Dessin animé qui a fait rire plusieurs générations de bambins, la panthère rose est devenue un personnage incontournable du burlesque surréaliste. Avec sa bonne humeur inébranlable, ses situations impossibles (souvent littéralement) et ses méchants qu’on prend en pitié, elle est inimitable.
Pourtant, au fil des épisodes, la panthère rose se révèle malhonnête, voleuse, tricheuse, voire carrément cruelle. La moralité qui émerge de ces dessins animés est une absence totale d’empathie pour autrui ainsi qu’un comportement joueur proche du sadisme. La panthère rose est, d’un point de vue psychologique (OK, de comptoir), une pure narcissique. Cet humour cruel choque au XXIème siècle (enfin, pour certains), mais est à replacer dans son époque où les gags brutaux étaient monnaie courante (et les Disney d’avant-guerre étaient pires encore…).
Ce qui, en revanche, est remarquable, c’est que la panthère rose a inspiré…. Gaston Lagaffe. En effet, plusieurs gags (par exemple peindre une pièce à l’arroseur tourniquet) sont directement copiés par Franquin sur le dessin animé (dixit les dates de parution). Le comportement des deux héros est très similaire, avec un optimisme et une adaptabilité à toute épreuve. Avec leur silhouette longiligne ainsi que leur démarche, la ressemblance est frappante. Il est remarquable de constater qu’un dessin animé pas encore devenu culte à l’époque avait déjà été flairé par le maître de la caricature. C’est un gage de qualité qui vaut toutes les distinctions.