Labyrinth
4.6
Labyrinth

Série Showcase (CA) (2012)

Si les berlines étaient l’unité de mesure de la connerie, Labyrinth attendrait bien 23-24 grosses berlines.

Adapté du roman éponyme de Kate Mosse, le téléfilm part avec un sérieux handicap : la vague thriller ésotérique qui a suivi la parution et l’adaptation de Da Vinci Code. Le terrain est instable et il n’en faut pas beaucoup pour s’enfoncer lamentablement dans la stupidité à la manière d’une grosse berline qui essaierait de franchir le passage du Gois 4 heures après la marée basse.

Confirmation dès l’ouverture avec une présentation écrite sentencieuse au possible. S’en suivent des aventures sur deux époques, le XIIIe siècle et les années 2000. L’idée n’est pas inintéressante en soi, mais les récits peinent à réellement s’articuler (ou du moins le faire sans que ça paraisse extrêmement artificiel ou facile) d’autant que le résultat est déséquilibré. En effet, la partie médiévale, sans être particulièrement passionnante, est plutôt soignée (Christopher Smith avait plutôt bien restitué le XIVe siècle, deux ans auparavant, dans Black Death), tandis que la partie contemporaine tient malheureusement plus du Meurtre à - insérer le nom du patelin vaguement touristique le plus proche -.

Les clichés, dans cette partie du récit, s’accumulent à la vitesse d’une grosse berline lancée sur la RN 145 un mardi midi : société secrète et personnages caricaturaux qui se donnent à qui mieux-mieux des airs énigmatiques, de l’avocat au pin’s en forme de croix qui lance des chaises de jardin quand il n’est pas content à la femme mi-fatale mi-raisin à la tête d’un empire financier ; des personnages qui agissent en dépit du bon sens pour ménager quelques retournements ; des archétypes de rituels ancestraux ; des morts étranges ; des sites touristiques ; un truc plus ou moins lié à la bible ; et des enjeux dont on se fout comme de sa première grosse berline... À l’image de la séquence qui conclut - presque - l’aventure d’Alice (Vanessa Kirby), où on la voit caresser l’air pénétré les pierres du château de Montségur pour souligner son lien émotionnel avec le passé toussa toussa, le métrage en entier est beaucoup trop premier degré et sentencieux pour son propre bien.

Tout ça pourrait être rigolo façon téléfilm de terroir con-con sauf que Christopher Smith est quand-même un bon réalisateur, et qu’on ne peut pas trop compter sur de grosses fautes. Tout au plus a-t-on droit à un côté magie du cinéma avec un festival de coups pouet pouet type figurant passé par le fil de l’épée filmé de profil, l’épée passant entre le torse et le bras (oui, oui), ou encore une scène d’immolation à la chaîne filmée, là encore, de profil, avec un brasier au premier plan et des figurants poussés les uns après les autres qu’on devine quand même placés quelques mètres derrière... Fred Olen Ray n’aurait pas fait mieux. Accessoirement quelques trucs bien crétins viennent pimenter l’ensemble : sang d’un meurtre pas si récent qu’on récupère bien liquide du bout du doigt ; le fait que de méchants hommes de main écoutent du Plastic Bertrand en boucle parce que ouais le film se passe en France... ce qui n’empêche pas, d’ailleurs, tout le monde, français compris, de parler anglais ou encore nobliau fanatique qui va faire des cathares « d’honnêtes chrétiens même [s’il] doi[t] tuer jusqu’au dernier d’entre eux pour y parvenir ». Mais bon voilà, c’est lisible comme les courbes d’une grosse berline, les décors naturels sont mis en valeur, l’ambiance médiévale est relativement bien restituée et Smith se paye quelques beaux plans.

Idem pour le casting qui, quoique bancal n’est pas complètement à la ramasse : Tom Felton, bon acteur au demeurant ici dans un rôle qui ne lui correspond pas du tout, John Hurt qui n’en fout pas une rame (ce qui est compréhensible au vu ce qu’on lui propose) mais qui reste écrasant de charisme, Tony Curran impeccable en beau salaud ou encore Vanessa Kirby qui ne s’en sort pas trop mal en ingénue prise dans une histoire qui la dépasse... Voilà on est à 10000 grosses berlines des Stéphane Bern, Stéphane Plaza, Michel Cymès, Annie Grégorio, Florence Pernel...

Au final, Labyrinth c’est loin d’être bon, c’est pas hyper mauvais... c’est juste sacrément chiant.

Jouez au bingo des clichés avec ce film (57 ingrédients)

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Personnage > Agissement

À voix haute | Lit ou fait la lecture - Bagarre | Brise nuque - Drame | Ferme les paupières d’un·e mort·e - Interprétation | Rit de manière forcée - Mort | Fait une promesse à un·e mourant·e - Mort | Meurt dans les bras d’un autre personnage - Se libère de ses liens | En toute discrétion - Vie de merde | Vomit

Personnage > Caractéristique

Blues | N’arrive pas à se remettre d’une rupture - Maladie | Entend des voix ou a des visions - Super pouvoir | A un œil de lynx - Super pouvoir | Ces gens sont beaucoup trop beaux ! - Super pouvoir | Il/elle sait tout faire

Personnage > Citation

Déclare | « Que Dieu vous/nous/te protège/garde/vienne en aide etc. » - Ordonne | « Tuez-le ! » / « Tuez-la ! » - Prévient | « Ne faites confiance à personne. »

Personnage > Héros ou héroïne

Au chevet d’un·e proche - Fibre héroïque | Discours qui redonne le courage dans un moment désespéré

Personnage > Méchant·e

Lady Macbeth ambitieuse et manipulatrice

Personnage secondaire

Comparse animalier - Sbire ou second couteau qui lance une attaque surprise... en hurlant

Réalisation

Bagarre | Effet de ralentis, de sacades, de sifflements au cours d’une bataille - Fin | Le film se termine sur un baiser - Fin | Mot d’esprit/répartie comique - Fin | Plan grue/hélico qui s’éloigne en montant - Grammaire | Ralentis injustifiés et insupportables - Gros plan | sur un œil qui s’ouvre - Habillage | Incrustation de texte sur l’écran : lieu, date, heure, etc. - Média | Point de situation par un reportage télé, radio ou presse écrite - Ouverture ou fin | Voix off d’introduction ou de conclusion - Ouverture | Présentation écrite de l’univers/situation/personnage - Technique | Faux raccord impardonnable - Technique | La caméra bouge pour simuler un tremblement de terre - Tension | Caché·e

Réalisation > Audio

Ambiance sonore | Concert de klaxon pendant un embouteillage - Bruit exagéré | Bruit métallique injustifié - Bruit exagéré | Coup de couteau - Bruit exagéré | Les épées/cannes/flèches/lances font woosh/cling - Effet | Cri de Wilhelm - Effet | Meurtre/suicide hors champ : plan large (zoom arrière/personnage qui s’éloigne en option) - coup de feu ou cri en fond sonore - Voix off | Récit (accompagné d’une reconstitution) d’un personnage

Réalisation > Surprise !

Fauché par un véhicule de manière inattendue

Scénario > Contexte spatio-temporel

Cimetière

Scénario > Dialogue

Gémissements, geignements ou cris répétés - Licence linguistique - Répliques à la con

Scénario > Élément

Problèmes familiaux | Rivalités au sein de la fraterie - Scène de douche - Un·e proche meurt sous ses yeux

Scénario > Ficelle scénaristique

Cauchemar | Se réveille en hurlant/en sueur/en sursaut - Secret révélé dans le dernier soupir d’un·e mourant·e

Scénario > Situation

Agissement | Conversation privée entendue à l’insu des personnes qui parlent - Situation | La prière, c’est sacré - Tension | Torture

Thème > N’importe quoi

Carton-pâte | Coup de poing pouet-pouet

Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes

Objectification sexuelle | Nichons, fesses - Objectification sexuelle | Tenues légères

---

Barème de notation :

  • 1. À gerber
  • 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
  • 3. On s'est fait grave chier
  • 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
  • 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
  • 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
  • 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
  • 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
  • 9. Gros gros plaisir de ciné
  • 10. Je ne m'en lasserais jamais
IncredulosVultus
4

Créée

le 16 juin 2023

Critique lue 53 fois

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