Red Data Girl
5.6
Red Data Girl

sérieTokyo MX (2013)

Il faut savoir remercier son cerveau et ses comparaisons simplistes de temps en temps: il ne m’a pas fallu longtemps avant que je ne classe Red Data Girl comme le «Harry Potter du Japon».

Dès la fin du premier épisode en effet, je n’ai pas pu m’empêcher de comparer les deux héros: Suzuhara Izumiko est une adolescente de notre monde moderne que l’on pourrait penser presque normale au départ mais qui va s’avérer rapidement être une personne exceptionnelle malgré elle. Entraînée par des adultes dans un univers qu’elle ne comprend pas, Izumiko n’a d’autre choix que de suivre la voie d’une mystique dans un Japon baigné de féerique.

Maintenant quand je parle d’Harry Potter, j’ai en tête mes souvenirs de gamin, celui qui a dévoré les trois premiers bouquins en un instant, les a lu et relu, ne pouvant plus se passer des aventures fantasy vécues par un garçon de son âge et de son temps. Red Data Girl, une série de livres à la base qui connaît un certain succès au Japon, se place dans la même lignée, même si davantage ciblé pour les jeunes filles. Une perspective féminine subtile qui est surtout visible chez l’héroïne principale et au niveau de la romance: Miyuki Sagara, le personnage masculin principal, joue en effet parfaitement le rôle du chevalier servant un peu rebelle.

Mais revenons à l’anime en lui-même. Red Data Girl, c’est avant tout l’aventure d’Izumiko et ses rencontres avec des entités extra-ordinaires qui vont lui permettre petit à petit de comprendre son environnement. Son lien avec l’une de ces «divinités», l’Himegami sert de fil conducteur pour l’intrigue principale, plus sombre. Mais la plupart du temps, l’atmosphère reste celui d’un conte moderne plus léger et les aspects ordinaires d’une fille de quinze ans sont à l’honneur: rencontres, amitiés, questionnements, un peu de romance... L’originalité vient que ces aspects se passent autour d’une école pas ordinaire, orienté vers la magie, ou plutôt le Shugendou, un cadre particulier et plaisant à découvrir dans son ensemble.

Je vois déjà des gens sourciller à la mention d’ «Himegami» ou de «Shugendou». Oui, la série est aussi un contact avec les croyances «traditionnelles» du Japon(shintoïsme, bouddhisme), et le folklore légendaire nippon transparaît à chaque instant: kami, fantôme, mantra, mudra, etc.

Si l’expérience peut s’avérer un peu déboussolante pour le spectateur occidental, la barrière est loin d’être insurmontable. Découvrir Red Data Girl, c’est comme découvrir n’importe quel monde fantasy. Faut-il connaître la vie de Chiron à chaque film où apparaît un centaure? Faut-il lire le Chevalier de la charrette pour apprécier les oeuvres modernes sur la Table Ronde? Je ne pense pas non. Certes, certaines références, les costumes par exemple, ne parleront pas à beaucoup d’entre-nous mais en ce qui concerne la trame principale, Red Data Girl nous donne au fur et à mesure des épisodes les éléments nécessaires pour appréhender son histoire.

Cela dit, et là les choses tournent mal, plusieurs problèmes de narration viennent en partie gâcher la série. Tout d’abord, si la plupart des éléments de l’histoire finissent tôt ou tard par nous être expliqués, d’autres restent dans la brume jusqu’au bout: actions nébuleuses(apparition wtf de Tabi), dialogues sybillins et motivations obscures restent sur scène comme un mauvais pitre dans l’attente d’une canne salvatrice qui ne se montre pas.

Plusieurs raisons: premièrement, l’auteur a peut-être été volontairement abstraite sur certains points. L’adaptation quant à elle a certainement eu du mal à retranscrire tous les détails en seulement douze épisodes. D’ailleurs les ellipses entre les épisodes ne sont pas toujours réussis et je ne dois pas être le seul à s’être posé une fois la question si oui ou non j’avais sauté un épisode. Enfin et le principal reproche à faire à l’anime, l’adaptation de Red Data Girl ne reprend que les cinq premiers livres et laisse en plan le dernier tome qui doit couvrir le reste de l’histoire. Résultat, la trame principale est en suspens, des points fondamentaux restent à éclaircir et de manière générale, la fin s’avère frustrante à bien des égards.(pas de signes d’une suite jusqu’à présent)

C’est d’autant plus dommage qu’il y a pas d’autres grands reproches à faire car le talent de P.A Works répond encore une fois à l’appel: bon graphisme, une animation vivante et claire. Les musiques sont également bonnes, les personnages à défaut d’être toujours sympathiques(pire papa de l’année) sont bien développés et j’ai trouvé Izumiko de plus en plus attachante au fil des épisodes.

Aventure singulière, belle à regarder, c'est une série que j’ai plutôt aimé et qui réunit beaucoup de qualités, mais dont la fin inachevée et la narration parfois brouillonne rendent l'accès difficile.
Skidda
7
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le 15 juil. 2013

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Skidda

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