Une masterclass d’histoire romaine retraçant avec brio environ un siècle de manigances et complots politiques ourdis au sein de la famille impériale. Evidemment les partis pris historiographiques sont tendancieux, on opte ici volontairement pour la pire version des choses afin d’épicer encore plus la sauce, le plat n’en est que plus savoureux pour le spectateur. Cette politique éditoriale racoleuse se retrouve dans la galerie de personnages aussi fascinants que dépravés, de quoi dresser un album de famille des plus baroques.
Cette tragédie en plusieurs actes se distingue par la qualité d’écriture de ses dialogues, une prose avec laquelle les acteurs s’amusent avec une délectation perceptible. Le juvénile John Hurt irradie l’écran de son aura diaphane et menaçante, le jeune Patrick Stewart qui avait encore des cheveux sur la tête est implacable en parvenu aux dents longues et Derek Jacobi s’en sort honorablement dans un rôle bégayant qui n’était pas évident à négocier mais il tombe quand même plus que les autres dans la caricature. La révélation vient de Siân Phillips qui marque durablement les esprits malgré la mort de son personnage au milieu de la série, un rôle de manipulatrice redoutablement perspicace et sans scrupules qu’elle incarne avec un machiavélisme consommé. L’absence de décors extérieurs participe un peu plus à l’effet « théâtre filmé » qu’on ressent fortement au visionnage sans pour autant que cela n’entame la vivacité du spectacle, pour pallier au budget limité de la série la mise en scène trouve des subterfuges ingénieux en jouant intelligemment avec le hors-champ afin d’évoquer à peu de frais l’ambiance de la Rome antique. Ce Game of Thrones d’atrium circonscrit à quelques demeures romaines permet à la réalisation minimaliste de mettre un peu plus en valeur les acteurs dans ces rôles Shakespeariens, la narration en flashback donne une structure chronologique à cette saga multi-générationnelle à l’arbre généalogique complexe. Bref une série vintage de haute tenue qui nous emmène dans les corridors de la petite histoire reconstituée ici à gros traits dans un péplum sulfureux à savourer sans trop chercher la véracité historique.

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le 4 févr. 2022

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archibal

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