Cette série fourre-tout est de celles dont on peut dire que chacun va y trouver ce qu'il veut y voir (un peu, toute proportion gardée, comme 2001, ODYSSEE DE L'ESPACE). Ces passagers perdus sur une île sont à la recherche d'une rédemption (Richard leur dit, mais ils ne veulent pas y croire, qu'ils sont en Enfer, et qu'ils essaient d'en sortir alors que c'est impossible).
Alors, oui, Jacob est peut-être un Dieu face à son frère le Diable, voulant prouver que l'Homme est bon au fond de lui. Son frère qui n'a pas de nom, et qui est le Mal incarné cherchant juste à fuir pour se répandre dans notre monde réel (sans analyser un seul instant qu'il y est déjà présent, au vu des backgrounds des personnages principaux) . Mais n'est-ce pas simplement que notre jugement est faussé: et si ce frère était le good guy bloqué dans cet Enfer par un frère trop sympa pour être honnête? Car il faut reconnaître que ce Jacob est un sacré manipulateur, entraînant souvent les protagonistes sur des voies de garage, voire mortifères. Ces derniers pensent avoir des choix à faire, mais ceux-ci sont souvent biaisés.
Analyser cette série est très (trop?) compliqué, car certaines affirmations vraies sur un épisode peuvent conduire à l'exact opposé quelques temps plus tard. L'aspect religieux (interconfession) et philosophique est omniprésent, et la fin ne peut que confirmer celui-ci. Le spectacle est total, quelque part entre SF poussée, fantastique sophistiqué, horreur pure, revenge movie, action débridée, sentimentalisme désuet, humour de sitcom, torture maso, et aventure survivaliste.
On finit par s'attacher à certains personnages, même si certaines trajectoires sont plutôt mieux dessinées que d'autres (les épisodes avec Desmond sont de loin les plus fort scénaristiquement, l'évolution de John Locke et celle de Sawyer sont plus intéressantes que celles de Jack ou de Kate).
Une grande série, dont je peux aisément comprendre qu'elle laisse du monde sur le bord de la route.