Rabbits
7
Rabbits

Websérie (2002)

Rabbits est une interférence, quelque chose qui, au temps de sa conception, n'a pas lieu d'être. Et pourtant cela est, et de la manière la plus paradoxale qui soit.


En adoptant la forme théâtrale, et la privant de ce qui la rend vivante - la présence d'un public, témoin d'un instant - nous confrontant à une oeuvre qui a été actée sans témoins autre que ces créateurs, Lynch ne prédit en rien une évolution formelle; il fait de la double mort d'un théâtre acté sans spectateurs son oeuvre: une pièce morte. Et cette mort est d'autant plus sinistre, qu'elle n'est jamais montrée.


Les gestes sont lents. Et la parole semble indépendante des corps, étrangère, décalée.


Tout est question de décalage, que ce soit les rires, applaudissements enregistrés, comme si notre pièce morte faisait mine de ne pas l'être, comme si son drame voulais être comédie.
Ce qui fait que Rabbits est un paradoxe, une oeuvre dont le concept n'aurais normalement pas lieu d'être, est que son mouvement interne va toujours à l'encontre de lui même, que chacun de ses composants est doublé systématiquement de son contraire.
Ce que Rabbits est, et ce qu'il raconte, est une impasse.


Toute mesure du temps est prohibée; il n'y a pas de début, ni de fin à proprement parler, pas d'évolution visible, pas de trame. Parfois, des pas étrangers qui résonnent derrière la porte, un téléphone qui sonne longuement, et la pluie, que l'on devine au dehors, tombe sans répit.


C'est dans ce temps gelé que surgit l'horreur indescriptible qui s'encre profondément dans l'étreinte du silence.

locsi
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Top 10 Séries

Créée

le 13 sept. 2016

Critique lue 739 fois

10 j'aime

locsi

Écrit par

Critique lue 739 fois

10

D'autres avis sur Rabbits

Rabbits
locsi
10

Fin de partie

Rabbits est une interférence, quelque chose qui, au temps de sa conception, n'a pas lieu d'être. Et pourtant cela est, et de la manière la plus paradoxale qui soit. En adoptant la forme théâtrale,...

le 13 sept. 2016

10 j'aime

Rabbits
JimBo_Lebowski
7

Terrier urbain

"Rabbits" est un court-métrage réalisé par David Lynch juste après "Mulholland Drive", une sorte de mini sitcom glauque mettant en scène trois lapins anthropomorphes dans un petit appartement...

le 25 oct. 2014

9 j'aime

Rabbits
Fatpooper
7

Une vérité qui dérange

Pour une fois j'ai trouvé que la longueur se justifiait, même si du coup, Lynch profite de ce temps pour élargir la thématique, décrédibilisant ainsi peut être cette oeuvre. Personnellement j'y vois...

le 22 mai 2012

4 j'aime

Du même critique

Nomadland
locsi
3

Les marges du politique

Il y a quelque-chose de presque bâtard dans la façon dont Chloé Zhao semble vouloir mêler les codes de la docu-fiction réaliste avec une esthétique de l'épiphanie individuelle quasi-malickienne sans...

le 8 juil. 2021

25 j'aime

5

Rabbits
locsi
10

Fin de partie

Rabbits est une interférence, quelque chose qui, au temps de sa conception, n'a pas lieu d'être. Et pourtant cela est, et de la manière la plus paradoxale qui soit. En adoptant la forme théâtrale,...

le 13 sept. 2016

10 j'aime

Vers l'autre rive
locsi
7

Oui je chiale pour des fleurs en papier moi

Et je le sais pourtant que je devrait être moins généreux envers ce film, et elle me titille cette part rationnelle en dedans de moi qui me dis que bon dieu, c'est beau, c'est très beau même, mais...

le 26 oct. 2015

7 j'aime

2