Casa de latex. Une production fakings

Vraiment déçu. Une série très populaire mondialement, prétendue de qualité, en plus pour une fois ni anglaise ni américaine. Je me dis que ça va être bien, pour changer.

Le début laisse entendre un remake de "inside man" avec un cambriolage de gens masqués et en tenue de peintre, qui décident d'habiller les otages de la même manière afin de tromper la police. Qui ensuite s'enferment volontairement en faisant trainer le casse parce qu'ils ont un autre objectif. On décide de mettre en face un policier responsable qui a des problèmes avec la justice et qui donc est préoccupé par autre chose que l'affaire -dans inside man c'était plutôt que ça introduisait dans l'esprit du spectateur un doute sur le fait qu'il soit complice-. Bref, pas très original.

Mais très vite, les braqueurs décident, de façon peu crédible de montrer leur tête aux otages. En fait tout ça fait partie d'un plan complexe organisé par "le professeur" le chef de la bande, resté à l'extérieur. Du coup on change d'inspiration et on se dirige plutôt vers Prison Break, avec une sorte de génie qui a tout prévu à l'avance. Sauf que si dans Prison Break au bout de quelques saisons ça devient n'importe quoi, les deux premières saisons ne sont pas tirées par les cheveux. Ici dès le début ce n'est pas crédible, ça repose sur trop de chance. Tout repose sur le fait que le "professeur" se mette en couple avec l'inspectrice. Donc il faut que ce soit elle qui soit choisie pour l'enquête, qu'elle soit célibataire, qu'il lui plaise, qu'elle soit tellement désespérée pour qu'elle se mette en couple en deux jours -sans exagérer, deux jours ! - avec un mec croisé dans un bar pendant les pauses de son boulot... Et surtout le moins crédible est qu'elle est en pleine prise d'otages dont elle est responsable et qu'elle a le temps pour aller dans les bars, se faire inviter à diner le soir, faire des nuits blanches chez son nouvel amant, le diner de présentation à sa mère.... Tout ça dans les 80 premières heures du braquage.

Et donc assez rapidement ça diverge vers une série de coucheries et de dramas, un peu à l'image de séries comme Quantico, Grey anatomy, How to get away with murder, scandal...voire les telenovelas... où le thème central n'est plus traité que marginalement et où on se concentre sur les amourettes et renversement théatraux à coups de deus ex machina de moins en moins crédibles. Donc le professeur se met à la colle avec l'inspectrice, qui est convoitée par l'inspecteur adjoint : triangle amoureux à la twillight. Deuxième triangle amoureux avec le prof, l'inspectrice et l'ex mari de l'inspectrice qui l'a quitté pour sa soeur. Berlin se trouve une esclave sexuelle, Rio s'enfile Tokyo, Denver saute Monica qui est enceinte de Arturo dont une scène mémorable où Monica à poil se fait prendre sauvagement plus façon porno que façon sexe de cinéma traditionnel alors qu'elle a la cuisse ouverte d'une balle de pistolet reçue même pas 48heures plus tôt puis se fait surprendre par Arturo qui découvre qu'il fait partie d'un triangle amoureux. Autre triangle amoureux celui d'Alison Rio et Tokyo où Tokyo la vieille (LOL elle doit avoir 28ans l'actrice mais elle aurait 15ans de plus que l'autre) découvre que son jeunot est aussi intéressé par de la chaire de son âge. Evidemment le couple homo avec les deux hommes les plus virils. Et évidemment des scènes en sous vêtements dans les toilettes où les filles papotent, ou dans les chambres ou elles twerkent, et la fameuse arrestation de Tokyo où la caméra lui matte bien le cul vu qu'on l'a mise en petite culotte. Et une fois arrêtée Nairobi demande à Rio de la féconder, parce qu'elle curieusement à part quand elle est en sous vêtements ou qu'elle joue au docteur avec Tokyo -oui oui la scène existe vraiment-, elle n'entreprend personne donc il fallait la sexualiser aussi. Comme ça se passe en Espagne et pas aux USA, il y a juste la différence de plus de tabac, du vin rouge omniprésent y compris au lit, et des chansons à droite à gauche. Evidemment toutes les actrices citées sont très loin d'être moches. On a le sang chaud en Espagne. Y compris chez les hommes qui malgré le stress d'une captivité sont durs dix fois par jour.
Dans les trois premières journées de captivité (soit 15 épisodes), on a l'impression qu'il s'est passé trois mois de romance et de coucheries, tout va trop vite pour être crédible. La casa de latex plutôt que de papel oui.

Et comble du ridicule, on nous colle de la complainte féministe à la mode par dessus ça, la fliquette dans son monde d'hommes qui en bave (même si elle est la chef de son collègue apparemment plus vieux et plus compétent qu'elle vu qu'il démasque l'imposteur), la solidarité entre filles qui fait que l'on recouvre les cuisses de Tokyo pendant l'interrogatoire, Nairobi qui proclame la fin du patriarcat et le début de matriarcat.... Alors qu'on nous montre les femmes comme des objets et qu'on s'attarde bien sur le slip en dentelle de Monica qu'elle fourre dans le visage de Denver, les belles fesses de Tokyo pendant qu'elle se fait arrêter, ou Denver qui fourre sa langue dans son nombril, le soutient gorge de Nairobi, les tétons d'Alison, les beaux yeux d'Ariadna qui ne vit que pour servir d’assistante à Mussolini... LOL

Si la série était sérieuse, et pas cette telenovelas / un dos tres avec un emballage de braquage, le fond de ce qu'on y montre serait aussi sujet à critique. C'est à dire une fois qu'on a viré toutes les romances improbables, les deus ex machina et coup de chance de nulle part (en gros tout ce que fait le professeur à l'extérieur, tout repose sur de la chance. Il arrive à parler dans une radio de police pile au moment où le russe fait le portrait robot, qui par magie passait dans le local où il était. Il arrive pile poil à la casse au moment où il faut, pas trop tard, et a de la chance de pouvoir s'en tirer. Pareil à la pharmacie. Pareil dans sa villa où par chance il y est en même temps que les policiers à cause d'un prétexte bidon (elle ne se sent pas bien pour rouler mais personne de la police ne peut l'y emmener apparemment alors que 30 véhicules de police s'y rendent). Le coup de chance énorme de l’assistant qui garde bien pour lui où il a trouvé la cueillère avec les empreintes, alors qu'on le somme de le dire pour que l'échantillon ait une preuve légale.... doublé de la boîte vocale pleine, du fait qu'il ne connaisse pas les SMS, ni le numéro de dispatch de la police, de la mère qui perd la boule et oublie le message après l'avoir confié au truand, truand qui est appelé par chance... et finalement son accident et son coma qui arrange les braqueurs.)
Bref une fois qu'on a enlevé ces deux couches de n'importe quoi, il reste tout de même que :
-bien souvent personne ne surveille les otages alors qu'il y a une porte pour sortir facilement avec un bouton. Dans tous les bons films de prise d'otage, on contrôle les otages et on commence par bloquer la porte d'entrée
-c'est fait façon 24h chrono où la chronologie ne tient pas deux secondes avec des journées qui durent 3 jours, des voyages faits à 5000 km/h...
-2.4 milliards en billets de 50€, ça fait 2400 paquets de 1 millions d'euros soit 20 000 billets de 50€. Un billet de 50€ ça pèse 1g environ vu que ça a une surface 1/100 de m2 environ. Plus les sacs et la bandes. Donc les paquets de 1 millions qu'ils transportent aisément comme si c'était du polystyrène, pèsent en réalité plus de 20kg. Pareil pour les sacs de voyage du début du casse, c'est lourd. Qui a déjà déménagé des livres le sait, le papier (papel en espagnol, rien à voir avec la série donc) c'est lourd. Donc 2.4 milliards ça fait une cinquantaine de tonnes, ça ne tient pas dans une camionnette. Sachant qu'on les voit trimballer les billets d'un bout à l'autre de la banque au rythme d'un sac toutes les 30s environ dans le dernier épisode, ça fait 120 sacs à l'heure, donc il faut 20 heures de manutention. Vu qu'il y a de la distance et qu'ils ne sont plus très nombreux, tout le monde est mis à contribution pour la chaîne humaine, donc on ne peut pas faire 20 h non stop, il faut faire des pauses, donc ça prend bien 1 jour et demi voire deux. Soit la moitié du temps du casse. Bah oui IRL on prendrait des convoyeurs, des fenwicks ou des transpalettes pour le faire.
-Personne ne travaille pour faire les billets à part un vieux et Nairobi. Seul Moscou creuse le tunnel de sortie 90% du temps. Ils font quoi les autres ? Surtout qu'il indique qu'il faut une dizaine de jours pour le faire, vu qu'en fait il bosse seul, il lui faut encore plus, non ? Vu qu'en plus tout le monde doit être mis à contribution pour la chaîne des billets pendant deux jours, il doit faire encore plus vite tout seul, sans bien sûr compter qu'il fait une crise d'angoisse et va sur le toit, qu'il se prend une balle.. et meurt même pas 5jours après le début.
-Et finalement le truc le plus incohérent. Comment ils font pour imprimer tout ça ? Il y a tout le personnel qualifié qu'il faut par magie sur le site au moment du braquage ? Et ils travaillent en équipe en 3*8 et elle vient d'où la relève ? Et les machines elles doivent bien avoir une ligne d’alimentation dédiée, ça doit être facile d'en couper l’alimentation de l'extérieur, non ? Surtout que c'est ce que font les flics dans tous les films de braquage, on coupe le courant. Ensuite les consommables, ils ont les réserves d'encre et de papier pour imprimer comme ça 2.4 milliards ? L'essentiel des euros créés chaque année sont scripturaux, donc pas papiers, et ceux qui sont imprimés sont surtout ailleurs que dans cette imprimerie, vu que l'économie espagnole c'est peanuts dans l'économie européenne (le tiers de l'Allemagne, ou la moitié de l’Italie ou de la France). Et les employés ils sont sûrement capables de faire des erreurs repérables que seuls des pros de la monnaie pourraient déceler et qu'une gitane mère célibataire ayant abandonné son enfant et sans qualification décélérait ?

Bref, Casa de latex. Une production fakings. Réalisation Alex Pina (ça ne s'invente pas !)