Mawaru Penguindrum
7.8
Mawaru Penguindrum

Anime (mangas) MBS (2011)

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En 2011, je découvre la japanimation avec des animes radicalement différents mais tout aussi qualitatifs, à leur manière, à savoir la tragédie Madoka Magica, l’humour barré de l’anime Panty and Stocking et enfin le sublime Mawaru Penguindrum.


Par pure nostalgie, j’en reviens souvent à revisionner ces derniers, même si parfois le temps a fait son travail de sape alors que l’on souhaiterait redécouvrir les tenants et aboutissants d’une série encore et encore pour que le plaisir de la découverte reste intact.
Ce qui n’est pas le cas de Mawaru Penguindrum comme cette œuvre me fascine encore à bien des égards. Je redécouvre cet anime à chaque visionnage.
Pourquoi ? Tout simplement parce que cet anime est un véritable trompe l’oeil, d'une richesse incroyable et qui offre une spectateur une masse symbolique inépuisable et qui reste matière à analyse des années après encore.


Le début de l’anime s’annonce comme allant être une véritable tragédie, la sœur cadette de la famille Takakura, Himari étant atteinte d’une maladie cérébrale incurable sera sauvée grâce à un chapeau pingouin qui la maintiendra en vie à l’unique condition que ses deux frères, Shouma et Kanba trouvent l’objet dont l’esprit mystérieux qui la maintient en vie leur réclame, à savoir, le fameux Penguindrum [Tambour Pingouin]. Et pour cette tâche il seront épaulés de pingouins dont j’ai encore aujourd’hui un peu de mal à saisir leur utilité.


Alors oui, je le concède, c’est original et les premiers épisodes sont hilarants ,voire même se vautrent dans le comique et la bouffonnerie qui peuvent parfois un peu irriter et rebuter (notamment lors d’un revisionnage) tellement c’en est grossier par instants, notamment avec le personnage de Ringo mais pourtant un point de bascule va vite tout faire changer, l’objet du désir des personnages, son journal intime qui sera considéré comme étant le Tambour Pingouin.


Mais l’erreur serait de considérer cet anime comme un banal divertissement humoristique. Les personnages évoluent dans l’oeil du spectateur au fur et à mesure qu’il en apprend plus sur leur passé au fil des épisodes.


En somme nous définissons-nous uniquement par notre passé, surtout quand ce dernier n’est qu’une succession de malheurs ?
Et surtout comment s’en extirper et faire en sorte qu’il ne nous revienne pas comme un boomerang en plein face et que surtout qu'il ne se substitue pas à notre identité et à l'unique façon dont comment les gens nous perçoivent ?
Ces questions méritent d'être posées, surtout qu'elles font partie des nombreuses questions que l'anime pose comme, dans ce cas, ces personnages sont en quête de leur passé consolateur, celui précédant leur passé traumatisant, et en souhaitant le revivre ils sapent leur authenticité, pensant que ce retour à l'état de béatitude initial les sortira de leurs tourments.
Ces personnages restent ainsi pétrifiés dans leur passé traumatisant en attendant une redite de leur passé consolateur, ce passé traumatisant qui s'avère être un "présent sans présent" au sens où ils regardent leur avenir dans un rétroviseur, ils sont figés dans cet état de souffrance et ne peuvent envisager d'évoluer tant qu'il n'auront pas recollé les morceaux de leur bonheur d’antan brisé. Ces personnages vivent dans un présent temporel mais ne vivent pas dans un présent de l'être, ils sont bloqués dans un passé de l'être.


De cette manière, en en apprenant plus sur leur passé cela mènera le spectateur vers une quête vers l'empathie au fur et à mesure qu'on en apprendra plus sur eux. Aucun des personnages n'est détestable, il n'existent pas pour eux, voilà tout.


Dieu doit être sacrément cruel pestera Shouma dès les premières lignes de dialogues de l’anime par ailleurs.


Quant à la fin... même encore aujourd’hui je ne saurais vous dire quelle vérité en tirer tellement cette dernière est ouverte à interprétations.
Mais il faut garder en tête que Mawaru Penguindrum est une œuvre majestueuse sur la complexité des rapports humains, notre rapport à l’utopie plus largement nos croyances personnelles sur le monde ou bien encore sur la question de Dieu, la souffrance, le fatalisme, le nihilisme, l’être humain, notre place dans l'univers, l’attachement envers les autres, l’existence ou encore l’authenticité des êtres et notre ou nos rôles à jouer.
Car, oui Mawaru Penguindrum c’est tout ça à la fois. Une œuvre profonde, complexe malgré l’apparent manque de sérieux des premiers épisodes.


Mawaru Penguindrum est clairement un des animes où le mot sublime peut s’appliquer.
Et bien que j’ai un profond respect pour Ikuhara je crois qu’il n’a jamais réussi à créer quelque chose d’aussi beau, juste, touchant et magnifique que ce Mawaru Penguindrum. La bande sonore et l’animation contribuant grandement à ce sublime, je reviens souvent sur la musique de cet anime, notamment le morceau « Grey Wednesday » qui m’émeut toujours autant quand je l’écoute notamment quand on le replace dans le contexte de cet anime.


Initialement je souhaitais faire une analyse en annexe de cette critique, personne ne peut rester passif face à une telle œuvre, tout est pesé et réfléchi et absolument rien n’est laissé au hasard, c’est ce qu’on peut clairement appeler un chef d’œuvre et je ne souhaite nullement gâcher votre plaisir de visionnage en vous livrant quelques clés de compréhension et d’incompréhension. Je souhaiterais être dans l’échange et le partage en rapport avec cet anime et discuter de sa symbolique avec vous. C’est peut être ça le véritable Penguindrum après tout ?

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le 23 juin 2020

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