Pour moi, Éric Judor, c'était le chauve débile de la Tour Infernale (qui ne m'a jamais vraiment fait rire), de H (pareil), et Ramzo dans les Ratz. Puis j'ai vu Steak de Quentin Dupieux. Puis j'ai vu Problemos. Puis j'ai vu Platane. La fausse-vraie vie d'Éric, réalisateur mégalomane et médiocre, qui passe son temps à alterner entre coups de génie et catastrophes. Le protagoniste est la meilleure illustration possible de la balance karmique : tout se mérite, encore plus les conséquences des mauvaises actions.
Souvent perchée, rarement lourdingue, souvent très drôle, Platane m'a vraiment marqué. D'une part, les influences british de Judor se ressentent sans arrêt. Ricky Gervais est partout. D'autre part, parce que "le gogole" donne l'impression de vouloir casser cette image (Ramzy le lui répète sans cesse), mais ne fait au final que l'accentuer, toujours avec une auto-dérision qui frise l'auto-flagellation. Éric Judor est introllable, car il le fait très bien tout seul. Parfois réellement insupportable dans son comportement, il n'en reste pas fragile et profondément seul. Ce côté "dramatique" ne prend jamais le dessus sur la comédie, mais comment ne pas prendre en pitié cet éternel raté, persuadé de changer en or tout ce qu'il touche, tandis qu'il fait exactement le contraire ?
Bref, une série à la réalisation très propre, aux dialogues travaillés, et au jeu d'acteur franchement appréciable. Petite mention spéciale aux guests (Guillaume Canet, Monica Bellucci, Michel Hazanavicius, etc) et à certaines répliques que j'ai tenu à retenir :
"- C'est le Luc Besson Africain.
- Ah ouais, le Transporteur de bananes"
"- Les gens dans la rue se retournent quand je porte ces bottes, ça va cartonner.
- Non, les gens se retournent parce qu'ils croient que t'es un centaure"