Impossible de passer à côté du phénomène Jonathan Cohen depuis quelques années. Roi de la promo, il revient en force pour présenter la nouvelle fournée de sa comédie parodique pour Canal+, rebaptisée Le Flambeau pour sa nouvelle saison. Et tout le gratin de l'humour français est encore convié pour cette aventure où seul semble manquer le rire. Car il a réussit l’exploit d’être plus marrant en quelques spots publicitaires parodiés qu’avec la série promue. Alors c'est parti pour une analyse du comique de cette série populaire française qui ne m'a pas fait rire pour un sous vous l’aurez compris, et je vous jure que je ne suis pas de mauvaise foi. La preuve juste ????

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D’abord, qu’est-ce que ça raconte ?

Le Flambeau est une parodie de Koh Lanta dans laquelle Jonathan Cohen reprend son rôle de Marc, le pilote célibataire qui avait tenté sa chance dans La Flamme, une parodie du Bachelor. Cette fois ci ce n’est pas l’amour mais bien la modique somme de 450€ qu’il va tenter de gagner, à moins que l'honneur ne revienne à un des autres participants.

Pour information dans cette critique LF représente aussi bien La Flamme que Le Flambeau.

Pourquoi Le Flambeau n’est pas drôle ?

Parler d'une déception avec Le Flambeau serait mentir tant La Flamme avait mis la barre très bas, ayant pris l'eau dès son deuxième épisode. Pourtant Le Flambeau réussit à faire pire en ne gardant de la série mère que les blagues les plus lourdes et les personnages les moins convaincants. Le constat est donc sans appel : LF, aussi bien vendu soit-elle par le génial Jonathan Cohen, n’est pas une comédie qui mérite le détour. Et c’est d’autant plus déroutant que les tentatives pour nous faire rire sont nombreuses, pour ne pas dire omniprésentes voire étouffantes. Alors jetez-y un coup d’œil pour rassasier votre fomo le temps d’un épisode mais nul doute qu’il ne fera que confirmer les vôtres et les critiques qui vont suivre. Ready ?


Le plus agaçant avec Le Flambeau c’est sa structure linéaire, un souci héréditaire de La Flamme qui souffrait du même symptôme : l’envie de reproduire toujours la même chose. Une fâcheuse tendance qui a pour défaut de mettre davantage en avant le personnage qui va se faire éliminer lors de l’épisode en question, tuant ainsi le peu de suspense qui émanait du scénario et dont le spectateur de télé-réalité aime se réjouir. Un comble. Mais il faut dire que la série n’aime pas les surprises et préfère s’enfoncer dans l’unique direction qu’elle a brièvement esquissé pour chacun de ses personnages ou pour elle-même. Ainsi la lesbienne de l’aventure sera un garçon manqué, et donc elle deviendra flic, et encore mieux une bonne flic bien raciste. Et si on lui faisait faire un délit de faciès dès le premier épisode, ce serait drôle non ? Bingo.

C’est dommage car quand en première saison la série ose aller à l’encontre de son propre cliché, elle nous offre un gentil petit rire, mignon car assez rare, sans pour autant nous amener à l’éclat. L'exemple sera facile à trouver puisqu'il n'y en a qu'un : quand Florence Foresti joue une aveugle imbattable au bowling et au billard, un sketch amusant et utile qui montrait que l'amour de Marc avait une limite, son amour propre ! De la bonne parodie, qui soulignait habilement la seule contradiction du personnage principal, très rare malheureusement. Ah j’avais déjà dit rare un peu plus haut ? pas grave c’est du comique de répétition.


Malheureusement, Le Flambeau n'a rien appris des écueils de La Flamme. Le premier épisode met en scène un homme-bulle, qui après deux trois jeux de mots qu'on feindra de ne pas entendre pour éviter toute gêne avec ses cospectateurs, perce sa combinaison protectrice à la première épreuve. Aïe. Pas besoin d'être Paul le Poulpe pour voir venir cette gamelle évidente, mais il faut peut-être être un enfant de quatre ans pour en rire. Les gags se répètent plus qu'ils ne se renouvellent et on se lasse devant un humour aussi redondant. Pour rire il aurait fallu nous surprendre, par exemple que quelqu'un d'autre que Chataléré montre son cul ou même qu'elle s'appelle Sainte-nitouché. Et non le retour de Soraya au cœur de singe… avec un cœur de gorille. Jesus Christ, comme si je n'avais pas déjà assez ri en première saison. Formidable. Alors pourquoi ça ne marche pas ? Le burlesque, les jeux de mots, les personnages caricaturaux, sont pourtant des ingrédients qui fonctionnent. Oui mais quand ils sont employés avec finesse et parcimonie, ou au moins un des deux. Ici on a ni l’un ni l’autre, tout tombe dans le prévisible or c'est le côté inattendu qui fait rire. LF franchit officiellement la limite de la lourdeur, autrement dit un aller-simple vers les yeux levés aux ciels. En trente minutes d’épisode je confesse avoir lâché trois ou quatre rares rires timides, et c'est peut-être ça la plus grosse surprise. (J’ai encore dit rare ? Oupsi)


Alors parlons-en du comique de répétition, un procédé dont je raffole mais qui dans la série m'exaspère. Savamment maitrisé il brille en revenant à la charge quand on ne s'y attend pas, dans un nouveau lieu, un nouveau contexte, via un autre personnage ; ou bien quand il file un dialogue décalé. Pas de chance, dans LF le comique de répétition se résume à faire dire au même personnage la même chose peu importe ce qu'il se passe et où il se trouve. “Comme par hasard”. Bon OK celui-là me fait sourire.


LF propose donc un humour invariable, "débile" au sens OSS 117 du terme. A l'opposé de tout ce qu'on peut apprendre en théâtre d'improvisation dont l'une des premières leçons est que parfois se réfréner d'une blague facile qui décrocherait un sourire permet d'arriver à un fou rire quelques minutes plus tard. Une sage leçon. S'en suivent des leçons d'écoute (j’ai encore dit leçon ?), l'envie de construire un dialogue, ensemble. En d’autres termes tout ce que la série fuit pour tomber dans un concours de punchlines, jaillissant de toute part mais ne se répondant jamais et prenant la forme d’un défilé de mèmes viraux qu’on retrouve déjà sur les réseaux -et qui gagne bizarrement à être sortis de son contexte. Présenté comme ça cela semble presque tolérable mais le rendu est si forcé qu'il en devient indigeste. Avec son trop plein de vannes, LF nous asphyxie et ne laisse aucun espace pour la mise en place d’une vraie intrigue. On fonce tête baissée en sacrifiant toute tension narrative. Résultat : toute péripétie nous passe au dessus, aussi lourde soit-elle.


Dans la suite de l'article sur ce lien je réponds aussi à la question suivante

Pourquoi Le Flambeau rate le coche d’une bonne parodie de télé-réalité ?

Et je crains que si on en arrive là c'est parce que derrière ce montage cocaïné qui veut nous faire croire -comme ces traces de trop- que tout est amusant, la série n'a rien à dire, elle n'a pas de message à véhiculer. Elle jacte pour s’écouter. (...)


Conclusion

Quel dommage de voir Jonathan Cohen, à l’instar du reste de la distribution cinq étoiles, prendre part à une série d’une lourdeur rare (j’ai déjà dit rare ?) où aucun dialogue ne dure suffisamment pour laisser son génie briller -pourtant il l’a écrite... Et s’il n’y a rien de surprenant à voir des personnages caricaturaux prendre place dans une parodie, leur vocabulaire limité à quelques expressions seulement et l’absence totale de développement au fur et à mesure des épisodes deviennent très vite agaçants. Un film aurait suffit à abréger mes souffrances. Et si c’est presque attristant de voir un si joli casting décevoir, n’oubliez pas que sans lui, on n’aurait jamais eu l’idée de regarder, et pire on n'aurait jamais douter de notre envie de critiquer. Mais ne nous mentons-pas, ni La Flamme ni Le Flambeau sont recommandables. Et heureusement il y a bien mieux à se mettre sous la dent

-- (cf les reco en bas de l'article sur ce lien)

-- lien vers ma watchlist myCanal, 10 séries de confiance à mater sur la plateforme

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le 26 mai 2022

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Amaury Boat

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