Nadia : Le secret de l'eau bleue
7.3
Nadia : Le secret de l'eau bleue

Anime (mangas) NHK (1990)

Troisième création du studio Gainax (les premières étant Les Ailes d'Honnéamise et Gunbuster), Fushigi no Umi no Nadia (qu'on va raccourcir en Nadia) est né d'une idée de Hayao Miyazaki, sous la réalisation du jeune Hideaki Anno et des compositions de Shirō Sagisu. Autant dire qu'au vue de ce beau monde (et j'en oublie), il y a de quoi susciter l'intérêt. Et à raison.


Premier point que l'on note : Nadia a extrêmement bien vieilli. La disponibilité de la série en version Blu-Ray y est pour beaucoup. Mais on ne peut pas négliger la touche artistique de la série, à cheval entre les deux décennies de l'âge d'or du medium, qui lui donne un certain cachet de part son chara-design en pleine transition et ses couleurs chatoyantes. Un plaisir pour les yeux aidé d'une animation tout droit sortie d'un Gainax gonflé à bloc pour ce qui s'annoncera être les meilleures années créatives du studio.


Série d'aventure pur jus, l'action est dynamique et fait avancer le récit à un rythme soutenu. Nadia propose de nombreuses scènes fortes, parfois dures (je pense à l'épisode 15 avec la mort horrible d'un personnage), laissant dégager une réelle intensité à la série. Ces moments forts sont contre-balancés par des scènes légères, pour ne pas dire loufoques, avec le Gratan et son trio – qui font d'ailleurs fortement penser à une future création du studio, Gurren Lagan, la gestuelle de Sanson le rappelant régulièrement.


Faisant penser dans un premier temps à Indiana Jones, Nadia témoigne rapidement de son inspiration principale qu'est Vingt mille lieues sous les mers.
Inspiration particulièrement appuyée de part l'intrigue du récit d'ailleurs très semblable au film Le Château dans le ciel (qui reprend la même inspiration). Les similitudes entre la série de Gainax et le film de Miyazaki ne manquent pas, allant jusqu'à comparer certaines scènes entre elles. N'ayant pas lu le roman de Jules Verne, je ne peux pas noter la majorité des parallèles entre les deux œuvres. Je pourrais à minima mentionner la présence du Nautilus et de son capitaine Nemo, personnage particulièrement charismatique empruntant son chara-design à l'officier Global de Macross.


La série met en avant deux thèmes majeurs : la science et la guerre, ainsi que le rapport entre les deux. Si le thème de la guerre est ô combien répandu dans l'animation japonaise, c'est sans doute la première série animée que je vois qui va aussi loin dans l'exploitation de la science.


Montrant d'un côté les dangers de cette dernière. Avec ces civilisations empêtrées dans une folle course à l'avancée scientifique, provoquant leur disparition par leurs propres créations (un énième parallèle au nucléaire). Mais aussi de part la dépendance de l'Homme envers la machine qu'il créé.
Et montrant de l'autre part les bienfaits de la science. Car Nadia est avant tout une ode à la science, symbolisée par notre Jean national, petit génie fou d'inventions. Mais aussi et surtout le capitaine Nemo, véritable reflet du message à double facette de la série. En témoigne le 19ème épisode, notamment sa fin, véritable déclaration d'amour au progrès scientifique.


Si elle s'avère discrète dans un premier temps, la réalisation si particulière d'Hideaki Anno s'affiche de plus en plus au fil de l'avancée du récit, témoignant du ton de plus en plus grave de l’œuvre. Ainsi on y retrouve les prémices de ses prochaines créations. Avec des dialogues matures, parfois durs. Les personnages haut en couleurs, à la psychologie travaillée, torturés (Nadia, Nemo, Electra, …). Flash-back expérimentaux. Ou encore les scènes avec le Nautilus en action, intenses et jouissives, affichant le commandant Nemo multipliant les ordres à son équipage, déclenchant les innombrables mécanismes du sous-marin, le tout à un rythme particulièrement soutenu.


Parmi les doubleurs de la série je retiendrais Motomu Kiyokawa qui se démarque particulièrement, prêtant sa voix et son talent à un antagoniste imperturbable débordant de charisme dont chaque parole se fait écouter dans un calme total.


On pourrait également mentionner Shirō Sagisu, dont les compositions annoncent dors et déjà ses prochaines créations, tant celles d'Evangelion que KareKano pour ne citer qu'eux.
Mission réussie pour Sagisu, les musiques de Nadia sont variées et très belles, notamment le thème principal pour ne citer que lui.


Si la série avait prévu un format de 30 épisode, la production en a décidé autrement au vue de son succès. Ainsi 9 épisodes « filler » se sont rajoutés, ces derniers subissant un changement de réalisateur, et étant sous-traités par des studios répartis au Japon et en Corée. Cette partie est clairement médiocre, tant sur le fond que sur la technique, et va jusqu'à détruire le développement de certains personnages majeurs.
Afin de ne pas gâcher votre visionnage je vous invite à éviter comme la peste les épisodes 24 à 29, et 32 à 34. On parle d'épisodes plus que dispensables, et désavoués par Anno.


Heureusement, les derniers épisodes retrouvent la qualité globale de la série pour délivrer un final dantesque et particulièrement satisfaisant, faisant référence à Captain Harlock d'une part, mais surtout donnant une véritable vision de ce que sera l’œuvre culte du studio, Evangelion.


Le visionnage de Fushigi no Umi no Nadia s'avère très particulier lorsque l'on connaît les autres œuvres de Gainax, cette série préparant le terrain pour l'ensemble des prochains succès du studio. Si on pourra regretter l'influence néfaste des producteurs sur la série, maintenant que mon visionnage est terminé je ne peux qu'être satisfait devant une série aussi riche et complète.
La série d'aventure par excellence, une des meilleures qu'il m'ait été donné de voir.

Chnapy
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le 12 avr. 2017

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