Voir la série

Pas mal de personnes se demandent "mais pourquoi faut-il attendre 8h pour qu'on nous révèle CA?". Ca me paraît assez évident : Mike Flanagan nous raconte une histoire et une histoire ne se commence pas par sa fin, sinon quel intérêt. Ce que j'admire chez ce réalisateur c'est sa capacité non pas à raconter une histoire mais à la conter (être accompagné d'une troupe d'acteurs très douée aide aussi). Beaucoup ont essayé de conter des histoires sans jamais y parvenir. Pour moi, Mike Flanagan y parvient à chaque fois et il le fait toujours avec beaucoup de poésie et/ou de philosophie. Dans cette série on retrouve les magnifiques poèmes Annabel Lee, Le Corbeau, La Cité en la mer (et peut-être d'autres à côté desquels j'ai pu passer) qui sont récités avec émotion.

Certains se plaignent en disant que les thèmes sont redondants, qu'il n'y a pas assez d'horreur, que les personnages sont caricaturaux. Personnellement, je ne trouve pas. La thématique est bien différente de ce qu'il a fait précédemment. Ici, l'horreur ce n'est pas tant "cette femme" que l'Homme. Pas de monstres ou de fantômes, l'horrifique est d'origine humaine et la mystérieuse femme ne fait que délivrer une mort à la hauteur de leurs agissements. Encore une fois, j'ai particulièrement apprécié (outre les personnages principaux), le jeu d'acteur de T'Nia Miller (que j'avais déjà trouvé mémorable dans Bly Manor), de Henry Thomas et de Rahul Kohli. Je ne les ai pas trouvé caricaturaux, bien au contraire, ils étaient géniaux et montraient toute la folie que peut renfermer l'humanité. Pour autant la folie des enfants n'étaient qu'une conséquence des actions et de la vie menée par le père (et la soeur). Guère surprenant qu'ils aient été des âmes complexes, tordues et gangrénées par la richesse de l'empire du paternel. Etrangement, les mots conclusifs de Dupin, sur la richesse de l'homme, nous font bien cogiter sur cette notion.

C'était justement là l'objectif de ce réalisateur si talentueux qui va même jusqu'à briser le quatrième mur lorsque la "femme" se plaint que des millions sont dépensés dans des séries ou des films alors qu'une telle somme pourrait être employée pour améliorer le monde et qu'il en resterait encore après. Ce moment sonne un peu comme si Mike Flanagan remettait en question la pertinence de son travail et l'argent qui est dépensé pour.

C'est certain, une telle histoire donne moins de frissons que The Haunting of, elle reste moins ancrée dans notre mémoire et ne nous empêche pas de dormir. Pourtant, on parle bien d'horreur et celle-ci est bien réelle -le monde du lobby pharmaceutique gouverné par le profit l'est, bien malheureusement -mais puisque cette horreur est humaine, elle intéresse moins le public.

"Nous, on leur a dit qu'on voulait alléger les souffrances de ce monde.

C'est notre plus gros mensonge. On ne peut pas éliminer la souffrance.

Les antidouleurs, ça n'existe pas !

Imaginez si on écrivait ça sur une étiquette...

J'parie que j'arriverais encore à la vendre."

Siri-Lef
9
Écrit par

Créée

le 2 janv. 2024

Critique lue 11 fois

Siri Lef.

Écrit par

Critique lue 11 fois

D'autres avis sur La Chute de la maison Usher

La Chute de la maison Usher
Archimede1105
4

Trop de vent

C'est sympa à suivre, ça divertit. Même si le dénouement est finalement à la limite de l'indifférence totale...En fait premièrement j'ai un problème avec le fait que le scénario retienne...

le 16 oct. 2023

18 j'aime

5

La Chute de la maison Usher
EricDebarnot
7

Nevermore ?

Mike Flanagan est l’un des rares réalisateurs contemporains qui souffre du syndrome du « premier album », tellement courant dans l’univers du Rock : depuis le triomphe absolu qu’a représenté son The...

le 23 oct. 2023

15 j'aime

1

La Chute de la maison Usher
Bigby77
2

La chute de la maison Flanagan

Quelle tristesse, la chute amorcée par "Les sermons de minuit" ne fait que se confirmer.Flanagan traite encore et toujours son thème de prédilection : Le deuil, avec le parti pris d'intégrer...

le 12 oct. 2023

13 j'aime

6

Du même critique

Lookism
Siri-Lef
6

Ni déçu, ni emballé, une adaptation trop courte

Pour moi cette première saison s'apparente à un coup de pub pour le webtoon, un one shot qui n'aura pas de Saison 2 vu le peu d'effort qu'ils ont mis dans la longeur de la série et le cliffhanger...

le 22 avr. 2023

1 j'aime

2

Thérèse Raquin
Siri-Lef
5

Entre chef-d'œuvre cynique et désir d'étriper les personnages

J'adore Zola. Sincèrement. Mais là, ce livre-là, non. Je l'ai malgré tout lu entièrement espérant y trouver un quelconque espoir... Mais non, Zola l'a tué, ou plutôt, il n'a pas permis à l'espoir...

le 3 déc. 2022

L'Étranger
Siri-Lef
5

Une réévaluation sur le tard

Je suis en conflit avec cette œuvre. J'ai détesté ce livre mais je l'ai adoré. Détesté car clairement le personnage principal est détestable, ainsi que son récit. Adoré car, tout comme la fin délivre...

le 13 janv. 2023