Après avoir joué dans des séries telles que Deadwood ou Sons of anarchy, Ray McKinnon passe à la vitesse supérieure en prenant les commandes de Rectify. Pour son baptême, l’auteur a un domaine classique mais pouvant être traité de diverses façons. Ce thème est tout simplement les relations humaines au sein d’une petite communauté, celle-ci comportant bien sûr des personnes au passé trouble.
Ici, le retour d’un homme, échappant au couloir de la mort, va provoquer des réactions variées aux conséquences parfois désastreuses. La particularité de la série est de choisir un protagoniste s’excluant volontairement de la société, à juste titre.
La plupart du temps, lorsque l’on se retrouve dans ce type de séries, la personne exclue est souvent celle envers qui on éprouve le plus d’empathie. Dans notre cas, il est plus difficile étant donner que l’homme continue de s’isoler du monde externe malgré la fin de sa détention. Pour autant, son comportement est compréhensible : Où se trouve sa place dans une société qui ne l’a pas attendu pour évoluer ? Comment rattraper 20 ans de sa vie d’un point de vue technologique et sociale ? Quelles sont les séquelles que laisse un tel isolement pour une si longue durée ? Comment réussir à se réintégrer alors que l’on a été enfermé tels des animaux durant plusieurs années ?, telles sont les questions soulevées par cette série.
L’intelligence du réalisateur est de passer ces interrogations via la mise en scène et évite ainsi de tomber dans d’éternelles discutions pseudo-philosophiques qui n’aurait fait qu’entacher l’ensemble. Logique donc d’avoir tout au long de la saison des flashbacks de son incarcération, on comprend ainsi ce qu’il a traversé durant ses 20 années. De même pour nous montrer sa difficulté à perdre sa routine pénitencière, l’auteur juxtapose des plans de sa cellule et de sa chambre. Des éléments de ce style, Rectify en regorge et permet de mieux comprendre pourquoi Daniel se comporte ainsi.
Outre le retour de cet homme, on voit aussi comment la communauté vit cette libération. On voit ainsi comment sa famille essaye de le blanchir et doit faire face à l’hostilité d’une partie de la population. Ces confrontations vont permettre de dynamiser le récit et découvrir les motivations de chacun. Entre certains politiciens voulant assurer leur côte de popularité, la famille de la victime convaincue qu’un meurtrier a été libéré et d’autres citoyens persuadés de l’innocence de Daniel, la famille de celui-ci ne risque pas de retrouver une vie paisible.
Outre le vécu de notre personnage principal, c’est aussi sur ces différentes interactions que l’auteur décide d’orienter sa série. Il positionne ainsi sa saison vers un drame intimiste. Un choix judicieux qui a malgré tout ses limites. En effet, à trop s’attarder sur les rapports humains et les doutes qui les traversent Rectify gagne en profondeur mais perd en rythme. On suit donc le trajet des différents protagonistes avec attention mais on regrette que ces moments ne soient pas entrecoupés par d’autres faisant avancer les démarches pour innocenter Daniel.
De plus, d’autres événements sont trop rapidement occultés alors qu’ils semblent être des tournants dans le récit. La seule explication à ses ellipses est que ces éléments seront surement explorés dans une seconde saison, prévu pour 2014.
En somme, Rectify réussir à capter l’attention en prenant le parti pris d’axer sa saison sur les conséquences humaines d’un telle événement. Le défi pour Ray McKinnon est de maintenant injecter une histoire policière sous-jacente pour dynamiser l’ensemble. Qui est le véritable assassin ? sera une des questions qui devra occuper une partie de la prochaine saison sous peine de s’enliser par manque de rebondissements.