Au vu de la première saison (et sur la foi des deux premiers tomes de la trilogie seulement), on peut se demander si les producteurs de Game of Thrones et les camarades qu'ils ont entraînés derrière eux ne se sont pas lancés dans cette nouvelle adaptation à contrecœur.
Les séquences d'exposition du problème à trois corps (que l'on parle ici de théorie scientifique ou d'intrigue littéraire) paraissent terriblement expéditives en comparaison des chapitres correspondants. Quand Liu Cixin étale ses connaissances scientifiques sur de longues pages, parfois au détriment de l'authenticité des situations et des interactions de ses protagonistes, la série bâcle ses exposés avec une certaine nonchalance, sans se soucier plus que cela de leur intelligibilité pour les spectateurs qui découvriraient tout juste l'histoire. C'est frustrant, car il y avait sans doute matière à faire mieux. Les outils narratifs existent pour transcrire élégamment et efficacement des enjeux aussi vertigineux et passionnants que ceux qui se dévoilent dans Le Problème à trois corps : films et séries de science-fiction l'ont démontré à maintes reprises, mais là, nos scénaristes et dialoguistes semblent avoir été pris d'une bonne grosse flemme au moment de s'attaquer à ce défi.
Et si le but était de donner un peu plus de rythme et de chaleur à l'ensemble (ce qui n'aurait pas été malvenu au regard du matériau d'origine) ce n'est pas un franc succès, la faute à des détours par des clichés scénaristiques et apartés psychologiques d'un intérêt discutable dans ce format*. Pas besoin de pester contre la diversification du casting ou contre la délocalisation quasi-intégrale de l'intrigue pour dire que la gravité de cette dernière ne saute plus vraiment aux yeux, et que la caractérisation des différents personnages, trop nombreux trop tôt, est insuffisante pour susciter sympathie et intérêt pour leur sort. Quelques scènes font certes relever la tête par moments, mais c'est globalement trop décousu, convenu et timide, y compris dans la mise en scène et dans les effets spéciaux. Même le générique d'ouverture et le thème principal de la bande-son ressemblent vilainement à des recyclages pondus à la dernière minute ou faute d'inspiration. Bref, ce n'est pas très emballant, peut-être parce que les auteurs et leurs équipes n'étaient eux-mêmes pas assez emballés.
Tout n'est pas fichu, cependant. Certaines des graines plantées dans son dernier épisode paraissent fertiles, et cette saison 1 sera peut-être réhabilitée comme l'introduction pudique d'une série qui doit encore révéler son charme.
* À la décharge de cette série, il est vrai que, rétrospectivement, la plupart des séquences critiquées ici se révèlent être une transcription (peut-être trop) sage et fidèle d'éléments des trois romans.