Kumamiko: Girl Meets Bear
5.7
Kumamiko: Girl Meets Bear

Anime (mangas) AT-X (2016)

Machi est une collégienne habitant un petit village perdu dans les montagnes japonaises. Elle y tient le rôle de Miko, une prêtresse chargée d'accomplir des rituels en compagnie d'un ours, vénéré par les locaux. Cet ours -qui parle et se comporte comme un humain- est Natsu, le gardien de Machi et son meilleur ami depuis leur plus tendre enfance. Lassée de ses tâches et de son quotidien morne, l'adolescente aspire à une vie de citadine ordinaire. Pour ce faire, elle doit convaincre Natsu qu'elle est capable de se débrouiller seule, ce qui s'avère plus compliqué que prévu...


Kuma Miko se déroule dans un cadre dépaysant hélas assez pauvre visuellement. S'il est vrai que certains paysages ont des allures de tableaux, on regrettera leur cruel manque de profondeur. En revanche l'animation est correcte. Les personnages sont dessinés avec des contours clairs, presque blancs, qui confèrent un certain style à l'anime, une identité propre. Les couleurs vives et le chara-design achèvent de donner à Kuma Miko un air enfantin qui ne lui correspond qu'à moitié... J'y reviens plus tard.


L'anime se divise plus ou moins en deux : d'un côté les scènes du quotidien de Machi et Natsu, de l'autre celles où Machi intéragit difficilement avec le monde extérieur. Les premières sont les plus réussies. Elles dépeignent à merveille la relation fusionnelle entre Machi et Natsu, parfois au renfort de courts flashbacks qui en rappellent les origines. Les deux ont l'habitude de se chamailler à cause de la puérilité de Machi ou des exigences de Natsu, mais se réconcilient avec un gros câlin. C'est mignon tout plein. La naïveté de la collégienne ou ses tentatives maladroites de prouver à l'ours sa débrouillardise la rendent attachante, j'avoue cependant avoir une nette préférence pour le personnage de Natsu. Déjà c'est un adorable gros nounours, mais il est surtout touchant dans son rôle de papa poule, partagé entre le désir de voir Machi s'épanouir et celui, plus égoïste, de la garder éternellement auprès de lui. Il a beau être le plus mature du duo, Natsu dépend encore de Machi, d'autant que sa condition animale l'empêche de quitter le village. Au fond, Kuma Miko a pour thème le passage à la vie adulte, montré selon deux points de vue : celui du "parent" et celui de l'enfant. Intéressant, sauf que... Yoshio. Yo-putain de-shio.


Yoshio est le cousin de Machi, il a 25 ans et travaille pour l'office du village. Il est chargé de revitaliser ce dernier et n'hésite pas à profiter de Machi pour parvenir à ses fins. Avec l'aide d'un Natsu bien intentionné mais néanmoins manipulateur, Yoshio va pousser sa (très) timide cousine à affronter des situations auxquelles elle n'est pas préparée. Il lui fera notamment jouer les idols à plusieurs reprises afin de promouvoir le village. La pauvre Machi n'est qu'une victime dans l'histoire, elle finit chaque épisode en PLS après avoir été malmenée par la "délinquante" du coin ou avoir subi le harcèlement moral et sexuel de Yoshio. Car oui, ce mec est une ordure. On le voit notamment plaquer au sol Machi, effrayée et en sous-vêtements, car il tient à comprendre pourquoi Natsu a le droit de la voir se changer et pas lui... Charmant garçon. Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres de sexualisation de l'héroïne pourtant mineure et innocente. On a également droit à quelques passages suggérant ou "montrant" un rapport sexuel ours/femme, dont un assez explicite où Natsu lèche la poitrine de Machi. Que serait un slice of life sans pédophilie inter-espèces à connotation incestueuse ?


Cet humour lourdingue est symptomatique du ton bâtard dont souffre Kuma Miko. L'anime nous demande souvent de rire de Machi, plutôt qu'avec elle, alors qu'il la fait traverser des épreuves où son angoisse est crédible, palpable. Je suis d'avis que l'on peut rire de tout, à condition d'y mettre les formes. Là ce n'est pas le cas, il manque toujours une réaction décalée, une exagération, quelque chose pour souligner le caractère comique de la situation. La fin, quant à elle, ferme la porte à toute morale susceptible de sauver l'ensemble.


Traumatisée par tant d'épreuves douloureuses, Machi abandonne son rêve d'étudier en ville, Natsu s'en réjouit et on ignore si le village a effectivement bénéficié des actions de Yoshio. Yoshio qui, jusqu'au bout, aura fait passer le bien-être de son patelin avant celui de sa cousine, malgré ses cris de détresse. Et le message dans tout ça ? Euh, ne sortez pas de votre zone de confort, affronter vos peurs ne vous apportera rien de bon. Voilà qui est encourageant !


Bref, Kuma Miko est un anime capable du meilleur mais surtout du pire, avec une forte propension au malaise.

Créée

le 24 juil. 2016

Critique lue 1.2K fois

5 j'aime

Johnny-Jay

Écrit par

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5

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