Princess Principal
6.8
Princess Principal

Anime (mangas) Tokyo MX (2017)

Plus proche de Guilty Crown que d'un Code Gease

Princess Principal a été avec Classroom of the Elite une série que je n'attendais pas, qui a su me créer de fortes attentes au début, qui ont été en grande partie déçue. Malgré tout disons le tout suite, c'est un bon anime. L'animation est de qualité, les paysages également et l'OST, bien que je n'aime pas ce style, est magnifique et colle tout à fait avec l'ambiance steampunk. Petite critique sur l'interprétation de seiyuus qui n'est pas mauvaise mais ne m'a pas marqué pour autant et les émotions ne sont pas assez mis en avant par la voix. Vous passerez un bon moment si vous cherchez un anime sans prise de tête.


L’histoire avait tout pour me plaire. De l'espionnage qui est traité assez sérieusement. On est loin des délires à la James Bond et plus sur le travail quotidien des espions (filatures, décodages, mise sur écoute, etc.) tout en ayant des scènes d'actions sympathiques. J'ai eu peur en voyant que nos espions étaient toutes de jeunes lycéennes mignonnes, mais le scénario crée une raison logique à cela. Elles infiltrent la prestigieuse école Queen’s Mayfair pour recruter la princesse comme espionne pour la république. Surtout, il faut reconnaître qu'elles ont globalement des personnalités assez matures, ce qui change et fait du bien. Elles sont formées à l'espionnage et compétentes et on évite les scènes burlesques. On a quelques scènes d'humour avec Béa qui n'est pas une professionnelle, mais ça passe et c'est pas trop lourd. Pour seulement 12 épisodes, leur développement est correcte et satisfaisant.


Le personnage principal d'Ange me semble trop cheatée. Elle surclasse tout le monde et alors que l'espionnage est censée reposer sur la furtivité sous peine de mort, elle arrive sans problème à vaincre des bataillons de soldats lorsqu'elle se fait repérer. Certes, on a ainsi droit à des scènes d'actions mémorables, notamment grâce à l'utilisation de sa sphère volante, mais cela nuit trop à la crédibilité. Sur ce point, on a aussi une caricature de japonaise qui tue des soldats armés de fusils et de grenades avec un katana qui lui permet de dévier les balles. Mais ce personnage permet des scènes sympathiques sur les problèmes de compréhension culturel entre Orient et Occident. On a également droit à l'espionne à forte poitrine qui joue de ses charmes pour charmer, mais le fan service n'est pas présent pour autant. Enfin, un mot sur la princesse qui est loin des clichés du genre. Gentille publiquement pour des raisons politiques, elle se montre manipulatrice et calculatrice sur le plan politique.


C'est sur ce dernier que se trouve ma principale critique de la série qui fait qu'elle se limite au niveau d'un Guilty Crown, mais reste loin de celui de Code Gease. On nous propose une uchronie sympathique avec du potentiel créant l'ambiance steampunk dans la ville de Londres au 19e siècle divisé en 2 par un grand mur (l’est et l’ouest). La référence à la guerre froide est évidente mais là se trouve pour moi la grosse faiblesse, le contexte géopolitique nous est présenté comme central mais n'est jamais exposé. Pourtant, on s'attend à du lourd puisqu'on a au scénario Ichirō Ōkouchi de Code Gease, mais la série enchaine les erreurs basiques sur ce point :


-  Le contexte politique se limite à la division de l'empire entre la république et la royauté. La série évite pourtant le manichéisme. On se rend compte que la république n'est pas parfaite et qu'il y a des luttes d'influence entre des faucons, partisans de la guerre, et des colombes préférant la guerre froide et l'espionnage. Mais rien de cela n'est expliqué. A l'avant dernier épisode on apprend subitement que les services secrets sont tombés entre les mains des faucons, mais on n'aborde jamais la question de cette lutte de pouvoir et cela est imposé comme un fait. Or, ces deux vision (qui sont celles qu'on avait durant la guerre) me semble très intéressante et aurait pu être abordé avec en toile de fonds la place des espions dans ces luttes de pouvoir au sein de leur propre camp.   
- Contrairement à Code Gease, on ne nous présente pas une carte où l'on peut voir la situation géopolitique mondiale. On sait que le Japon et la Russie existe et c'est tout. Quand commence l'uchronie ? Dans Code Gease, c'est avec la révolution française, mais ici on ne le sait pas ! Au début, un discours qui nous dit que l'Angleterre a vaincu l'Empire Romain, mais est-ce à dire que Rome n'est pas tombée aux mains des barbares en 476 ou qu'il s'agit du Saint Empire Romain Germanique, débrouillez vous pour savoir ! La situation de la France est aussi problématique. Est-ce une conquête où l'Angleterre a-t-elle gagné la guerre de 100 ans et former une union avec nous ? On peut supposer que ce n'est pas une colonie car dans le dernier épisode pour contrer les troupes coloniales, il est fait appel des troupes de la métropole originaires de Rouen.
- L'empire colonial est mentionné mais on ne sait aussi rien de lui. Pourtant, une révolte émane car il y a des discriminations envers les colonies, mais le problème est évoqué une fois pour justifier l'action des troupes coloniales sans être développé. Encore une question centrale, liée à la guerre froide là encore, mais qui n'est que mentionné. De même, on nous parle des familles séparés par le mur, mais aucun épisode ne mentionne cette thématique, alors que l'objectif de la princesse est de réunir ces familles. On nous propose pleins de technologies sympathiques mais sans jamais les développer, elles sont la pour le décor seulement.
- Surtout, les épisodes n'ont aucune cohésion. Ils sont mélangés dans la chronologie au point de s'y perdre. Seules les trois derniers ont une suite logique. A un épisode, un espion rival est mis sur écoute à l'école, mais cela n'est jamais exploité par la suite. C'est une suite d'histoire sans rapport avec la suite de l'histoire. Il y a des incohérences. A un moment, une héroïne affronte un groupe de bandits. Elle les recroise 3 épisodes après, mais ceux l'ont oublié (tout comme elle les a oublié). Peut être est-ce parce cette épisode s'est passé avant, mais alors pourquoi ils ne se sont pas reconnus la première fois qu'on les a vu ? Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres.
- Enfin, la dernière faiblesse du scénario est le "méchant", le chef des services secrets du royaume, le duc de Normandie. Il est totalement inutile et vous placez l'idiot du village à sa place, ca fera le même effet. Pour montrer qu'il est méchant, on lui fait tuer ses propres agents, mêmes quand ils réussissent leur mission ! Quand on sait que créer un réseau d'espionnage prend du temps, ce qui est montré dans l'anime, tuer ses agents c'est pas très malins surtout quand ceux-ci réussissent. Il recrute du personnel douteux pour des missions clés. Ainsi pour retrouver des documents secret défense, il fait appel à un ivrogne, manchot ayant des problèmes comportementaux sans aucune compétence pour l'espionnage. Et le summum, lors du final alors qu'il sait qu'il y a un complot, il ne fait rien, même lorsque la salle où il est avec la famille royal voit le toit s'effondrer par du C4 et qu'il entend des combats autour. On se dit qu'il veut laisser tuer la reine pour prendre le pouvoir, mais non lui aussi reste là avec elle à attendre bêtement.

Pour conclure, c'est malgré tout un bon anime par sa qualité graphique et son ambiance. Mais il ne faut pas trop se poser de questions. L'uchronie est intéressante et riche, mais elle n'est là que pour le décor, ce qui m'a énormément frustré. Ce manque de développement et l'incohérence chronologique entre les épisodes fait qu'il n'y a pas vraiment d'enjeu, ni même d'intrigue. On suit des missions sans lien les unes avec les autres. Bref, un anime à regarder mais qui ne vous posera pas de questions alors qu'il avait posé les bases pour le faire.

KevinWursthorn
8
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le 22 oct. 2017

Critique lue 788 fois

2 j'aime

Kévin 451

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