Hélas!

Vous avez dit des moines ? Un tueur en série? Chic, on va jouer à se faire peur, confortablement calés dans nos fauteuils, et se prendre pour des détectives en essayant de trouver le coupable avant les enquêteurs.

Soyons honnêtes, les premières minutes attisent notre curiosité : une oreille humaine découverte par une petite écolière, au cœur d' un superbe paysage enneigé... On se croirait dans un thriller scandinave - et on sait qu'ils ont bonne réputation !

Scandinave ? Ce ne serait pas plutôt américain ? Les bisons , l' Indien au comportement étrange, sans oublier le consommateur au bar qui porte un chapeau de cow-boy ! ??

Mais non, en fait nous sommes juste à Mouthe le village le plus froid de France.

Bon, ça diminue tout de suite un peu l'atmosphère d'angoisse qui pouvait s'installer mais passons et voyons la suite...

Et c'est là que ça se gâte :

1 Le scénario de la série se borne à copier les recettes de films cultes, mais comme c'est très mal fait ça tombe complètement à plat ;

La première scène dans le monastère, où l'écrivain assiste à l'enterrement d'un moine, (justement celui qui l'avait fait venir dans ce village perdu pour lui révéler un secret!) ne peut qu'évoquer celle de l'enlumineur Adelme de Trente dans le génial « Le Nom de la rose ». Sauf qu'ici ils me font bien plus penser aux compères du Révérend Père Gaucher d'Alphonse Daudet (qui lui aussi distillait au monastère un fameux élixir!) L'ambiance inquiétante en prend un coup !

Le tueur pris, presque malgré lui, dans une spirale infernale qui le pousse à commettre de plus en plus de meurtres est un copié collé de « Fargo ».

L'installation des victimes dans des mises en scène aussi élaborées que macabres évoque par exemple « Seven » (Voir aussi la série « L'Art du crime »)

Dans le personnage de la tueuse cinglée qui séquestre son auteur favori pour le forcer à produire un nouveau roman on reconnaît évidemment l' héroïne de Misery de Stephen King.

Etc...

Bref, question originalité, c'est zéro !

Sans parler du manque de suspense : on devine tout de suite qui est à l'origine de tous les crimes et les deux derniers épisodes traînent lamentablement en longueur...

2 Pour être en phase avec notre époque, une série se doit d'être « politiquement correcte ». Celle-ci coche toutes les cases :

Le personnage du « chaman » indien . Après les avoir massacrés pendant des siècles sous prétexte qu'ils auraient été des sauvages sanguinaires, on les voit maintenant comme les premiers écolos et on fait référence à leur philosophie et leur sagesse. SAUF QUE les vrais Amérindiens ne peuvent pas supporter ces bobos blancs qui se déguisent en Indiens (Ils les appellent des Wannabees) Mais un Indien ça fait toujours bien dans  le tableau!

Une femme de couleur à un poste de pouvoir. ( MAIS j'avoue que je n'arrivais pas à comprendre la moitié de ses propos. Pour une commandante de gendarmerie qui doit donner des ordres et se faire comprendre ça peut poser problème.)

Le couple de gendarmes gays. MAIS qu'est- ce que le fait de mettre en avant leur orientation sexuelle apporte à l'histoire ? Absolument RIEN !

(Entendons- nous bien : je n'ai absolument rien contre les homosexuels, ! C'est l'utilisation systématiques de ce thème dans les fictions aujourd'hui qui m'insupporte.

3 A part Jean-Paul Rouve qui a su tirer son épingle du jeu et brosse un portrait plutôt réussi de l'écrivain, le jeu des autres acteurs est pitoyable ( déjà, s'ils pouvaient articuler correctement, ce serait un début!) rendant leurs personnages très peu crédibles …

Au final, une comédie policière très franchouillarde, volontairement loufoque, certes, mais involontairement ratée.