Globalement sympa mais trop peu authentique

Le statut du jeu vidéo a beaucoup évolué en quelques décennies, passant aux yeux du grand public d'un divertissement pour enfants dans les années 80/90 à un hobby comme un autre que l'on peut (presque) avouer en société en tant qu'adulte sans (trop) se faire juger de nos jours. Parallèlement, cette industrie a complètement explosé, les budgets des jeux les plus importants égalant voire dépassant ceux des blockbusters et ses revenus devenant supérieurs à ceux générés par le cinéma.

Malgré, tout, je considère Mythic Quest comme une série de niche : elle traite (ou prétend traiter) des dessous d'un studio de développement de jeu, d'un genre bien particulier en plus (les MMORPG). Je ne suis pas certain que cette thématique soit susceptible d'intéresser la masse, d'autant plus que la série utilise tout le lexique inhérent au genre et il faudra clairement être joueur ou évoluer dans ce milieu pour saisir pleinement les références. Pour être honnête, j'ai même été surpris que ce soit Apple qui produise, mais après tout les origines de l'entreprise baignent profondément dans l'informatique et la culture geek.

Le principal problème de Mythic Quest vient de ce statut de série de niche. Tout simplement parce qu'elle va attirer un public de connaisseurs, joueurs eux‑mêmes et qu'il faudra réussir à être crédible auprès de ces gens‑là. Malheureusement, la série n'y parvient que trop peu. Je ne suis pas docteur, je suis donc incapable de dire si un diagnostic d'House est crédible ou pas (du coup ça ne me gâche pas le plaisir). Par contre, j'ai été joueur de MMO très longtemps et quand on connaît ces jeux, il y a beaucoup de choses inexactes, improbables voire carrément fantaisistes dans Mythic Quest qui finissent par émousser le plaisir de visionnage. Entre autres la façon dont est traitée une guilde nazie ou les difficultés que pose un hacker qui s'introduit sur un serveur. On ne parlera même pas de l'organisation de cette entreprise dont il est inconcevable qu'elle ait pu réussir en l'état à produire un jeu de l'ampleur qui nous est présentée. Certains me diront que cet affranchissement de la réalité est à visée humoristique et permet d'utiliser davantage de ressorts comiques. Je reste persuadé qu'il aurait été possible d'être drôle tout en étant plus authentique et en collant davantage à ce qu'est réellement un studio de jeu vidéo.

La série me fait d'ailleurs une impression assez étrange. D'un côté il y a ce manque d'authenticité et de l'autre elle aborde (même si survole serait un terme souvent plus approprié) des aspects pertinents de l'industrie, comme la sous‑représentation des femmes, les problèmes de monétisation abusive, la toxicité des réseaux sociaux, l'exploitation des salariés en période de sortie de jeu... C'est un peu comme si tout ça avait été écrit et produit par deux personnes, l'une connaissant le milieu et étant parfaitement au courant de ses usages, l'autre se contentant de faire de l'humour lourd en utilisant les clichés peu flatteurs sur les geeks qu'on peut entendre dans le grand public. J'imagine que le côté plus pertinent doit venir d'Ubisoft qui coproduit visiblement la série, car quoi que l'on puisse penser de la qualité de leurs jeux ils ont une expérience colossale dans le secteur.

Mythic Quest reste donc globalement sympa, avec un bon casting (mention spéciale à Charlotte Nicdao dans son rôle de dév' geek émotive), un format court qui permet de mieux passer outre ses défauts, dont son manque de fidélité à la réalité et un humour parfois basé sur des clichés un peu lourdingues. Il a d'ailleurs été assez parlant pour moi de constater que mon épisode préféré (excellent au demeurant, celui sur le confinement) était au final celui s'éloignait le plus de la thématique de la série, à savoir la production de jeux.

Cette critique porte sur la saison 1, je la modifierai après visionnage de la saison 2 si je le juge nécessaire.