Lupin III : L'Aventure italienne par Skidda

Ah, Lupin III, franchise immortelle aux mille et une vestes, monstre sacré du Japon que les nouveaux venus ne semblent pas vouloir approcher. Pourtant, nulle crainte à avoir quant à cette ancienneté ou ce chiffre romain multiplié, nul besoin d’être un connaisseur pour apprécier les aventures rocambolesques du gentleman-cambrioleur ! Cette nouvelle série s’avère en effet être une oeuvre idéale pour introduire à de nouvelles générations le charme et le style tout ancien du héros Lupin.

Je dois tout d’abord avouer n’être moi-même qu’un néophyte en ce qui concerne la saga, mon expérience se limitant au film de Miyazaki, le château de Cagliostro, et de quelques épisodes d’Edgar le cambrioleur, version française de l’ancien anime. Aussi, serais-je bien incapable d’appréhender l’oeuvre avec finesse ou bien de parler de sa place comparée aux précédentes moutures. Je tenais cependant à insister par quelques mots sur cette série dont l’aspect « vieillot » s’avère être paradoxalement un vent de fraîcheur dans le paysage moderne de l’animation.

Sans surprise, nous suivons ici Lupin sur 24 épisodes, à travers des intrigues variées, mouvementées et souvent légères. Comme toujours, nous retrouvons à ses côtés ses deux compagnons Jigen et Goemon, ainsi que Zenigata en tant qu’éternel antagoniste et Fujiko comme électron-libre sulfureux. Rien de compliqué non plus dans les prémices et un épisode suffira à comprendre le rôle de chacun tant leur nature extra-ordinaire ressort à l’écran. La trame est tout aussi abordable et fonctionne avec de petites histoires épisodiques variées ainsi qu’un fil-rouge important mais un peu survolé. Bref, la série est facile à appréhender, fidèle à ses origines et ne décevra pas les habitués.

L’anime est caractérisé par deux nouveautés : le mariage de Lupin avec Rebecca, une nouvelle venue dans le casting, et le fait que l’action se passe quasi exclusivement au sein de la République de Saint-Marin, un cadre italien qui va comme un gant à Lupin. Ce dernier point est particulièrement important, de par l’ambiance particulièrement réussie qu’il apporte, notamment au niveau des paysages qui ont un cachet certain, et de par le contenu puisque la série puise pas mal dans la culture du pays : dans son vin et son football, mais aussi dans la corruption et la drogue, etc. Ajoutés à des thèmes plus classiques, comme des histoires de fantômes ou autre aspect de film d’espionnage, nous nous retrouvons au final avec un contenu fort diversifié et même si certains épisodes sont oubliables, l’ensemble s’avère très fun et agréable à regarder.

Le résultat est efficace, voire surprenant vu la nature du show. En effet à la base de cette série et des favoris légendaire de Lupin se trouve une formule aussi éprouvée que convenue : chaque scénario est un défi que les protagonistes finissent toujours par gagner, souvent à l’issue d’une bataille de ruses où la victoire est décidée par une logique ou des moyens abracadabrants. Tout cela est digne des cartoons anciens à certains égards et l’approche pourra laisser perplexe une partie des spectateurs, ceux-ci préfèreront alors sans doute la tournure plus « mature » d’un Mine Fujiko to Iu Onna. Cependant l’intérêt ne se trouve pas tant dans le dénouement que dans la manière dont sont racontés les événements et si vous n’êtes pas complètement réfractaires au style, vous trouverez alors une ribambelle d’aventures solidement réalisées, imaginatives, et rythmées par des personnages hauts en couleur, ainsi que par ses musiques tout aussi colorées.

Les intrigues ne sont pas non plus sans intérêts et certains épisodes arrivent réellement à nous captiver, je pense notamment à l’ultime face à face entre Lupin et Zenigata (épisode 13). Nyx, agent secret britannique, est un autre ajout intéressant : menaçant et au rôle ambigu. Rebecca quant à elle, n’apporte pas tellement comparé à ce que l’épisode d’introduction pouvait laisser penser mais reste le personnage le plus développé dans cette série et s’inscrit au final comme une addition sympathique. Ce développement permet d’ajouter un poids bienvenu à la petite trame principale, autour du « rêve d’Italie » qui comme dit plus haut m’a semblé un peu survolé, même si bien amené, et d’une qualité égale aux histoires individuelles, bien qu'un peu plus créative, ce qui n’est pas exactement une mauvaise chose en soi mais demeure un léger point de déception en ce qui me concerne.

Il est en tout cas clair pour ma part qu’il y a beaucoup à aimer dans cette nouvelle série de Lupin III. Son dessin, sa narration et son style font de cet anime une production assez atypique qui ne convaincra pas seulement les nostalgiques mais aussi un nouveau public, à commencer par ma propre personne.