Olive Kitteridge
7.8
Olive Kitteridge

Série HBO (2014)

Voir la série

Olive Kitteridge est notre mère, notre belle-mère, notre professeure

Il y a plusieurs années, je suis allé au cinéma voir un film danois appelé Les Oubliés. J'en suis sorti anéanti, une (grosse) poussière dans l'oeil. J'en avais discuté avec un autre cinéphile qui m'avait répondu : "c'était sympa mais pas aussi dingue que tu le dis".
Le succès de ce long-métrage n'a malheureusement été que critique mais cette expérience, pour le thème abordé, l'interprétation des jeunes acteurs et le récit impitoyable, a laissé chez moi des traces durables.
Pour reprendre les codes de la plateforme Sens Critique, il me semble que la différence entre un 9 et un 10/10 n'a rien à voir avec la qualité de l'oeuvre proposée mais fait plutôt écho au trouble personnel engendré par celle-ci. Comme Les Oubliés, Olive Kitteridge s'inscrit dans cette deuxième catégorie.


Un jour, lors d'un repas familial, ma belle-mère m'a conseillé cette mini-série en quatre épisodes brillamment portée par Frances McDormand. Assez bien pour que je décide de l'ajouter dans une liste de souhaits virtuelle mais pas suffisamment pour que je m'y attelle.


Olive Kitteridge est une professeure proche de la retraite ainsi qu'une épouse et une mère de famille exigeantes. Elle est incapable de se remettre en question et semble aussi mesquine que psychorigide, peu aimante et possiblement violente.
Et je dois reconnaître que, durant mon adolescence, j'avais une image sensiblement similaire de ma belle-mère. Jusqu'à ce qu'elle reconnaisse avoir pleuré en découvrant ma haine adolescente à son endroit fièrement revendiquée dans une pitoyable publication sur mon Skyblog. J'ai pu constater depuis que derrière la marâtre des contes de Perrault, il y a une femme soucieuse de mon bonheur.


Olive Kitteridge est notre mère, notre belle-mère, notre professeure. Elle agit mal pour son fils mais bien selon elle. Elle veut le meilleur pour les siens mais ne parvient pas à le montrer. Elle a fait des choix de vie, en regrette certains et se déteste - elle et les autres - pour les erreurs qu'elle ne parvient pas à oublier. Elle n'est pas un modèle, au contraire. Elle est humaine.


Voilà ce que montre cette série, rien de plus. Pourtant, le temps passe à une vitesse folle. Le regard de la caméra est authentique, l'image un peu vieillie fait prédire des chocs générationnels. Tout est vrai et c'est bien triste. Heureusement, une pianiste, personnage très secondaire mais qui traverse les époques abordées, apporte une juste touche de fantaisie dans cette éprouvante réalité.


J'ai fini de regarder la série et j'ai téléphoné à ma belle-mère. Je lui ai demandé si elle se reconnaissait dans le rôle d'Olive Kitteridge. Elle a hésité et m'a dit que non. "Tant mieux", lui ai-je répondu ; je lui devais bien cela.

HugoGausserand
10
Écrit par

Créée

le 10 mai 2020

Critique lue 150 fois

Critique lue 150 fois

D'autres avis sur Olive Kitteridge

Olive Kitteridge
Acid_VaultGirl
10

Du SFU en 4 épisodes

J'avais bien envie de me lancer dans cette mini-série car je suis toujours émerveillée par la présence de Frances McDormand. Pour le coup, j'ai été servi : c'est clairement son meilleur rôle. Cette...

le 28 sept. 2015

19 j'aime

2

Olive Kitteridge
easy2fly
8

Douloureusement émouvante

Avant d’être une mini-série HBO, Olive Kitteridge est un roman d’Elizabeth Strout paru en 2008, puis couronné du prix Pulitzer en 2009. Après sa lecture, Frances McDormand en acquis les droits,...

le 19 nov. 2014

16 j'aime

Olive Kitteridge
Plume231
8

Une série à l'intrigue "banale" forte et émouvante qui ne peut pas laisser indifférent !!!

Je n'ai pas lu le roman d''Elizabeth Strout donc je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec cette mini-série en quatre épisodes d'une durée chacun entre cinquante minutes et une heure. Mais...

le 8 nov. 2014

13 j'aime

Du même critique

Olive Kitteridge
HugoGausserand
10

Olive Kitteridge est notre mère, notre belle-mère, notre professeure

Il y a plusieurs années, je suis allé au cinéma voir un film danois appelé Les Oubliés. J'en suis sorti anéanti, une (grosse) poussière dans l'oeil. J'en avais discuté avec un autre cinéphile qui...

le 10 mai 2020

Le Monde d'hier
HugoGausserand
8

Stefan Zweig, « Une vie pour l'Europe »

"D'un seul trait de plume, le sens de toute une vie s'était transformé en non-sens ; je continuais à écrire, à penser en allemand, mais chacune de mes pensées, chaque vœu que je formais étaient du...

le 3 nov. 2018