Person of Interest
6.6
Person of Interest

Série CBS (2011)

Excellente surprise de cette saison 2011-2012 sur les networks américains.

Renouvelée dès mars aux côtés d'autres séries à succès de CBS comme NCIS ou Les Experts, Person of Interest a débuté sur la promesse d'une énième série à épisodes formatés pour fournir "l'enquête de la semaine" au téléspectateur au même titre que les autres séries que je viens d'évoquer. Passés les trois premiers épisodes, on comprend que le concept de la série créée par J.J. Abrams (Alias, Lost) et Jonathan Nolan (scénariste sur Memento et The Dark Knight et accessoirement frère de Christopher Nolan, réalisateur de ceux-ci) va plus loin que le simple formula-show.

En effet, le duo de justiciers mystérieux qui tente de résoudre les énigmes liées aux numéros de sécurité sociale que leur fournit la Machine tend par petites touches à dévoiler des portions de leurs passés respectifs. De la même façon, les personnages secondaires s'enrichissent et voient leurs rôles prendre de l'ampleur et amènent un aspect feuilletonnant peu prévisible au départ (à part pour le personnage de Carter, femme flic qui cherche dès le pilote à découvrir l'identité de John et Harold) et peu à peu, la série s'enrichit de menaces potentielles de haut niveau pour ces héros comme des membres de la CIA ou Elias par exemple. La structure des relations finit par se renforcer mais est souvent bizarrement imbriquée par un jeu de mystères savamment orchestré. Le jeu des acteurs est à la hauteur de cette série d'action à suspense, Jim Caviezel et Michael Emerson en tête. Et généralement la réalisation est très convenable, avec une gestion des combats assez réalistes qu'ils se passent au corps à corps ou par armes à feu.

Ce que l'on peut apprécier dans le scénario de cette série est en effet sa gestion des rebondissements comme sa réflexion sur la paranoïa et les méthodes expéditives de certains pour y faire face. John Reese, ex-agent de la CIA, semble la plupart du temps prêt à tout pour arriver à sauver un innocent. Il n'est pas rare de le voir tirer une balle dans les jambes d'un adversaire pour l'immobiliser sans aucune hésitation mais on le sent également prêt à "franchir la ligne" à plusieurs reprises dans la série. Ce personnage m'a souvent fait penser à un Batman sans costume : un justicier urbain, expéditif, peu bavard et dont la fin justifie les moyens... Et qui donne à cette série un questionnement moral évident. Parallèlement à cela, Harold multiplie les fausses identités, les firewalls et les cachettes différentes, en brouillant même les pistes auprès de son partenaire (et du téléspectateur également) et en soulignant par son action que tout le monde est surveillé.

Le concept paranoïaque de Person of Interest se retrouve dès le monologue du générique fait par Harold où il présente le principe de leur action et de la Machine qui leur fournit les identités par un simple numéro de personnes potentiellement impliquées dans des crimes violents par recoupement des différents types de surveillance qui puissent exister (écoutes, vidéosurveillance, etc). Visuellement, cela se retrouve dans la série où les ellipses narratives ou les flashbacks sont introduits par un extrait de ce qu'un ordinateur relié à ces systèmes de surveillance pourrait donner sur son écran, avec parfois des indices sur l'intrigue (frise chronologique, analyse des résultats par l'ordinateur, etc).

Excellente surprise de cette saison 2011-2012 sur les networks américains, Person of Interest digère au bout de 10 ans les relents paranoïaques d'un pays qui a subi le 11 Septembre et propose une série d'action avec un scénario plus élaboré que la moyenne dans ce domaine. Toutefois, l'équilibre semble encore un peu fragile en 1ère saison et il n'est pas dit que la capacité des scénaristes à gérer les rebondissements feuilletonnants comme à innover régulièrement sur la partie "enquête de la semaine" soit infinie... Mais ne boudons pas notre plaisir et apprécions à sa juste valeur cette série qui renouvelle un peu le genre policier-action sur les grandes chaînes américaines non câblées.

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Auteur : Eric
LeBlogDuCinéma
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Créée

le 18 mai 2012

Critique lue 476 fois

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