Une masterclass d’histoire romaine retraçant avec brio environ un siècle de manigances et complots politiques ourdis au sein de la famille impériale. Evidemment les partis pris historiographiques sont tendancieux, on opte ici volontairement pour la pire version des choses afin d’épicer encore plus la sauce, le plat n’en est que plus savoureux pour le spectateur. Cette politique éditoriale racoleuse se retrouve dans la galerie de personnages aussi fascinants que dépravés, de quoi dresser un album de famille des plus baroques.
Cette tragédie en plusieurs actes se distingue par la qualité d’écriture de ses dialogues, une prose avec laquelle les acteurs s’amusent avec une délectation perceptible. Le juvénile John Hurt irradie l’écran de son aura diaphane et menaçante, le jeune Patrick Stewart qui avait encore des cheveux sur la tête est implacable en parvenu aux dents longues et Derek Jacobi s’en sort honorablement dans un rôle bégayant qui n’était pas évident à négocier mais il tombe quand même plus que les autres dans la caricature. La révélation vient de Siân Phillips qui marque durablement les esprits malgré la mort de son personnage au milieu de la série, un rôle de manipulatrice redoutablement perspicace et sans scrupules qu’elle incarne avec un machiavélisme consommé. L’absence de décors extérieurs participe un peu plus à l’effet « théâtre filmé » qu’on ressent fortement au visionnage sans pour autant que cela n’entame la vivacité du spectacle, pour pallier au budget limité de la série la mise en scène trouve des subterfuges ingénieux en jouant intelligemment avec le hors-champ afin d’évoquer à peu de frais l’ambiance de la Rome antique. Ce Game of Thrones d’atrium circonscrit à quelques demeures romaines permet à la réalisation minimaliste de mettre un peu plus en valeur les acteurs dans ces rôles Shakespeariens, la narration en flashback donne une structure chronologique à cette saga multi-générationnelle à l’arbre généalogique complexe. Bref une série vintage de haute tenue qui nous emmène dans les corridors de la petite histoire reconstituée ici à gros traits dans un péplum sulfureux à savourer sans trop chercher la véracité historique.

Créée

le 4 févr. 2022

Critique lue 225 fois

archibal

Écrit par

Critique lue 225 fois

13
5

D'autres avis sur Moi, Claude Empereur

Moi, Claude Empereur

Moi, Claude Empereur

le 20 avr. 2023

Et moi, et moi, et moi

Moi, Claude Empereur revient de manière romancée sur la vie des Julio-Claudien, d'Auguste à Claude principalement, par le prisme de ce dernier qui naquit puis grandit durant le règne d'Auguste et...

Moi, Claude Empereur

Moi, Claude Empereur

le 3 févr. 2015

Critique de Moi, Claude Empereur par Eric31

Moi Claude empereur (I, Claudius) est une excellente mini-série britannique en 13 épisodes de 50 minutes, écrite par Jack Pulman et réalisée par Herbert Wise d'après les romans de Robert Graves... Ou...

Moi, Claude Empereur

Moi, Claude Empereur

le 15 janv. 2019

Une des meilleures série historique jamais créée

Ce n'est qu'avec beaucoup de retard que je fis la découverte de "I, Claudius" ; série des 70's produite par la BBC basée sur la période de l'Impérialisme Romain. Je n'avais jamais vraiment tout...

Du même critique

Valérian et la Cité des mille planètes

Valérian et la Cité des mille planètes

le 27 juil. 2017

Luc Skywalker

Ca fait belle lurette que Besson ne m'a plus émoustillé avec ses films mais à l'annonce d'un tel projet c'était un peu revenu. Au même titre qu'un Ridley Scott par exemple la nostalgie de ses...

Mad Max - Fury Road

Mad Max - Fury Road

le 14 mai 2015

Les fous du volant

Enfin un film qui tient ses promesses, les multiples bandes annonces faisaient plus que saliver et je redoutais qu'elles aient défloré trop de choses sans parler de la déception qui suit...

Les Animaux fantastiques - Les Crimes de Grindelwald

Les Animaux fantastiques - Les Crimes de Grindelwald

le 14 nov. 2018

Jeu des 7 familles

Force est de constater que J.K. Rowling n'est pas aussi bonne scénariste qu'elle est romancière. L'univers étendu du "wizarding world" est un écrin exceptionnel qui représente l'intérêt majeur de...