Le Rakugo ou la vie
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Le Rakugo ou la vie

Anime (mangas) TBS (2016)

Il y a de ces œuvres qui fascinent de par leur ambiance, pour ensuite ne plus quitter vos pensées tant elles sont bien écrites, et ce, à tous les niveaux. Un chef d'oeuvre, en somme. Je m'avance peut-être en affirmant, à peine après avoir visionné le dernier épisode, que Le rakugo ou la vie fut de celles-ci. Mais qu'importe, j'ai vécu mon visionnage de cette façon là, et je ne pense pas oublier ce fabuleux récit de si tôt...


Attention, certains spoilers se cachent dans cet article !


C'est à travers l'art méconnu (dans nos contrées) du rakugo, que nous allons faire la connaissance de personnages complexes et ultra attachants. Mais ceux-ci et comment il vont évoluer grâce à cet art, j'en parlerais plus tard. Comme l'indique le titre VF très approprié, le vrai héros de cette série sera ni plus ni moins le rakugo, prenant le pas sur la vie des personnages, consumant leur âme, pour les rendre meilleurs... Ou les détruire. Si certains ont trouvé les représentations ennuyantes, pour ma part, il n'en fut rien, bien au contraire. Je me suis littéralement délectée de chaque scène de rakugo, observant de près les changements s'opérer sur notre duo de héros conteurs. On peut ainsi saluer une réalisation ingénieuse, tout particulièrement lors de ces scènes là, qui captive avec une force mystique impressionnante.


Si Le rakugo ou la vie m'a également passionnée, cela est surement dû à son ambiance unique, développée, en premier lieu, bien sûr, par l'art qu'il met en scène, mais également par l'époque où prend place la série. Une époque que j'affectionne tout particulièrement car elle met en scène des événements intéressants pour l'intrigue, comme la guerre et son incidence sur les divertissements de l'époque. Une période judicieusement choisie donc, qui marque un instant charnière pour les pratiquants de rakugo. C'est ainsi que vont se confronter Sukeroku et son maître, quant à la forme même, du rakugo, que l'un voudrait conserver en l'état, dans le plus pur esprit des traditions, tandis que l'autre évoque la nécessité de la faire évoluer aux nouvelles mœurs. La modernité qui prend le pas sur la tradition, en somme.


Ce qui m'a toutefois le plus pris au coeur, ce fut bien la relation unique, entre admiration, amitié sincère et jalousie, qu'entretiennent Kiku et Sukeroku. Un peu comme l'avait magnifiquement fait Kids on the Slope avec le jazz, c'est le rakugo qui, ici, va rapprocher ces deux êtres que tout sépare, pour ensuite les façonner. L'évolution de ce duo de héros est, à ce titre, tout bonnement incroyable. Le lien très fort qui les lie est en constante évolution, ce qui donne lieu à des scènes sublimes, comme déchirantes. Surtout, l'arrivée de Miyokichi dans la vie des deux hommes va finir par tout bouleverser, sans rien enlever, toutefois, à la beauté de leurs rapports. Le plus fascinant était cet étrange mélange de jalousie parfois extrême, puis d'affection presque fraternelle. Je pense qu'à ce stade, il est inutile de préciser à quel point la tragique séparation de ce binôme m'a retournée. D'autant plus quand nous avions eu droit, peu de temps plus tôt, à de très émouvantes retrouvailles. Toutefois, je me plait à penser que le lien substituera toujours, notamment par la présence de la fille du plus grand rival et meilleur ami du maître conteur Yakumo Yurakutei. Reste, dans tous les cas, que ce fut l'une des plus belle amitié masculine qu'il m'ait été donné de voir.


Sur le plan individuel, les deux héros sont très attachants en dépit de leur caractère très opposé. Nous avons d'un côté le très droit Kiku, respectant à la lettre l'enseignement de ses aînés et se consacrant corps et âme à cet art qui donne sens à sa vie. On finit tôt ou tard par s'attacher à ce héros pourtant si sérieux qu'il peut en être morne. A l'opposé, Shin prend la vie comme elle lui vient et semble s'adonner à la boisson plus qu'à sa profession. La force de ces deux protagonistes ne réside donc pas dans les qualités que l'on attends normalement chez un héros, mais bien dans tous ces défauts et vices qui les rendent très humains finalement. Peu de personnages secondaires viennent altérer cette relation, si ce n'est Miyokichi, une femme attachante, possédée par un désir d'amour presque effrayant. Bien que l'on puisse dire que son caractère ne va malheureusement pas en s'améliorant, elle apportait en même temps beaucoup à l'anime. J'y étais en tout cas plutôt attachée.


Je ne vais parler que brièvement des personnages manœuvrant le premier et dernier épisode, puisqu'on ne les voit finalement que trop peu pour s'en faire un avis concret. Je me réserve ce plaisir à la diffusion de la saison deux. En tout cas, le duo de nouveaux héros, incarné par le disciple de Kiku et la fille de Shin, promet d'être haut en couleur et attachant. Il me tarde de suivre leur chemin sur la voie difficile du rakugo.


Il est rare pour moi de l'évoquer, mais on peut saluer un excellent effort fourni au niveau du doublage, chose qui était, bien entendu, plus que nécessaire au vu du scénario. Les seiiyus jouaient remarquablement bien avec le ton de leur voix, particulièrement Yamadera Kouichi qui incarnait Sukeroku. Ecouter le personnage performer fut un véritable délice ! Les pistes instrumentales collaient également parfaitement au ton de l'anime et furent très agréables.


Sur le plan visuel, je donnerais encore une fois mes louanges au studio Deen. La réalisation est de qualité, le rendu final très joli, que ce soit en termes de couleurs, de décors et de chara-design. Certaines scènes, comme la rupture de Kiku et Miyokichi étaient splendides. Des spectateurs exigeants auront vu une baisse de qualité au fil de la diffusion, mais je n'ai personnellement rien noté de terrible.


Sur bien des plans, Le rakugo ou la vie se présente comme une pépite aux charmes infinis. Sur fond de rakugo, ce sont des personnages torturés mais animés par une passion dévorante qui ont s'emparer de votre coeur, le temps de 13 épisodes incroyablement réalisés. D'une richesse à couper le souffle !

Manga_Suki
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le 29 mai 2016

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Manga_Suki

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