Mr. Robot
7.6
Mr. Robot

Série USA Network (2015)

Mr Robot, la grandeur dans un si petit monde

ATTENTION SPOILER:


Bon, je rédige actuellement ma première critique, et pas des moindres car je m'attaque à l'une des séries qui me fait croire que l'Amérique ne dira jamais son dernier mot.
Plongé dans notre époque, avec +/- une année de retard pour la cohérence de la série (et oui, prévoir l'avenir n'est pas chose aisée), cette série nous emporte auprès du personne qu'incarne si bien Rami Malek, Elliot Alderson. Ce personnage que j'entends être assez cliché dans d'autres critiques est pour moi le maillon qui fait de cette série un chef-d'oeuvre. Nous avons ici affaire à un homme ayant la vingtaine, atteint d'une asociabilité qu'il assume pleinement. Sa vie se résume à ne pouvoir rencontrer des personnes seulement par le biais de leurs réseaux sociaux/mails/autres après les avoir hackés.


Elliot, un cliché ?
Sweat noir, gros yeux, poisson nommé QWERTY, Ordinateur comme seul vrai "mobilier" à son domicile, ça fait beaucoup pour une seule personne, mais pourtant ce n'est à mes yeux pas un cliché. Elliot est atteint et ne s'en cache pas, il le sait, il n'a que ses médicaments pour essayer d'esquiver ce monde qu'il déteste tant. Autoexclu de la société on pense à un ado rebelle un peu en retard, mais pourtant son discours rejoint simplement ses actions. Il n'accepte pas les choses que nous acceptons nous même dans la vie réelle. Être contrôlé, être dupé, utilisé, et j'en passe. Vous qui utilisez une connexion internet pour lire cette critique, vous êtes utilisé à des fins lucratives, vous êtes la monnaie d'internet. Rien n'est confidentiel et nous le voyons très bien au fur et à mesure de cette série. Elliot est un personnage possédant des facultés hors normes dans le domaine de l'informatique, si bien qu'il va essayer de "sauver le monde" grâce à ses talents, et c'est cet argument qui me fait tourner la balance vers le "non cliché", car si dans le fond on voit un jeune homme voulant un monde meilleur, dans la forme nous avons un personnage qui ne va pas arriver à ses fins et justement se faire lui même berner se croyant intouchable. L'oeuvre de Sam Esmail contourne les bases de ce genre en montrant le personnage comme quelqu'un de totalement imparfait qui se trompera moult fois durant son périple.


Un monde hypocrite ?
Dans cette série, diffusée sur une chaîne pourtant assez patriotique dans le nom (USA Networks), nous vivons dans un monde contrôlé par un conglomérat immense capable de bouleverser le monde d'un simple clic. Si la réalité est différente elle s'en rapproche pourtant de très près. Un monde où la monnaie est le seul réel bien fictif ou réel de tout être, où une réinitialisation détruirait tout un système contrôlant pourtant le monde, nous n'en sommes pas loin. Là où la série est intéressante dans sa forme c'est qu'elle est donc diffusée sur une chaîne appartenant à un gros groupe internationale qui pourrait tout autant se reconnaître dans la description qu'Elliot fait d'E(vil)Corp tout au long de la série. C'est un risque assez important que de révélé à ses téléspectateurs l'importance des plus hauts de la société mais qui gagnera à cette chaîne.


Venons à la partie la plus intéressante, Mr Robot.
Dès le début de la première saison, nous voyons Mr Robot comme un étranger leader du groupe "fsociety" à l'origine du plus gros hack que le monde connaîtra alors, le 5/9. C'est alors à la moitié de l'épisode 9 que nous apprenons que ce mystérieux personnage était en fait son père. Grand twist, ce fut pour moi un éclair de génie, j'étais, contrairement à d'autres séries comme Game of Thrones


Jon Snow, la mort de Baelish, etc..


ou d'autres, dans l'incapacité de me dire "je le savais". Non, lorsque j'entendis ces mots "Who are you talking to?" mon coeur s'arrêta, je fut figer. Ce fut une claque monumentale, Sam Esmail plonge à ce moment là le téléspectateur dans une incompréhension totale, comme Elliot durant toute la série, nous avons à notre tour l'impression d'avoir été contrôlé, dupé, utilisé. Comme beaucoup j'imagine, j'ai alors voulu reprendre la série du début, et mon choc fut d'autant plus accentué lorsque je vis que tout était prévu, je n'ai trouvé aucune incohérence, jamais Mr Robot n'a parlé à quelqu'un lorsque Elliot était à côté, jamais personne n'a parlé de lui sans parler d'Elliot. Mr Robot n'existait pas. C'était un risque énorme que de détruire un personnage phare. L'attachement que nous pouvions porté à ce personnage s'envolait lorsque nous apprenions qu'il n'existait finalement pas. A ce moment là, nous étions Elliot, nous nous rendions compte de l'oeuvre de cette série. C'est pour moi l'un des plus grands twist télévisuel de la dernière décennie. Les indices laissés n'étaient pas visible. Penser que c'était son père est une chose, il m'arrivait de me poser la question, mais savoir qu'il n'existait pas, non ! Et pourtant, Esmail a eu l'audace de parler de schizophrénie dans sa série, Elliot lui même a cette peur d'être schizophrène, ce qui nous laisse croire que sa deuxième partie, si elle existait, ce serait nous, nous téléspectateur à qui Elliot s'adresse en voix off. Cette belle réalisation m'a mit une claque énorme, et la fin de cette épisode avec la musique des Pixies (reprise par un français qui plus est !) m'a fait voyagé. C'est à ce moment là que je me suis dis "merde, cette série est incroyable" et que je me suis empressé d'aller faire connaître à mon entourage ma découverte.


Le Hacking dans tout ça ?
Outre ce twist géant, n'oublions pas que cette série se tourne autour du monde du hack. Là aussi j'ai été agréablement surpris. Travaillant moi même dans le milieu de l'informatique, les attentions du réalisateur à l'égard des connaisseurs m'a permis d'apprécier d'autant plus cette série. Voir que la plupart des actions réalisées par Elliot sont en théorie possible (en pratique c'est autre chose), ça m'a beaucoup fait sourire. Sam Esmail a su trouver un bon compromis entre un téléspectateur vivant dans le monde du hacking et un autre totalement déconnecté, ni trop, ni pas assez, nous sommes emmenés avec facilité dans le monde d'Elliot et l'intrigue autour permet aux plus lambdas de ne pas se perdre, et c'est bien comme ça.


La suite
Les rebondissements ne s'enchaînent pas, du moins, c'est l'impression données par le réalisateur. Nous avons constamment l'impression d'être enfin dans un moment calme, un moment où nous pouvons poser notre cerveau à côté et juste apprécier la série, et pourtant la tempête nous rattrape toujours. Les twists sont bien dosés, pas de gavage, pas de moment plat, la série nous amène avec elle tout au long de l'histoire. Ce n'est que pendant la première moitié de la saison 2 que je me suis demandé si ça valait le coup de continuer, mais le twist de cette seconde saison m'a rappelé que Esmail avait encore une fois tout prévu. J'attends de voir ce que donnera le final, j'ai en tout cas été ravi par la saison 3 qui nous amène dans une nouvelle phase et qui se termine par une musique qui en dit long "Intro de M83" et oui, nous repartons de 0, nous allons maintenant voir ce que ça va donner, en attendant, je suis ravi de cette série et j'espère qu'elle continuera dans sa lignée.

AthAshino
9
Écrit par

Créée

le 27 mai 2018

Critique lue 317 fois

AthAshino

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