D'une série révolutionnaire à une série B

ATTENTION : l'article qui suit contient des spoilers, ne le lisez pas si vous n'avez pas vu l'intégralité des quatre saisons de la série.

Prison break est une série particulièrement difficile à juger. Tout d'abord révolutionnaire, elle a petit à petit tourné vers une série B ne se préoccupant plus vraiment de la cohérence scénaristique. Voici une analyse saison par saison.

Saison 1 : Michael Scofield est un brillant ingénieur en génie civil dont le frère, Lincoln, vient d'être condamné à la chaise électrique. Convaincu de son innocence, il va élaborer un plan particulièrement complexe pour le rejoindre en prison, et le faire évader. Incontestablement, cette saison a fait de Prison break la légende qu'est la série aujourd'hui. Scénario minutieux, renversements de situations cohérents et inattendus jusqu'à la traque finale, cette première saison se dévore de A à Z. Elle permet en outre de connaître des personnages qui feront son succès jusqu'à son ultime saison. Michael Scofield et son frère Lincoln Burrows bien sûr, mais aussi le psychopathe T-Bag, dont l'acteur réalise une performance époustouflante, Fernando Sucre, Benjamin Franklin ou autre Sara Tancredi. Parmi les mentions particulières, citons Brad Bellick et Paul Kellerman, dont les évolutions marqueront la suite de la série. La quasi intégralité de la saison est tournée dans un seul et unique univers, celui de la prison de Fox River, où se prépare l'évasion finale. Celle-ci est extraordinairement planifiée, et le danger de l'univers carcéral est bien rendu. Au final, huit prisonniers quittent Fox River et la série aurait pu s'achever ainsi.

Saison 2 : Nos huit évadés doivent maintenant échapper à leurs poursuivants, les gardiens de la prison, le FBI, des agents du gouvernement. Soyons clairs : lorsque Prison break veut se lancer dans de l'intrigue politique avec de la conspiration, elle se rate totalement. Elle souffre sûrement de la comparaison avec la série reine en la matière, 24 heures chrono. Ainsi, on commence à percevoir que les idées qui tournent autour du Cartel sont laborieuses et totalement surréalistes. La vice-présidente des Etats-Unis est un personnage sous-exploité. On découvre malgré tout lors de cette saison l'un des meilleurs personnages de la série, l'agent du FBI Alexander Mahone, homme torturé et brillant. Même si cette saison souffre de quelques incohérences, elle est d'un excellent niveau, presque au même titre que la précédente. Comment vont finir les huit de Fox River? Une question qui nous poursuit le long des 22 épisodes, avec en parallèle la recherche de magot de Westmorland. Au final, nos héros se retrouve à Panama et Michael est emprisonné. Clairement, la série aurait dû s'arrêter là.

Saison 3 : Très mauvaise. On reprend les bases de la saison 1, on inverse les rôles (c'est désormais Lincoln qui aide Michael à s'évader), on place le tout dans un univers miteux au beau milieu d'un pénitencier du Panama, et on voit ce qu'il se passe. Heureusement, la saison a été réduite à 13 épisodes en raison de la grève des scénaristes. Il ne se passe pas grand chose de cohérent et d'intéressant. Même l'instant d'émotion qu'aurait du susciter la mort de Sara est raté et pour cause : elle n'est pas morte en fait ! Avec une excuse béton : Lincoln n'a pas bien pu voir la tête se tenant dans une boîte en raison de l'obscurité... Un point positif malgré tout, l'émergence d'un personnage mystérieux et charismatique en la personne de James Whistler... qui sera lui aussi sous-exploité (cf saison 4). Clairement, cette saison 3 marque le début du règne des incohérences qui vont faire de Prison break la série phare des séries B américaines.

Saison 4 : Pas si mal finalement et bizarrement. Bizarrement car le nombre d'incohérences et de ficelles énormes utilisées est incroyable. En vrac : la mère de Michael est en fait vivante (oui la série à un don de résurrection). La mère de Michael s'avère être la plus dangereuse personne au sein du Cartel. Lincoln n'est pas le frère de Michael. Le traitre Don Self travaille de nouveau avec ceux qu'il a trahi, sans aucun problème. Le Cartel a infiltré toutes les organisations d'importance du pays. En quelques épisodes, Michael et sa bande parviennent à pénétrer dans des bâtiments surprotégés pour copier des données ultra-confidentielles. Ajoutons à cela les faux-suspenses que les scénaristes s'amusent à créer : un personnage X tient en joue un personnage Y avec son arme. "Fais tes prières". Pan, un coup de feu. Qui provient d'un personnage Z, qui vient de sauver le personnage Y. Une fois, cela marche bien. Quinze fois, on soupire de désespoir. De plus, James Whistler, apparu lors de la saison 3, disparaît dès le premier épisode de la saison. Quant à Paul Kellerman, dont l'évolution en fin de saison 2 aurait pu permettre de faire de ce personnage un personnage clé de l'intrigue, il ne réapparait que lors du dernier épisode de la saison pour confier Scylla, objet de toutes les convoitises et de tous les dangers, à une personne de confiance et apporter la tranquillité aux héros. Après une ellipse temporelle, on découvre ce que sont devenus les personnages principaux de l'intrigue : T-Bag retourne en prison, Kellerman est devenu sénateur, Michael est mort. Une bonne façon de finir cette série dont l'évolution n'aura clairement pas joué en sa faveur. Même si, je le répète, cette saison 4 est plutôt divertissante malgré tout.

Et maintenant? : Finir cette série? Hé bien peut être pas. Ces dernières semaines on annonce un retour des aventures de Prison Break prochainement. Et devinez quoi? Michael Scofield serait en fait toujours en vie. Car oui, Prison Break permet des résurrections improbables. Ce qui est le propre des résurrections, cela-dit.