Limit
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Limit

Drama TV Tokyo (2013)

Appréciant beaucoup les dramas japonais, j’ai voulu visionner Limit. Lorsque j’ai vu l’affiche de cette oeuvre alors que je n’en avais jamais entendu parler, il m’a tout de suite attirée et j’ai eu envie de voir ce que ça pouvait donner, bien que j’y aie mis du temps avant de mis mettre.
Avant tout, je tiens à dire que j’ai lu le manga d’origine, alors je me contenterai de faire des comparaisons entre celui-ci et l'adaptation dans les parties Spoilers. Car oui, Limit est au départ un manga de Keiko Suenobu, une mangaka de Shojo, connu pour d'autres œuvres célèbres comme Life (également adapté en drama). Cet auteur retranscrit dans ses ouvrages des problèmes d'abus concernant directement l’école, notamment l’ijime (« intimidation »). Alors étant donné que j’avais adoré Life, qui est même mon drama préféré, j’avais hâte de voir ce qu’aller donner Limit.


L’histoire est celle d’une classe qui part en voyage scolaire, mais le bus chute d’une falaise et tue la totalité des passagers à l’exception de 5 filles, qui devront survivre dans une immense forêt sans moyen de communication et avec des ressources très limitées en attendant l’arrivée des secours.


Dès le début, c’est construit sur une tragédie : un accident de bus dans lequel presque tous les occupants sont morts, des lycéennes sorties de leur vie quotidienne qui tente de survivre dans un endroit inconnu avec toutes les tensions liées à la situation après avoir vécu le traumatisme de l'accident (la vision de la mort de leurs camarades et de leurs professeurs), et si l'on ajoute tous les problèmes personnels des personnages (leurs frustrations, l'envie ou non de rentrer chez eux...) qui s'amplifient au fur et à mesure, cela donne une situation intense et forte. De plus, l’école ne découvre que tardivement la disparition du bus suite à un quiproquo. Le premier épisode met bien en place les enjeux, on rentre très vite dans le vif du sujet. Au niveau du scénario, le drama est construit intelligemment : Il y a deux situations principales en parallèle, une qui se centre sur les filles qui tentent de survivre, et une autre sur les personnages extérieurs tels que les parents, les professeurs qui essayent de gérer le problème. L'histoire tourne principalement autour des cinq filles. Mais en raison du fait que leurs relations en tant que camarades de classe étaient compliquées, les choses ne se passent pas vraiment bien. Et au fur et à mesure des épisodes, on découvre les origines (sous forme de flashback) de chacune et à comprendre pourquoi elles se comportent de la façon dont elles sont avant et après l’accident. Par la suite, le drama prend un chemin des plus intéressants et se penche progressivement vers un thriller de suspense.
Les épisodes se partagent entre des moments de survie dans la forêt, des flashbacks qui nous en apprennent plus sur la vie des personnages, et la situation à l’extérieur. Les différentes intrigues sont équilibrées et gérés à merveille ; l’histoire et le rythme sont bien maintenus, de façon à ce qu’on ne s’ennuie pas et arrive même à nous rendre nerveux. À chaque fin d’épisode, on a un besoin constant de savoir la suite.


Mais le drama n’est pas seulement bon au niveau de son scénario. Comme pour son histoire, chaque épisode est bien élaboré, notamment grâce à ses introductions. Nous avons en effet des belles ouvertures qui exposent un personnage sous forme immobile et qui expliquent ses opinions sur la vie, suivi d’un générique visuellement incroyable. Les introductions sont poétiques et donnent un éclairage sur ses personnages qui amènent à mieux comprendre leurs réactions et leurs comportements. De même pour la toute première scène du premier épisode, non seulement forte en symbolisme mais qui arrive à introduire le contexte de l’histoire de façon intelligente :


La classe au complet se tient debout dans la cour, chaque élève se trouvant devant son pupitre. Autour d’eux volent des bonbons, des bijoux, des téléphones ou des cartes, symbolisant leur chute dans le ravin, leur mort, et la fin de leur petit monde parfait.


Et on clôture chaque épisode avec un très bon générique de fin qui est également bien pensé :


La scène s’ouvre sur un plan de la classe et du nombre de bureau (avec la chaise) qui symbolise le nombre de survivant au fur et à mesure de l’histoire : si le bureau est droit et correctement placé, le personnage est vivant ; s’il est renversé, le personnage est en danger ; si le bureau a disparu, alors le personnage est mort).


Ce que j’ai particulièrement aimé, c’est que le drama ne se contente pas d’être une simple histoire de survie. L’un des personnages nous explique au début que la classe est une sorte de société en miniature, une représentation à petite échelle ; cela apporte beaucoup de pertinence à l'intrigue. Et après l’accident, cette représentation est « brisée » lorsque les règles disparaissent. Et quand cette configuration du monde parfait n’est plus là, seule la tension règne, et ça marche car le côté survival est très prononcé. D’ailleurs j’ai trouvé il y avait un petit côté Battle Royale pour le côté survie et danger de l’autre.


Pour ce qui d’un point de vue technique, Limit fait là aussi très fort, que ce soi au niveau de la mise en scène, de l’ambiance ou de la musique. Tous s’accordent parfaitement. Le drama est beau et la réalisation est très propre. Bien qu’on ne voie pas vraiment de paysage, les scènes se concentrent surtout dans l’intérieur de la forêt, ce qui est logique, car le drama souhaite faire ressentir une sensation d’étouffement. Concernant la fameuse scène de l’accident, les morts et les blessures sont montrées, mais c'est modéré et dosé tout en restant très réaliste. Dans l’ensemble le drama reste relativement soft avec quelques scènes de sang.
L’ambiance générale est menaçante, tendue et pesante, et le drama transmet un suspense insoutenable. Limit arrive à créer des attentes quant à savoir si les survivantes seront sauvées ou non, cela va provoquer l’anxiété, tantôt sur les personnages que sur nous-même. Et tout ceci est grandement aidé par la musique. Les chansons des génériques, à savoir « Savage Heaven » du groupe Bump.y et « Apollon » de v[NEU] s’accorde bien avec l’ambiance et le contexte de l’histoire. La bande-son est envoûtante et même parfois effrayante.


Concernant les acteurs, là encore, il n’y a rien à reprocher. L'objectif principal de l'histoire est de nous montrer les différences entre les 5 survivantes, chacune a une histoire à raconter ; et comme elles ont des caractères divers, cela apporte de multiples conflits. L’intrigue en devient plus passionnante, puisque nous arrivons progressivement à connaître chacune d’elles. Le drama est nuancé de considérations sociales et sentimentales qui rendent tous ses personnages attachants, complexes, intéressant à suivre au fil des épisodes. On voit ici que leurs forces sont contestées et leurs faiblesses sont exposées.
Les cinq actrices en question sont remarquables, il y a une vraie alchimie entre elles. Mais je dois bien avouer que deux d’entre elles sortent du lot. La première mention vient à Tsuchiya Tao dans le rôle de Kamiya Chieko. Elle retranscrit à merveille le caractère calme et intelligent du personnage. L’actrice a su montrer les sentiments intérieurs de son rôle. Mais on ne va pas se le cacher, la véritable surprise vient de Morishige Arisa campé par Yamashita Rio (vu dans The Quiz). Son rôle était le plus complexe car elle devait montrer une vraie palette d’émotions, comme la fureur, la peur, l’impuissance, la tristesse (…). L'actrice était taillée pour le rôle et vole littéralement la vedette. D’ailleurs, sa folie jouait beaucoup sur la tension du drama et nous donnait un côté chaotique de la situation. Le rôle principal est joué par Sakuraba Nanami ; après l’accident, son personnage décide de se reprendre rapidement en main et de se préoccuper des autres afin de les guider pour que tout aille mieux. Nanami est très convaincante dans son rôle. Pour les deux autres filles, Kudo Ayano et Masuda Yuka sont un peu plus en retrait, mais elles restent très correctes. Les enseignants, les parents et d'autres parents jouent aussi un rôle important dans l’intrigue, et plus particulièrement le jeune professeur qui était responsable de la classe. Son personnage joué par Kubota Masataka était touchant et intéressant à suivre.


Alors avec tous les points positifs que j’ai cités, pourquoi je ne mets pas 10 à ce drama ? C’est bien simple, la fin m’a…un peu déçu. Dans l’ensemble, le dernier épisode était bon, sauf les 10 dernières minutes ; j’ai trouvé la fin quelque peu expédier. Voilà les détails qui m’ont dérangé :



  • La survie d’Ichinose. Lorsque le drama révèle qu’elle est en vie, j’ai trouvé que sa « casser » un peu la dramaturgie des événements. Sa mort représentait justement la « perte » de Konno (avec Usui) et je trouve que justement, ça lui aurait permis d’avancer dans la vie et de ne plus faire les mêmes erreurs avec ses nouvelles amies, à savoir Moriko et Kamiya. De plus, ça rend la position d’Hinata moins grave. Cependant, après avoir lu le manga, je sais dorénavant que le personnage survit bel et bien. D'ailleurs, la réunion entre elle et Konno est très belle. Donc, la survie du personnage dans le drama est logique, donc au final, ce n'est pas vraiment un point négatif.


  • La relation Morishige/Ichinose. Les rapports entre ses deux personnages étaient très tendus, du coup on se demande comment elles ont fait pour finalement s’entendre et devenir amies. Dans le manga, dans le dernier tome, lors de leur réunion, elles s'excusent et se pardonnent mutuellement. Et on ressent qu'elles sont véritablement devenues amies à la fin, ce qui n'est pas vraiment le cas dans le drama.


  • La mort des autres élèves est complètement oubliée. On s’attarde évidemment sur les personnages principaux. Mais je pense qu’il aurait fallu les évoquer (avoir une vraie scène là-dessus) pour montrer à quel point ce qui s’est passé était grave et triste (surtout qu’on ne voie pas non plus la réaction de leurs parents). On aurait pu avoir un passage sur leur enterrement, ou que l’un des survivants en fasse un hommage. Dans le manga, c'est le cas. Konno les évoquent dans le dernier tome et pense à "visiter leurs tomes" avec le reste du groupe.
    Heureusement, le drama se finit sur un beau message.



Limit est un drama qui tient ses promesses ; il est superbement bien réalisé avec une histoire prenante et touchante, un suspense qui ne s’arrête jamais et des personnages bien traités et attachants. Techniquement et émotionnellement, c’est une réussite. C’est un drama qui fait réfléchir sur nos valeurs et qui, grâce à son efficacité, nous transmet avec beaucoup d’humanité une belle leçon de vie : après une expérience aussi traumatisante, la vie des personnages est complètement bouleversée ; et dans ses situations extrêmes aussi bien physiquement que mentalement, ils changeront à jamais, et ça le drama a su très bien le représenter. Un vrai coup de coeur. 9/10

SysyDegrendel
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le 9 août 2016

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Sysy Stram

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