Spin-off sans prétention mais prometteur

En tant que fan absolu de la série originelle et de sa trilogie, j’appréhendais ce spin-off avec défiance. Il faut dire qu’une adaptation d’un jeu sur portable, sans la participation du Magica Quartet, avait de quoi susciter quelques inquiétudes. Je redoutais ainsi un anime médiocre, à la qualité sacrifiée sur l’autel d’un profit facile, compte-tenu du succès de la franchise.

Il s’avère que Magia Record s’en sort en réalité honorablement, et témoigne du souci d’être à la hauteur des standards de l’œuvre initiale. Si elle en reste loin sur le fond (ce qui était à prévoir), elle propose tout de même des développements intéressants, s’insérant naturellement dans l’univers de la saga. De par les éléments mis en place, la seconde saison pourrait d’ailleurs tirer son épingle du jeu. Sur le plan technique et formel, ou de l’identité artistique de la série, c’est en revanche une réussite.

SHAFT semble avoir refusé de produire un anime lucratif au rabais. La photographie, l’animation et la direction artistique sont globalement toujours aussi excellentes. Les musiques reprennent occasionnellement celles de l’œuvre originale, et les nouvelles s’en conforment au style. Si elles n’égalent guère l’OST de Kajiura Yuki, elles font au moins bonne figure. Quant à la réalisation, celle-ci a été confiée à Gekidan Inu Curry, un duo d’animateurs qu’il me paraît judicieux d’évoquer.

En effet, ces derniers sont à l’origine de ce style particulier de collages en stop-motion, si caractéristiques des sorcières et de Madoka Magica dans son ensemble. Collaborateurs de longue date du studio, leur direction était ainsi garante d’une forme de créativité attendue, et du respect de l’intégrité visuelle de la série. Bien que la mise en scène ne soit pas aussi recherchée ou aboutie que celle de Shinbô, elle garde le mérite de préserver cette identité qu’on aurait très facilement pu perdre.

Quant à l’écriture, il m’apparaît délicat de l’évoquer sans la considérer comme la mise en place de la "véritable histoire", prévue pour la saison 2. Prise individuellement, je qualifierais la trame de de cette saison 1 de convenable, capable d’offrir de bons moments et introduisant des concepts intéressants, sans non plus captiver ou se distinguer. Il en va de même pour les nouveaux personnages, restant assez génériques, mais dont certains présentent un réel potentiel.

Au final, s’il n’a pas encore brillé, le scénario semble toutefois disposer de tous les ingrédients nécessaires pour une suite plus marquante et digne d’intérêt. C’est à mon sens la force et la faiblesse de cette première saison, qui met davantage en place une situation. A titre personnel, je ne m’attends aucunement à un développement rivalisant avec l’œuvre originale. Cependant, la direction prise par ce spin-off n’en demeure pas moins prometteuse.