu'elle voulait. Leur lien et leur amour en ressort grandi, cependant…

Cependant, cette première saison, se termine par ce qui semble être une destruction totale de ce climax. Ce qui était émouvant quelque minutes plus tôt devient alors une blague du fait de la honte que Miyuki ressent par rapport à son comportement, la série reprend son ton très comique et les 2 personnages n'arrive même, plus à s'adresser la parole et lorsqu'ils y parviennent enfin, Miyuki, mort de honte, fui et tout parait reparti comme avant. Mais il n'en est rien, encore une fois la comédie est au service de la caractérisation des personnages, ici en l'occurrence on nous montre encore une fois le manque d'estime de soi de Miyuki ainsi que la timidité que lui et Kaguya ressentent face à leur amour qui a gagné en puissance. Si tout paraît repartir comme avant, ce n'est qu'illusoire, car les personnages vont désormais devoir gérer un sentiment de plus en plus dur à cacher.

  • La saison 2 de toutes les questions

Ainsi, la deuxième saison poursuit cette démarche de déconstruction du concept de lutte romantico-psychologique. Cette remise en question est annoncée dès le titre "Kaguya-Sama : Love is War ?" bien qu'il soit d'autant plus intéressant de se pencher sur le titre original. Au Japon, la première saison se nommait "Kaguya-sama wa kokurasetai: Tensai-tachi no renai zunōsen"que l'on peut traduire comme "Mlle Kaguya veut qu'il se déclare : La Guerre romantico-psychologique des génies", la deuxième, elle, se nomme "Kaguya-sama wa kokurasetai ? : ̴T̴e̴n̴s̴a̴i̴-̴t̴a̴c̴h̴i̴ ̴n̴o̴ ̴r̴e̴n̴a̴i̴ ̴z̴u̴n̴ō̴s̴e̴n̴ "que l'on peut traduire par "Mlle Kaguya veut qu'il se déclare ? : ̴L̴a̴ ̴G̴u̴e̴r̴r̴e̴ ̴r̴o̴m̴a̴n̴t̴i̴c̴o̴-̴p̴s̴y̴c̴h̴o̴l̴o̴g̴i̴q̴u̴e̴ ̴d̴e̴s̴ ̴g̴é̴n̴i̴e̴s̴ ". Si le titre international ne fait que questionner la nature guerrière de l'amour, le titre original, lui, remet en cause la volonté inébranlable de forcer l'autre à se déclarer et nous dit clairement que le concept de base de la série n'a plus lieu d'être ! Après tout, comme je l'ai dit, le narrateur est tout ce qu'il y a de plus partial et c'est lui qui nous avait présenté la série comme étant le récit d'une guerre romantico-psychologique, en réalité tout ceci n'est que la manière dont Miyuki et Kaguya voyaient leur relation et cette vision est en train de s'ébranler au cours de la saison. Tout ceci n'a rien d'une guerre, il s'agit juste d'une romance entre deux lycéens qui refusent de se l'admettre, des lycéens qui en réalité n'ont rien de génies en ce qui concerne les choses de l'amour.

Il est alors plus qu'amusant de voir nos deux pseudo génies s'embourber dans leurs stratagèmes qui sont de moins en mois efficaces du fait de sentiments qui prennent trop le dessus. Par exemple, c'est très drôle de voir Kaguya vouloir utiliser le cadeau qu'elle a fait à Miyuki pour le forcer à se déclarer, mais ne plus arriver à appliquer ses stratégies car trop déconcentrer par la joie de le voir utiliser son cadeau. On les voit aussi avoir une lutte interne concernant le comportement qu'ils devraient appliquer (mise en scène de manière très amusante lors du procès interne de Kaguya), ils commencent à douter, de l'amour de l'autre, d'eux-mêmes et globalement au cours de la saison, il s'agira de moins en moins d'une lutte que d'un amour grandissant dont le seul obstacle sera finalement leur timidité et leur manque de confiance en eux.

La remise en question du concept se fait aussi sur le plan narratif, l'intrigue est beaucoup moins enfermée dans le schéma de petits sketchs au BDE, l'écriture va s'ouvrir à l'environnement extérieur à celui-ci et une trame de fond va commencer à se faire plus clair avec notamment deux arcs importants cette saison. Le premier est celui de l'élection du président du BDE qui nous introduira le personnage de Miko Iino, son côté autoritaire apparait d'abord comme humoristique avant de révéler un aspect plus dramatique concernant le personnage. Cet arc sera aussi l'occasion de rendre Ishigami plus humain, Ishigami qui sera au centre du deuxième arc important, le tournoi des sports. Un arc qui sera particulièrement fort, nottament lors de sa conclusion à l'épisode 11 de la saison 2 qui est un des épisodes les plus intenses émotionnellement. Ces deux arcs ont en commun qu'ils traitent de la difficulté de vivre dans un environnement scolaire quand on est trop différent de la norme et illustre l'impact du harcèlement scolaire sur la psychologie d'un adolescent et sa confiance en lui.

  • Une série plus sérieuse qu'il n'y parait

Quand on se penche un peu sur la série, il apparait que celle-ci, derrière son aspect de comédie romantique à l'humour et aux émotions exacerbés, brasse beaucoup de thématiques et le fait de façon très juste. Commençons par les personnages de Miko Iino et Yu Ishigami, ils sont tous deux le parfait opposé l'un de l'autre, mais aussi tous deux en dehors de la norme et donc rejeté par leurs camarades. Miko subie un harcèlement direct, Ishigami quant à lui est dans un premier temps mis à l'écart avant d'être harcelé à cause d'une ordure plus populaire que lui qui lui a fait une réputation horrible quand Ishigami a voulu dénoncer ses atrocités. La série montre que cette situation a complètement brisé la confiance que ses deux personnages pouvaient avoir en eux et qu'il est très difficile de s'en remettre même longtemps après les faits. C'est la main tendue bienveillante du BDE et en particulier de Miyuki qui sera la première chose qui leur permettra de remonter la pente. L'arc du tournoi des sports illustrera le travail qu'Ishigami doit faire sur lui-même pour apprendre à se sociabiliser et à quel point malgré cela son traumatisme gardera une emprise violente sur lui, finalement, il s'en sortira grâce à la bienveillance de son entourage qui est primordial à un développement sain. Miko et Ishigami sont deux personnages hostiles l'un envers l'autre tant ils sont différents, mais qui s'aident secrètement comprenant que trop bien ce que peut traverser l'autre. C'est d'ailleurs sous l'impulsion d'Ishigami que Miyuki aide Miko à affronter la foule pendant l'élection.

Bien évidemment, étant donné le cadre de la série, elle aborde des sujets plus directement en lien avec l'amour. Par exemple, elle souligne en quoi l'évolution d'une relation amoureuse est handicapée par des normes sociales trop strictes et dépassées, c'est particulièrement visible avec Kaguya qui, de par son éducation très traditionnelle, s'empêche souvent d'être trop entreprenante du fait de sa conception de ce qui est correcte pour une dame et par peur de la désapprobation de son père. Mais même sans aller dans ce genre d'extrême, on peut voir que beaucoup d'acquis sociaux sont un frein au plein épanouissement amoureux comme cette gêne sur le sujet de "l'amour véritable" ou un manque de mixité de genre dans les groupes se formant à l'école constituant un mur pour l'interaction entre garçon et fille qui n'est finalement hérité que de conceptions sexistes qui ont la vie dure. On constate alors que, bien que discrète, la série a une certaine dimension sociale. Cet aspect reste en toile de fond, mais il est visible par un Miyuki qui, vivant dans un milieu pauvre, doit faire plus d'effort que la plupart de ses camarades pour se permettre de suivre des études prestigieuses. Cette dimension sera peut-être étoffée par la suite, notamment en approfondissant le lien avec Le conte de la princesse Kaguya déjà entamé par la saison 2 et l'ending de la saison 3 (suggérant que la famille de Kaguya joue le rôle du peuple de la lune forçant la princesse à quitter la Terre et ceux qu'elle aime dans le conte).

Néanmoins, mettre l'incapacité des deux personnages à avancer dans leur relation entièrement sur le dos d'une société dysfonctionnelle serait puéril et la série explore aussi ce blocage avec une dimension plus personnelle. C'est particulièrement le cas lors de la saison 3, Kaguya-Sama : Love is War -Ultra Romantic- qui, après la déconstruction du concept de guerre romantico psychologique, s'attarde sur cette peur viscérale de révéler ses sentiments. Notons d'ailleurs que si le titre "Love is War" est resté à l'international, au Japon le titre Kaguya-sama wa Kokurasetai -Ultra Romantic- (Mlle Kaguya veut qu'il se déclare -Ultra romantique-) implique clairement que cette guerre romantico psychologique des génies appartient au passé. Ici la saison 3 va aborder la difficulté, quand vient enfin le moment de se déclarer, de faire le premier pas, de mettre des mots sur la chose. Plus le moment approche et plus la tentation de fuir est grande face à cette idée terrifiante de mettre à nu ses sentiments et surtout face à la peur de pouvoir être rejeté. Un moment où l'on commence à faire trop attention à nos défauts et où l'on perd la confiance qu'on croyait s'être construit. J'ai trouvé le traitement de ce thème particulièrement fort par sa justesse et cela a clairement participé à me faire tomber plus profondément amoureux de cet anime.

  • Une adaptation ULTRA ROMANTIQUE !

S'il y a un point notable parmi les raisons qui m'ont fait tomber amoureux de cet anime et que l'on n'a pas encore abordé, c'est bien le travail exceptionnel qui a été fait pour adapter le manga en série anime ! Une adaptation anime réussi, c'est vraiment quelque chose qui procure une sensation grisante, malheureusement bien plus nombreuses sont les adaptations qui, bien trop prolifiques de nos jours, sont produites très pauvrement dû à une production chaotique se retrouvant bien souvent à être un bête copié collé du manga sans âme n'étant pas à la hauteur de ce dernier. Mais Kaguya-Sama : Love is War ne fait pas partie de ce genre d'adaptation, bien au contraire, elle trône parmi les meilleures !!!

Nous devons ceci dans un premier temps au très talentueux Mamoru Hatakeyama, réalisateur de la série. Il a selon moi parfaitement compris l'essence du manga de Aka Akasaka et même mieux, il l'a totalement sublimé ! Il a su s'entourer d'une très bonne équipe et lui aussi a fait un excellent travail puisqu'il est responsable d'une bonne partie des storyboards de la série. Et c'est là le premier grand point fort de la série, les storyboards sont excellents et surtout regorgent d'inventivité ! Ils parviennent parfaitement à exacerber la folie et l'absurdité de l'humour du manga qui en comparaison a une mise en page beaucoup plus sage (bien qu'efficace et jouant parfaitement avec les changements de style de dessin). Et plus on avance, plus les storyboards sont fous ! La saison 3 est en elle-même un diamant d'inventivité, transformant un chapitre assez quelconque du manga (le duel de rap) en un des meilleurs épisodes d'anime que j'ai vu ! La série se permet l'ajout d'énormément de gags visuels par rapport au manga la rendant d'autant plus drôle et en faisant à la fois une œuvre à part de celui-ci (qui a un réel intérêt à exister autre que d'en faire la publicité) et une parfaite retranscription de son essence. Notons aussi que ce talent indéniable de mise en scène s'adapte aussi très bien aux scènes plus sérieuses et dramatiques.

Je parlais de mise en scène excellente et bien entendue celle-ci ne se limite pas aux storyboards. On peut notamment souligner un très bon travaille de Masaharu Okazaki le directeur de la photographie, la série se voit vraiment parer d'un jeu de lumière vraiment très beau tout du long et qui s'adapte parfaitement à l'ambiance de chaque scène et pareillement pour les effets utilisés qui là encore ne manque pas de créativité. Il en va de même pour les choix de couleurs (on peut donc ici remercier Kanako Hokari, la color designer) qui là aussi se permet certaines folies. L'animation, elle aussi, n'est pas en reste et ne cesse de progresser au fil des saisons, et les charadesigns de Yūko Yahiro sont assez simples pour l'animation, mais retranscrivent très bien ceux du manga.

Autre point essentiel : l'excellente bande originale composée par Kei Haneoka. Elle est extrêmement variée et surtout adapte bien les différentes ambiances du manga, pouvant un coup être mélodramatique au possible, très enjoué, digne d'un shōnen de baston ou d'un Death Note, ou encore semblant sortir d'un film d'horreur. On ira jusqu'à composer des fausses chansons pop ou des faux génériques pour une simple scène. Certaines OST s'adaptent aussi parfaitement au ton plus sérieux de la série et d'autre (particulièrement en saison 3) sont composées spécialement dans ce but. On ressent aussi une très grosse influence des années 80 dans pas mal de composition. Et comme on parle de musique et de chose paraissant sortir des années 80, il faut toucher un petit mot sur l'incroyable Masayuki Suzuki, chanteur des 3 openings de la série ainsi que de celui du film… Bah du coup, il est exceptionnel et ses openings le sont aussi, voilà, c'est tout ce que j'ai à dire. Visuellement, ils sont très beaux et créatif (sauf celui du film qui est une compilation de moments de la série (EDIT : finalement, pour la version TV du film, ils ont fait un vrai opening et il est merveilleusement merveilleux !)) et il en va de même pour les non moins excellents endings (en particulier le premier).

Enfin, il serait criminel de ne pas aborder les excellents comédiens qui prêtent leurs voies aux personnages dans la version originale. Deux sortent du lot selon moi : Aoi Koga dans le rôle de Kaguya Shinomiya et Yutaka Aoyama dans le rôle du narrateur. La première est capable de jouer un spectre d'émotions et de voies vraiment phénoménal et d'une très grande richesse. Elle incarne à merveille les différentes facettes de Kaguya (et c'est très amusant et flagrant lors de la scène du procès interne de Kaguya dans la saison 2). Le deuxième donne une énergie incroyable au narrateur. Dans le manga, même s'il est amusant et que la mise en page reflète son exagération, ça n'est rien en comparaison de ce qu'il est devenu dans l'adaptation et il représente à lui seul une des raisons majeurs de ma préférence pour l'anime. De plus j'aime beaucoup le ton narquois qu'il rajoute qu'il était impossible de deviner en lisant le manga. Je me suis concentré sur ces deux-là, mais Makoto Furukawa (Miyuki Shirogane), Konomi Kohara (Chika Fujiwara), Ryouta Suzuki (Yu Ishigami), Miyu Tomita (Miko Iino), Yumiri Hanamori (Ai Hayasaka) et tous les autres sont aussi honorables dans leur prestation. Concernant le doublage français, pour être honnête, je n'ai vu que l'épisode 1 ainsi que quelques extraits, mais je dois avouer ne pas avoir été convaincu. Non pas que le doublage soit mauvais, mais je trouve qu'il est loin d'avoir l'énergie de la VO (en particulier le narrateur) et certains choix d'adaptations me semblent malheureux.

Le seul défaut que je pourrais trouver à cette adaptation, c'est que certains chapitres/moments du manga ne sont pas adaptés. Étant donné la qualité de ceux-ci ainsi que de l'adaptation, c'est vraiment regrettable de ne pas les voir animés (surtout que parfois, ils sont vraiment bons pour la caractérisation des personnages, comme celui au Miyuki dit à Chika qu'elle est la seule à qui il peut révéler ses lacunes, ça rend leur dynamique un peu plus touchante). Cependant, Yasuhiro Nakanishi (le scénariste en charge de la série) n'est pas à blâmer, au contraire, il a su très bien s'adapter à la contrainte du format de 12 épisodes de 25 minutes par saisons et j'aime particulièrement le découpage des saisons qui s'arrêtent à chaque fois à un endroit significatif et pas au milieu de nulle part (coucou SNK saison 4 partie 1 (n'allez pas non plus reprocher ça à Hiroshi Seko)) et le réarrangement de l'ordre des chapitres, c'était notamment une très bonne idée d'avoir mis le chapitre où Kaguya aide Ishigami pour ses examens dans la saison 1 alors qu'il se déroule après l'anniversaire de Miyuki dans le manga, cela permet dès la saison 1 d'étoffer un peu le personnage de Ishigami et son lien avec Kaguya qui, sans ça, serait resté au rang de simples gag pendant la première saison… Comme quoi, même en partant d'un défaut, je ne taris pas d'éloge sur la série, cela en dit long sur l'amour que je lui porte. Ceci dit, j'espère (sans vraiment y croire) qu'un jour ces chapitres serons adaptés en OAV. À ce propos, je vous recommande chaudement, si ce n'est pas fait, de regarder l'OAV (malheureusement disponible nulle part légalement en France) ainsi que la bande-annonce de la saison 3 qui est en réalité l'adaptation inédite d'un chapitre du manga.

  • La forme de ton cœur qui existe dans le mien

Avant de conclure, je voulais parler du film Kaguya-Sama : Love is War -The First Kiss that Never Ends, pouvant être considéré comme un épilogue à la première partie de la série et dont le visionnage au cinéma m'a donné envie d'écrire cette (trop longue) critique. Si vous n'avait pas pu le voir, vous pouvez sauter cette partie et aller directement à la conclusion.

Concernant le staff, c'est globalement la même équipe que sur l'anime, toujours dirigé par Mamoru Hatakeyama. On y retrouve donc les mêmes qualités que sur la série, à savoir un storyboard créatif, de très bonnes musiques, des comédiens excellents et un travail de la photographie magnifique. On peut noter une petite hausse au niveau de l'animation même si je n'ai rien constaté de significatif non plus. Le véritable avantage de ce passage au format cinéma était de vivre la séance avec le public, une comédie est d'autant plus savoureuse quand on rigole à l'unisson avec toute une salle qui était très réceptive à l'humour ravageur du film.

Mais vous vous en doutez, si j'ai voulu faire un petit aparté sur le film, c'est parce qu'encore une fois, à l'instar de la série, il touche fichtrement juste dans ce qu'il aborde. Le long métrage est une suite directe à la fin de la saison 3 qui voyait se finir en apothéose cette lutte bien trop longue entre nos deux protagonistes, Miyuki dévoilant ses sentiments de manière ULTRA ROMANTIQUE et Kaguya qui avait (ENFIN, APRÈS TROIS PUTAIN DE SAISONS !!!!) embrasé Miyuki. On pourrait alors se dire "à quoi bon continuer puisqu'on est arrivé à l'objectif de la série ?" mais ça serait se fourvoyer, car il reste encore tout à raconter ! Et à cela, je rajouterais que la saison 3 n'était pas l'apothéose qu'elle semblait être. Si la force de l'arc du festival d'Hoshin est de nous avoir tous foutu sur le cul avec un final absolument dantesque qui, avouons-le, nous a tous rendu extrêmement heureux, illustrant de ce fait parfaitement le sentiment d'euphorie des personnages, celle du film aura été de donner une dimension complètement nouvelle à cette fin.

En effet, après cet évènement, et contre toutes attentes, Kaguya se met à rejeter Miyuki et devient extrêmement froide à son égard. Cela peut paraitre décevant et avoir l'air d'un retour en arrière de la série, mais en réalité, on ramène ici quelque chose qui avait été préparé en toile de fond depuis le début et dont l'abcès avait besoin d'être crevé précisément à ce moment-là ! Si au début Kaguya parait réagir comme ça un peu par automatisme face à une situation encore inconnue, elle finit surtout par se rendre compte qu'elle souffre de devoir garder une image trop parfaite auprès de l'être aimé. Elle se déteste parce qu'elle a l'impression d'être une horrible personne et a donc adopté un comportement plus doux pour pouvoir se faire aimer. De même, Miyuki a une très basse estime de lui-même et se considère inférieur en tous points à Kaguya et veut faire tout pour sembler être son égale en ne laissant transparaitre aucun de ses défauts (on apprend d'ailleurs que ce manque de confiance en lui vient de l'abandon de sa mère). Les deux personnages ont alors porté un masque pour s'aimer et si les sentiments étaient sincères, on réalise que chacun n'a embrasé que le masque porté par l'autre et sous ce nouveau jour cette fin n'est clairement plus l'apothéose qui nous était vendue.

Le film va alors créer un conflit intéressant puisque Kaguya veut être aimé pour ce qu'elle est vraiment et ne plus cacher ses défauts, mais veut aussi aimer Miyuki pour tout ce qu'il est alors que lui pense que se révéler ne causerait que son abandon par Kaguya. En résulte une scène de dispute entre les deux criante de vérité, mise en scène très sobrement, sans narrateur ni musique extravagante qui découle, après que l'abcès fut enfin crevé, en un baisé simple, tout ce qu'il y a de plus classique, sans les apparats superflus qu'y avait apportés Miyuki à la fin du festival d'Hoshin et qui finalement partait cent fois plus satisfaisant encore. Voilà qui fait toute la force de ce film qui dans la parfaite continuation de la série a su déconstruire ses fondations pour reconstruire quelque chose de plus grand encore.

  • Conclusion : les raisons de l'amour

Alors voilà, Kaguya-Sama : Love is War c'est une série à mourir de rire, une série qui peut aussi se montrer très touchante et dont ses deux aspects s'autoalimentent, une série qui se renouvelle sans cesse, remettant constamment en question ses bases, une série d'une créativité folle pour laquelle le staff rend un boulot de dingue et une série brassant un large éventail de thématiques avec une très grande justesse. Oui Kaguya-Sama : Love is War c'est tout cela, mais c'est aussi bien plus que cela et quand bien même j'y mettrai le double de mots, il me serait impossible de rationaliser l'amour que je lui porte. Je l'aime pour ces raisons et pour bien plus que ça, pour l'alchimie entre tous ses éléments qui les transcendent et qui ne peut pas être expliquée, seulement ressentie.

L'amour ne peut pas être rationalisé, il se ressent et s'exprime, c'est tout et c'est bien suffisant.

LucasBorja
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le 15 sept. 2023

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Lucas Borja

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