Je ne sais pas si c'est moi qui suis devenu un public facile ou si je ne tombe pas seulement sur de bonnes créations ces derniers temps, mais pendant que les séries américaines s'enlisent dans une médiocrité sans pareille au milieu de productions bâclées, lissant chaque élément créatif afin de plaire, ou du moins ne pas heurter un public effrayé par la contemplation, les productions originales, grisantes, pleines de vie éclosent comme de belles fleurs d'automne. Et c'est rarement outre-atlantique.
Je ne cacherai pas ma préférence pour les productions orientales et européennes, qui, souvent moins noyées sous les amas d'argent et l'intrusivité de leurs producteurs, laissent s'exprimer leur créativité plus librement. C'est bien chez les japonais que j'aurai trouvé mes pépites de l'année (exception faite pour Kubo).
Il ne sert à rien de résumer Made in Abyss : il n'est pas rare chez nos amis japonais de planter des personnages innocents dans un décor aussi magnifique qu'impitoyable. Il n'est pas rare non plus pour ceux qui fournissent à Disney ses inspirations et sa ligne directrice, de n'avoir aucune pitié pour leurs personnages (c'est probablement une des raisons pour lesquelles la consensualité hollywoodienne a tellement de mal à adapter ou reprendre des si nombreux chefs d'oeuvre).
La faiblesse des personnages face à la beauté cruelle de l'univers, la détermination avec laquelle ils lui font face les dilemmes, la force dont il est fait preuve dans la détresse, tout cela place cet animé dans les meilleurs que j'ai pu voir cette année.
Bien entendu cet animé n'est pas parfait, je vous laisserai en juger. Mais regardez-en deux épisode pour en juger : les quelques défauts sont éclipsés par la qualité du reste, voire la soutiennent.
Pour conclure, disons simplement qu'une oeuvre qui sait s'arrêter sur les personnages sans en faire des tonnes pour que le réalisateur se fasse plaisir à lui-même en pensant qu'il est un génie, ça fait plaisir en 2017.
Je tiens à mentionner, dans le jeu de la contemplation, le brillant Mahou Tsukai no Yome qui se défend très bien sur également sur ce point, avec un traitement et des épisodes magnifiques qui nous laissent le temps d'apprécier la féerie, quitte à éventuellement frustrer le spectateur en ne lui donnant pas sa dose d'actions par tranche de 24 minutes.