Une 2e saison solide, mais un récit qui se shonen-ise (se banalise) trop à mon goût

J'avais été scotché par la 1ere saison de Mob Psycho 100 qui m'avait vraiment pris par surprise, mélange extrêmement prenant d'humour (à la One, en tout cas ça fonctionne très bien sur moi!) et d'action, avec des personnages secondaires extrêmement réussis (le médium charlatan Reigen, l'esprit sidekick Smile, etc.). Surtout, le travail du studio Bones était très impressionnant sur le plan technique, avec une vraie volonté de respecter le trait très particulier (crayonné et très schématique) de l'auteur originel et l'emploi d'effets "de peinture" (je ne sais pas trop comment décrire ça) du meilleur effet. Surtout, on ne dénotait quasiment aucune baisse de qualité sur l'ensemble des épisodes, ce qui est toujours extrêmement agréable. Seul le court arc (2 ou 3 épisodes) centré sur le frère de Mob était un peu plus faible, mais pas de quoi doucher mon enthousiasme, le tout demeurant dans l'ensemble diablement bien rythmé.

C'est donc avec grand plaisir que je me suis replongé dans cet univers pour une seconde saison. Évacuons tout de suite la question de la qualité technique ; celle-ci reste heureusement sur les bons rails de la saison 1, mais je n'en attendais pas moins du studio Bones qui est resté au commande pour cette saison 2 (pas toujours le cas pour toutes les grosses licences malheureusement pour ceux qui verront à quelles séries je pense...). L'originalité et les prises de risque au niveau stylistique sont peut-être un peu plus rares, mais rien d'ultra-flagrant et dérangeant (pas de rupture stylistique majeure par rapport à la 1ere saison).

J'ai par contre été un peu moins convaincu par l'évolution du récit. Celui-ci tend en effet un peu trop, en particulier dans la 2e moitié de la saison qui continue et conclut la lutte contre l'organisation "la griffe" entamée dans la première saison, vers une structure narrative de shônen somme toute très banale (voire irritante pour qui en a déjà bouffé des kms...), avec une lutte contre des adversaires vraiment méchants...mais pas tellement puisqu'ils seront remis sur le droit chemin par la puissance de la compassion de Mob (le plus souvent après quelques gros échanges de tatanes cependant). Parmi eux,

Notre héros évolue lui-même à vitesse grand V : à la suite de quelques "expériences professionnelles" marquantes en compagnie de son maître Reigen (lutte contre des légendes urbaines, exorcismes, etc.), Mob finit très rapidement par avoir bien moins de scrupules à utiliser sa force et surtout par contrôler quasiment complètement ses pouvoirs, enlevant par là un des moteurs narratifs majeurs de la saison 1, c'est-à-dire le fait que les "vrais" pouvoirs de Mob ne se déchaînaient a priori que lorsque celui-ci "perdait le contrôle", au risque de déclencher une catastrophe de grande ampleur avec de nombreuses victimes collatérales. Cette remise en cause des fondements de la saison 1, si elle est sans doute bienvenue pour éviter la redite, n'en entraîne pas moins un véritable brouillage des règles du jeu de l'univers dépeint, les évolutions scénaristiques en semblant dès lors assez arbitraires (pourquoi Mob est-il capable, sans traumatisme majeur, de déchaîner ses pouvoirs tout d'un coup alors qu'il ne le pouvait pas il y a 5 minutes? Souvent, cela sera simplement justifié par le fait...qu'il est énervé! Ok, un peu léger les amis). Les combats en perdent du coup clairement en tension.

Autre élément particulièrement dérangeant, le traitement tout à fait ambigu de la violence et de ses conséquences dans l'anime. En effet, en se refusant catégoriquement à affronter la question de la mort de ses personnages (ceux-ci s'en sortant systématiquement à travers des pirouettes scénaristiques.

, le manga se refuse à passer à un stade supérieur en termes de tension et de maturité narratives ; les échanges et combats en perdent encore une fois en intérêt et en enjeux, et les longues discussions morales entre ennemis sur le bien et le mal en semblent d'un coup assez désincarnées.

Mais l'ensemble reste néanmoins à flot grâce un rythme très efficace, à un humour toujours plaisant (même si celui-ci est un peu moins développé que dans la saison 1) et ses excellents personnages secondaires.

Pour conclure, je n'ai clairement pas passé un mauvais moment à regarder cette seconde saison ; on prend plaisir à retrouver cet univers. Néanmoins, je considère désormais que, au vu des événements de cette saison, la série est plus que sûrement arrivée au bout de ce qu'elle avait à nous dire

Surtout, la narration tend clairement à se banaliser ; l'équilibre délicat (l'écart entre un personnage fade mais détenteur d'immenses pouvoirs incontrôlables) et les postulats de la 1ere saison sont largement remis en question, débouchant sur un récit shônen au final tout ce qu'il y a de plus classique et chargé de bons sentiments (et donc avec toutes les limites qui y sont liées). Bref, l'anime se perd à mes yeux un peu à refuser un tournant plus seinen, n'assumant notamment pas la violence pourtant au cœur des événements et des réflexions présentés (la question de la mort et donc de l’irréversibilité de l'emploi de la violence étant constamment aseptisées et renvoyées en arrière-plan, comme refoulées et impensées).

Finalement, le personnage qui se détache du coup encore plus, de loin le plus intéressant, est celui de Reigen, qui mériterait quasiment son spin-off à lui seul (les 2 ou 3 épisodes où il doit se débrouiller sans Mob suite à une brouille m'ont ainsi semblé parmi les plus agréables de la saison, outre l'épisode "sentimental" d'introduction). En devenant de plus en plus un héros de shônen nekketsu classique, je me suis détaché émotionnellement assez totalement de Mob, dont on se doute bien dès le début qu'il finira par triompher en "retournant" moralement tous les méchants...