Mad Men, la série "romanesque"
Il y a une série que je trouve largement au-dessus du lot.
Elle est en cours de diffusion et l’année 2015 verra sa conclusion (plus redoutée qu’attendue par les fans) : il s’agit de Mad Men. Cette série créée par Matthew Weiner est, selon moi, le parfait exemple de la série totale. Elle repose sur les épaules dans showrunner chevronné (il a tout de même écrit 12 des meilleurs épisodes de l’autre grande série américaine : Les Soprano) et tout dans cette série est méticuleusement étudié, y compris le dress code des personnages, un peu comme Miami Vice en son temps.
Cette précision d’orfèvre en a rebuté plus d’un, passé la surprise de la première saison. Mais, voir les personnages principaux d’une série américaine contemporaine (je veux dire tournée actuellement car, je le rappelle, l’action se déroule entre le début et la fin des années 1960) passer leur temps à fumer, boire et à jurer comme des chartiers, y a pas à dire, personnellement cela me fait très plaisir.
MAD MEN, SUCCÈS ET RETOUR À « L’ANONYMAT »
L’effet de nouveauté a permis à Mad Men de faire la une de tous les médias grands publics. La série a été à la mode pendant un ou deux ans, ce qui est une bonne chose, mais, à mon sens, pour de mauvaises raisons. Car la série, bénéficiant certes d’une grosse promotion, a été mise sur le devant de la scène auprès d’un grand public qui s’est retrouvé décontenancé devant une série lente, très dialoguée et avec un personnage principal, l’immense Don Draper, à la personnalité opaque presque étrange ne parvenant pas à s’ouvrir aux autres (donc comment pourrait-il s’ouvrir au grand public ?).
Très logiquement, le grand public finit par se désintéresser de la série. Malgré tout, elle trouvera un noyau dur de fans, ce qui lui permettra de résister à la déprogrammation et sera plébiscitée par la critique au moins pendant ses trois premières saisons (elle reçoit, ce qui est une première, trois années de suite le Golden Globe de la meilleure série dramatique). L’ironie du sort voudra que les meilleures saisons de la série soient justement les saisons suivantes : les derniers mystères autour de la personnalité de Don disparaissent peu à peu jusqu’à une apogée aussi éblouissante qu’émouvante pour Don et sa famille à la fin de la saison six (la plus sombre et désespérée). La saison sept, diffusée en deux parties (la première a été diffusée l’année dernière, voir mon article ici), achèvera le cycle qui est celui d’un Mad Man qui a dû apprendre à devenir un homme et un père de famille.
Dans cette série poignante, les échos historiques ne sont que des marqueurs temporelles tandis que l’évolution des moeurs, elle, accompagne la lente mutation psychologique de notre « héros ».
Les DVD de cette série en tous points sublime (et oui, j’ai encore des DVD) se placent dans ma bibliothèque juste à côté de romans psychologiques tels que Pierre et Jean de Maupassant ou Le Joueur de Dostoïevski.