Sequence killers
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Pour des super-flics comportementalistes, censés être de fins psychologues, les 3 "héros" de MINDHUNTER se retrouvent dans la deuxième Saison de la Série avec des QI de betteraves dès qu'il s'agit de leur vie privée, témoignant d'un sens de la psychologie proche du néant.
Ils ont tous la maturité émotionnelle de nourrissons, se révèlent incapables de "lire" l'atmosphère d'une pièce, incapables de gérer leurs émotions, incapables d'analyser / interpréter les signes ou les traits psychologiques de leurs partenaires, de leurs proches, ou pire, carrément incapables de bien faire leur travail (on peut même parler d'incompétence à ce niveau-là).
La doctoresse consultante Wendy Carr, par exemple, réagit comme une adolescente dans sa vie privée, incapable de comprendre toute nuance, incapable de discerner un mensonge "blanc" uniquement dit pour se débarrasser d'un problème et avoir la paix ; et le spectateur devrait la croire capable, dans le même temps, de gérer la complexité émotionnelle de ses collègues et de diriger l'étude psychologique de criminels comme une professionnelle surdouée.
S'il n'y avait qu'elle mais le créateur du Bureau d'analyses comportementales, Bill Tench, n'est pas en reste puisque le malheureux passe la deuxième Saison à faire n'importe quoi, rendant son personnage tellement insupportable qu'il procure régulièrement des envies de meurtres sadiques.
Ces 2 personnages à eux seuls résument tous les défauts de cette Saison qui a été réfléchie, écrite et produite pour les mauvaises raisons, avec les mauvaises intentions et en dépit de tout sens commun, apparemment signée avant même que la première Saison ne soit diffusée... tout s'explique.
En voulant donner, artificiellement, de l'épaisseur aux 3 héros, en appliquant des recettes éculées de Séries vues et revues ou de 'Soap' lambda, sûrement dans le but de répondre aux critiques émises après une première Saison retorse, (un peu trop ?) théorique, froide et distante et donc en acceptant toutes les compromissions ; bref, en n'ayant pas le courage de continuer à creuser le sillon entamé par la 1ère Saison, le sens premier de la Série s'est dilué et tout son intérêt s'est dissous.
Mais à vrai dire, peu importe les raisons, les faits sont sans appel. Contrainte ou non, le changement de 'Showrunner' entre les 2 Saisons n'était pas la plus brillante des décisions. C'est le moins que l'on puisse dire ?! C'est même une décision catastrophique. En résulte une écriture affligeante. Comme si les scénaristes catapultés là, entre deux Saisons, n'avaient aucune idée de la Série pour laquelle ils étaient censés écrire. Comme s'ils appliquaient bêtement la psychologie basique de personnages archétypaux, croisés dans la moindre Série américaine, à des personnages que le créateur original s'était pourtant évertué à développer différemment des standards en vigueur, dans la première Saison.
Cette histoire régulièrement stimulante de la création et du développement du profilage criminel au sein d'une structure aussi conservatrice et rétrograde que le FBI, n'avait aucunement besoin de tous ces dramas privés insupportables, de tous ces mini-arcs narratifs ridicules. Certains sont affligeants. TOUT est hors sujet, exaspérant, triste même. Cette succession de mauvais choix dilue complétement le propos initial et nuit tellement à l'ensemble qu'aucun arc ne trouvera de conclusion véritable et que la Série sera stoppée en cours, comme en suspension. Et c'était prévisible, c'est peut-être ça, le pire.
Finalement, la Saison 2 de MINDHUNTER ressemble très probablement à ce qu'aurait donné une Saison 2 de PROFIT si la FOX avait donné son feu vert. On l'a échappé belle.
Personne n'était prêt à accepter un personnage comme Jim Profit, à cette époque-là, à la télévision, et encore moins la FOX ; comme personne ne semblait prêt chez Netflix, à laisser les coudées franches au créateur d'une Série aussi austère et hermétique que MINDHUNTER au cours de sa première Saison.
Plus généralement, difficile de ne pas penser que Netflix est incapable de gérer une Série exigeante sur la durée. Ils peuvent réussir une Mini-Série auteurisante, sur un malentendu ou un coup de chance suite à un alignement de planètes miraculeux mais ils semblent incapables de pérenniser le même type de projet sur une durée de plusieurs Saisons.
Des Séries de genre, pop ou "à la mode" comme UMBRELLA ACADEMY, STRANGER THINGS WEDNESDAY, SQUID GAME ou LA CASA DE PAPEL sont peut-être des "hits" mais ce ne sont certainement pas des Séries "exigeantes" qui demandent courage, ténacité et intelligence pour être produites et menées à bien. Tout le contraire de ce qu'exigeait un projet comme MINDHUNTER. C'est fort dommage, le résultat est un beau gâchis.
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Créée
le 10 juil. 2025
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