Avec MobLand, Guy Ritchie - dont on sait qu'il est capable du meilleur (Snatch) comme du pire (pas mal de scories dans sa filmographie) retourne en terrain familier : le Londres du crime organisé, ses clans rivaux, ses trahisons et ses règlements de comptes hyper violents. La série, dont il n'est pas le showrunner, c'est important de le préciser, ne cherche pas l’originalité à tout prix — mais elle assume à fond son ADN de pur divertissement. Et dans ce registre, elle s’en sort franchement bien.
Le récit est celui d'une guerre classique - vue mille fois ! (et la référence la plus évidente est le Parrain, qui résonne régulièrement dans le scénario de MobLand) - entre familles mafieuses sur fond de lutte de territoire, de recherche de nouvelles activités (le Fentanyl !) et, inévitablement, d’honneur familial bafoué. Mais le choix de Ronan Bennett est de bypasser l'introduction progressive des personnages et du contexte pour, dès le premier épisode, faire monter la tension, en jouant le jeu de la violence brutale, surprenante souvent : la mise en scène est nerveuse, les dialogues sont affûtés, il y a un soupçon d'humour noir bien dosé, et, on le comprend vite, le scénario qui ne reculera devant aucun excès, aucun paroxysme de violence (la tronçonneuse introduite par De Palma dans son Scarface, refait une apparition-choc), ni de comportements délirants de la part d'une famille mafieuse bien dysfonctionnelle et bien timbrée !! Le ton volontairement "over-the-top" est assumé de bout en bout - et monte même en puissance dans la dernière partie de la série -, donnant à l’ensemble un côté trash, très jouissif, au milieu duquel la présence magnétique de Tom Hardy (même s’il évolue ici dans un registre qui lui est habituel) apporte un véritable plus.
Mais la vraie, la belle surprise, c’est Pierce Brosnan, impressionnant de charisme déjanté en patriarche impitoyable, aussi répugnant qu'hilarant. Il n’a sans doute jamais été aussi bon depuis ses années Bond (et même durant ses années Bond, en fait). A côté de lui, mais également face à lui, la grande Helen Mirren, dans un personnage de "veuve noire" littéralement terrifiante, apporte une élégance vénéneuse étonnante, malgré son accent irlandais à géométrie variable.
MobLand ne révolutionne rien. Les personnages sont de purs archétypes (même si le scénario apporte de jolies surprises, en particulier du côté de l'enquête policière avec l'introduction 'tardive" d'un joker assez stupéfiant - Toby Jones est brillant comme toujours !), l’intrigue est parfois trop balisée. Mais c'est un spectacle généreux, souvent outrancier, mais jamais ennuyeux : un feu d’artifice de violence chorégraphiée et néanmoins brutale, de répliques mordantes et de confrontations spectaculaires, dans une version assez délirante du crime londonien. Et si l’on accepte le pacte proposé - du fun, du rythme, du style et à peu près zéro réalisme -, alors on en redemande : ça tombe bien, il y aura une seconde saison, bien annoncée par une situation encore plus explosive entre les différents membres de la famille Harrigan.
[Critique écrite en 2025]