A l’annonce de ce projet il y a plus d’un an avec une affiche de l’acteur principal Omar Sy, je vous avoue avoir eu un peu peur. Mais Netflix et Gaumont ont su être malin, ce n’est pas Arsène Lupin que joue Omar Sy, mais un fan d’Arsène Lupin, et ça change tout. Ce n’est pas une adaptation, mais une histoire inspirée des aventures d’Arsène Lupin, avec un personnage totalement nouveau.
Mais que raconte cette série ? En 1995, le jeune Assane Diop est bouleversé par la mort de son père, accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. 25 ans plus tard, Assane participe au vol d’un collier ayant appartenu à Marie-Antoinette d’Autriche. Le bijou, aujourd’hui exposé au musée du Louvre, appartenait à la riche famille Pellegrini. Il veut se venger de cette famille ayant accusé à tort son père, en s’inspirant de son personnage fétiche : le « gentleman cambrioleur » Arsène Lupin. En parallèle de ses activités illégales, Assane tente également de s’occuper davantage de son fils Raoul, qui vit aujourd’hui avec son ex-petite amie Claire.
On ne peut pas dire que c’est une catastrophe, mais ce n’est pas bon. C’est vrai, on assiste ici à un divertissement en 5 épisodes de environ 45 minutes chacun, qui s’enchaine assez vite, avec un fil conducteur plutôt sombre puisqu’il s’agit d’une vengeance.
Visuellement, on remarquera que le montage est très sobre, calme, ce qui rend la série compréhensible. On comprend ce qu’il s’y passe notamment dans les scènes d’actions très lumineuses.
Le cadrage n’est pas particulier non plus. Pas de vitesse dans la caméra, seulement quelques traveling ou des contre plongée. Cependant, la mise en scène est plutôt bien soignée, la photographie peut être alléchante. Au moins, il arrive que parfois certains plans de Paris soient sublimés par la réalisation, et j’ai envie de dire que c’est une bonne chose pour le public étranger qui regarde la série.
Néanmoins, c’est sur l’écriture et la mise en scène que la série pèche un peu, même beaucoup. Comme d’habitude, Omar Sy nous fait du Omar Sy, c’est à dire bonne humeur communicative, détente, sourire mais tout ceci est très limité en terme de jeu d’acteur (récitations de textes, oublies de mettre des sentiments, le sourire toujours présent même en prison). Il peine quand il faut être plus sombre et sérieux. Et malheureusement, ce n’est pas le reste du casting qui risque de sauver ce Lupin.
On arrive à un niveau où le problème n’est pas vraiment les acteurs, mais l’écriture qui est parfois subtil mais souvent très caricaturale. Ce problème rend les répliques très théâtrale et ce n’est pas du tout naturel.
Pareil, la série cherche a dénoncer le racisme, pour changer. Malheureusement, là aussi c’est fait de manière infantile, gratuite et pas toujours utile à l’histoire. Les flics sont bornés et racistes (sauf un, le rebeu fan de Lupin). Les bourgeois sont méchants et racistes parce que forcément riches. Les séquences à la vente du collier ou sur le plateau de télévision « On pensait pas voir quelqu’un comme vous. Comment ça comme moi ? ». Eh oui, ces personnes sont surprises de voir « un jeune » ou « un vieux », c’est évident. Il est vrai que dans cette période propice à Black Lives Matter, il est bon de taper sur ces vilains blancs.
Autre catégorie cochée par le cahier des charges Netflix : le féminisme avec la réplique de Claire concernant les barbares et les chevaliers qui dans tous les cas lui « casse les couilles ». On repassera pour la politesse, quoique une femme se doit de montrer qu’elle est indépendante coute que coute.
Autre bizarrerie de l’écriture ; le chien au nom de « J’accuse » on en parle ? Tout ça parce que la journaliste a travaillé toute sa vie sur la corruption et la lutte contre les riches en bonne femme de gauche. Je trouve ça ridicule.
On peut reconnaître la bonne utilité des flashbacks pour connaître un peu le passé d’Assane, mais on ne nous dit pas comment Assane est devenu un « Arsène Lupin ». Comment il devient illusionniste. Comment il s’est entrainé a cela. C’est bien dommage parce que cela aurait été intéressant. Et pour chipoter encore un peu, je ne comprends pas comment des jeunes de 1995 peuvent parler comme en 2021.
De plus, notre méchant manque cruellement de nuance, parce que oui, on veut un bon méchant mais encore faut-il qu’il soit bon. Parce que ce Pellegrini cumule tout ce qui est détestable ; raciste, corrompu, malveillant, mafieux et j’en passe. J’attends qu’on nous explique un peu son parcours et surtout ses raisons ou ce qu’il a pu faire de bien. Un bon méchant doit être un méchant où le téléspectateur s’attache et comprend. Que le dilemme s’installe entre choisir le coté du gentil voleur ou du méchant riche.
C’est enfin pas sans une ribambelle de référence à Maurice Leblanc et son personnage qui sont rappelé à longueur d’épisode et de manière insistante, en passant par la date de naissance de Maurice (full 11 décembre), le policier fan de Lupin qui place ses histoires dans chacune de ses répliques, ou encore le prénom donné à son fils ; Raoul. Si on avait oublié qu’on était dans une série inspirée par Arsène Lupin, la série est bien là pour nous le rappeler. Indigeste.
En somme, dans ce lupin, on n’échappe pas au manichéisme de la série simpliste, pas forcement spectaculaire ni mémorable. Elle n’est pas catastrophique puisqu’elle nous offre parfois de jolie plans, notamment de Paris et de la campagne, en nous offrant un minimum de divertissement. L’écriture du scénario et sa mise en scène n’est pas non plus horrible, mais les défauts et incohérences sont malgré tout légion. Lupin, est sans doute une des séries française made in Netflix les moins catastrophique mais ne nous permet malheureusement pas de nous émerveiller a sa juste valeur.
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