Misaeng
8.1
Misaeng

Drama tvN (2014)

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Votre vie est incomplète si vous passez à côté de Misaeng

Pour bien commencer cette critique, cet avis, ou ce que vous voudrez, je me permets de prendre un petit temps pour parler de la chaîne de télévision à laquelle on doit le drama Misaeng : tvN.


TvN est la chaîne qui se cache derrière la saga des Reply 19xx, les I Need Romance (ou les espèces de Sex in the city à la coréenne), le touchant Dear My Friends où se trouve l’une de mes scènes préférées tous dramas confondus, et le succès de 2016 avec mon chouchou Gong Yoo, Goblin. Bien sûr, la chaîne est également derrière quelques ratés, mais en général, je suis rarement déçue par ce qu’elle propose, et la plupart de mes dramas préférés – dans ce que j’ai cité, ils n’en font pas tous partie - viennent de cette chaîne. Il y a une « fraîcheur », une liberté de ton, un je ne sais quoi qu’il n’y a pas dans les dramas des autres chaînes qui traitent du quotidien. Hormis la saga des I Need Romance, et Goblin dans une moindre mesure, si vous êtes à la recherche de dramas où la romance ne vous dérangerait pas, mais pas de manière trop cul-cul, il y a ce qu’il faut dans cette énumération de titres, avec des thèmes variables mais un même sentiment d’humanité qui s’en dégage, et un très bon casting.


Dans mes dramas préférés venant de tvN, je peux désormais ajouter Misaeng.


Misaeng, ou « Incomplete Life », ou « Vie incomplète », est à la base un webtoon qui a eu du succès. On y suit le parcours du jeune Jang Geu-rae – notons que sa signification multiple (du genre "oh, vraiment ?", "alors", etc.) renvoie à beaucoup de jeux de mots – au sein d’une entreprise d’import-export, alors qu’il n’a que l’équivalent du bac et aucune expérience dans ce domaine. Contrairement aux autres stagiaires qui ont été choisis pour leur parcours scolaire valorisant et leurs compétences, Jang Geu-rae doit son poste à une connaissance de sa mère, et doit donc travailler beaucoup plus dur que les autres pour montrer qu’il est digne de sa position. En intégrant l’entreprise One International, il laisse derrière lui son rêve de devenir joueur professionnel de go (ou "baduk"), mais pas le savoir acquis, qui lui servira alors de point d’appui.


De manière plus générale, le drama dépeint le monde du travail (dans une grande entreprise) à la coréenne, et tout ce qui gravite autour, notamment les conséquences sur l’entourage des employés, les « afterworks », le statut social, le rapport à l’entreprise pour chacun, l’importance des études… On y trouve également des choses plus universelles, puisqu’il s’agit d’une entreprise d’import-export et avant tout de travail : les relations de toute nature entre collègues, le harcèlement moral et sexuel, les promotions, les relations commercial-client et ce que ça implique… Mais surtout, vous vous reconnaîtrez forcément en l’un des personnages qui composent ce drama, ou dans l’un de leurs moments d’apprentissage. Vous avez peut-être été celui ou celle qu’on envoie faire du café plutôt que de vous laisser travailler pour de vrai, vous avez peut-être déjà fait l’esclave pour un responsable qui s’approprie votre travail et vos réussites, ou au contraire vous avez été sous-estimé(e) et mis(e) à l’écart, vous avez peut-être suscité la jalousie des collègues (ou vous avez fait partie de ces collègues jaloux), vous avez sans doute dû apprendre à travailler avec vos collègues différents de vous et vos supérieurs, vous avez peut-être été la cible de commentaires désobligeants sur votre tenue, votre niveau d’études, votre situation personnelle ou juste sur ce que vous êtes – et vous avez sûrement été de ceux et celles qui ont dû évoluer et s’adapter, tout simplement.


Le propos de Misaeng n’est pas, en effet, de juger de manière positive ou négative, ni de vous faire vivre des aventures, ni de vous vendre des paillettes... Il rend compte de situations de travail qui existent, et c’est peut-être là sa force : intéresser son public à un milieu qui fait déjà partie de sa vie en général, en donnant un léger aspect documentaire à cette fiction, sans gros parti pris ni lourdeur.


Bien sûr, ce n’est pas parce qu’il y a cet aspect documentaire et un côté « on s’identifie » que la série est ennuyeuse, ou que les portraits de la série ne sont pas riches et hauts en couleurs : outre un Jang Geu-rae maladroit au début, on fait aussi la connaissance de Kim Dong-sik, un assistant manager bienveillant, Oh Sang-sik, chef d’équipe à la forte personnalité et homme de valeurs, ainsi que les autres stagiaires Ahn Young-yi, femme aux compétences exceptionnelles évoluant auprès de collègues misogynes, Jang Baek-gi, jeune homme ambitieux qui cache une certaine anxiété, et Han Seok-yul, passionné de textile et par l’usine plus que le bureau, mais surtout une vraie petite fouine qui ne reste jamais à sa place et qui, par son entrain, cimente le groupe de stagiaires. Les portraits des personnages secondaires sont tout aussi intéressants et bien brossés. Dans l’ensemble, les acteurs signent de belles performances, Siwan (Jang Geu-rae) et Lee Sung-min (Oh Sang-sik) en tête.


20 épisodes pour ce genre de série peut sembler long, encore une fois ce n’est pas une série d’aventures ; mais ça donne le temps d’explorer proprement les différents thèmes et les histoires des personnages, et ça nous offre une évolution à peu près cohérente.


Enfin, j’ai fait cette critique non seulement parce que c’est une excellente série qui mérite qu’on en parle, et qui convient aussi bien pour des habitués de dramas que pour des non-habitués – sauf si après le travail vous n’avez pas envie d’entendre parler de travail, ce qui est compréhensible -, mais aussi pour une raison toute simple, dont le titre provocateur est une amorce : c’est trouvable sur Netflix… Ce qui veut dire que c’est facile d’accès… Ceci est donc un cri du coeur à ceux qui ont Misaeng dans leurs envies ET Netflix : ALLEZ LE VOIR !! (ou je vous harcèle.)

Nalyeah
9
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Créée

le 3 sept. 2017

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14 j'aime

Nalyeah

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