ReLIFE
7.1
ReLIFE

Anime (mangas) Tokyo MX (2016)

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Je recommande vivement. Il s'agit d'un animé où dans un cadre fantastique d'arrière-plan on apprécie des tranches de vie qui ont une certaine grâce. Il y a quelques défauts, mais c'est( un animé qui sait toucher les cœurs avec intelligence.
Pour une histoire complète, il faut faire se succéder une série de treize épisodes et une seconde de quatre épisodes dits OAV.
Le prétexte à l'histoire est bardé de défauts auxquels je vais faire un sort, mais cela ne veut pas dire que je suis mitigé quant à ce prétexte : au contraire, je l'apprécie à quelques points près et je vais souligner son absurdité en disant bien qu'il ne faut vraiment pas s'arrêter à cela.
Le héros principal a démissionné d'un poste intéressant au bout de trois mois, ce qui a eu des conséquences désastreuses sur sa vie professionnelle. Il est désormais condamné à des petits boulots à mi-temps qui ne nécessitent pas de diplômes et il est devenu clair qu'il ne pourra jamais s'en relever. Cela respire le réalisme de la description du monde du travail du Japon et l'absurdité d'un monde du travail gouverné par les théories farfelues en ressources humaines, par la mise en avant aberrante des CV, par les entretiens d'embauche qui attendent la vocation et l'expression de notre originalité, de nos tripes, par la peur chez les gens des ressources humaines de la personne à l'essai et de la formation sur le tas, par le refus qu'une personne compétente dans telle domaine puisse se réorienter, par les propositions d'embauche où l'employeur exige des connaissances de logiciels ou des années de pratique, etc. L'animé ne soulève pas toutes ces questions, mais c'est sa toile de fond. On sent la hideur du monde du travail contemporain, et particulièrement avec sa forme radicale japonaise où être quasi chômeur devient une mort sociale. Un autre sujet important du monde du travail est soulevé et va revenir à plusieurs reprises dans cette série : celui du harcèlement lié à la compétition entre les cadres avec en particulier le problème machiste du harcèlement envers les femmes atteignant des postes à responsabilités. Rien de tout cela n'est approfondi, mais c'est donc le cadre dans lequel nous sommes immergés, et on comprend que c'est plutôt un animé pour des gens ayant une certaine maturité, des gens capables de comprendre un peu ce que signifient implicitement les situations dans lesquelles sont plongés les personnages. Nous n'apprendrons pas immédiatement les vraies raisons profondes de cette démission, cela va être dévoilé progressivement.
Le héros a perdu la confiance en soi et a vécu des épreuves douloureuses. A 27 ans, il ne joue pas une comédie pathétique à pleurer, sa vie est réellement mal engagée. Ses parents lui font comprendre qu'il doit voler de ses propres ailes, qu'ils n'enverront plus d'argent, avec tout ce que cela suppose comme marque d'infamie humaine involontaire, car cela s'accompagne évidemment d'un jeu de reproche tacite de leur part.
Soudain, un homme providentiel apparaît. Il propose au héros de recommencer son année de terminale, en acceptant d'être suivi, observé, et à la fin de l'expérience, si celle-ci est concluante, des offres d'emploi lui seront soumises. Mais ce projet baptisé "ReLIFE" est quelque peu fantastique. Notre héros n'a qu'à ingérer une gélule pour prendre, moyennant un petit somme, l'apparence physique d'un lycéen de dix-sept ans, même si son corps sera toujours celui d'un homme de 27 ans avec le passif de son manque d'exercice depuis la fin du lycée. Et s'il veut retrouver son apparence adulte, ce qui lui sera autorisé ponctuellement, il faut qu'il en fasse la demande, qu'il en obtienne l'autorisation, mais là encore il suffit d'une gélule et ça s'inverse. Attention, c'est déjà assez invraisemblable comme ça, et il faut donc bien comprendre que la gélule ne fait que lui donner une apparence trompeuse du corps et du visage, il a toujours physiquement 27 ans, ce qu'il réalisera lors des épreuves de sport par exemple, l'animé exagérant même le vieillissement du corps à 27 ans (ils ont dû confondre avec 35 ans ou 43 ans ?). L'autre truc fantastique, c'est que l'organisation ReLIFE se prétend capable à la fin de l'expérience de laver tous les souvenirs des lycéens et des professeurs que notre héros va rencontrer. C'est un peu gros. Pendant un an, le gars fait ce qu'il veut en tant que lycéen, mais au bout d'un an l'agence est capable d'effacer son souvenir de la mémoire de dizaines, centaines ou milliers de personnes. Bref, on comprend qu'il ne faut pas s'attarder inutilement sur les problèmes de logique, le problème de la photographie sera partiellement l'objet d'un scepticisme de certains protagonistes, mais je passe. Evidemment, si le personnage rompt le contrat, on lui efface ses propres souvenirs d'homme rajeuni, ce qui est moins invraisemblable que ce quej e viens de dénoncer, mais le reste quand même. Je vous passe pour ne pas spoiler ici l'autre difficulté du traitement de la mémoire chez les sujets des expériences ReLIFE. Autre prodige, le héros ne va pas changer d'adresse, il a son appartement et ne vit pas chez ses parents, mais il va réussir à couper un an les ponts avec ses parents et ses amis en leur annonçant qu'il ne les verra plus pendant un an, tout simplement, et donc rien n'est fait pour le préparer à cacher sa vie extérieure au lycée aux lycéens, ce qui permettra quelques petites scènes de mise en danger de toute façon.
Bref, notre héros va donc repartir au lycée et être observé. Mais, alors qu'on s'attend à ce qu'il bosse son année de terminale, à ce qu'il se reprenne en mains pour une vie professionnelle, il ne va être question que de sociabilité, de relations humaines, d'amours de lycée. Il faut avouer qu'un programme aussi ambitieux qui ne plonge les personnages que dans des histoires de relations humaines aussi basiques c'est un peu déconcertant. Le projet n'est pas du tout cohérent et n'a rien à voir avec une remise en forme des êtres pour une meilleure vie sociale. C'est plutôt de la guérison psychologique empirique à laquelle on assiste. En même temps, pour tous ceux qui, comme moi, lors du premier épisode, anticipent au quart de tour tous les dangers, toutes les perversions du système, on constate qu'il y a une torture malsaine qui s'immisce dans l'expérience et sur laquelle l'animé joue, mais sans s'en offusquer, et là pour le coup j'ai une sévère critique quant à la fin optimiste de l'animé sur l'expérience ReLIFE. C'est un projet malsain, parfaitement inacceptable, et d'ailleurs la fin implique justement, même si les auteurs n'ont pas bien l'air de s'en rendre compte, un désaveu frontal des principes du projet. Je n'en dis pas plus. Nous avons même une perle sur la possibilité pour un sujet de commettre des petits crimes anodins, puisque les victimes n'auraient aucun souvenir du voleur, abuseur, etc., après l'année d'expérience ReLIFE. Faut juste pas se faire gauler par l'organisation elle-même, dirait le chercheur de la bonne occasion.
Inévitablement, il y a un petit suspense superficiel sur la composition de cette classe de lycée. Le héros est-il seul adulte rajeuni dans la classe ? Qui est ou qui sont les observateurs ? Ont-ils rajeuni ou pas ? Le suspense est tué dans l’œuf, car normalement on comprend tout au quart de tour. Je n'ai même pas réfléchi, médité. C'était immédiat.
Et, évidemment, si l'expérience ne doit durer qu'un an ? Qu'est-ce qui peut arriver de mieux ou de pire, c'est selon ? Un amour partagé et très très engagé d'un côté comme de l'autre. De mieux, car il y a une magie à revivre un amour en lycée avec un recul d'adulte, sans parler du côté "Cueille le jour" ou "refais ça, t'auras pas une troisième chance". De pire, car il y a la contrainte de ne pas révéler qu'on est un sujet et que au bout d'un an on fait reset avec cet amour-là aussi.
On comprend que le dernier épisode de l'OAV vaut de l'or, et il est très bien fait.
On peut critiquer la superficialité de certaines intrigues lycéennes parfois, on prend parfois au sérieux pas grand-chose, mais ça n'est pas désagréable pour autant. On se plaindra de la facilité avec laquelle les interactions se limitent à une poignée dérisoire de personnages. D'ailleurs, l'animé, surtout dans les OAV, cède à la mode récente de mettre en silhouettes informes les gens qui forment une foule dans la rue, les élèves qui peuplent une classe sans que nous ayons à nous y intéresser, etc. Il y a aussi un renoncement à traiter les problèmes du rôle d'observateur et conseiller, alors qu'on nous annonce pourtant qu'il y a des problèmes de ce côté-là. Mais l'ensemble se tient, la relation amoureuse principale est superbe et la fin de l'histoire, même si forcément on s'attend à une alternative entre drame et happy end, est vraiment bien conduite, elle ne tombe pas à la va comme je te pousse, à la bon an mal an.
Une force aussi de cet animé, c'est qu'on n'a pas la nudité, on n'a pas les grosses poitrines, juste un gag qui passe très bien et qui est même traité de manière mature sur un personnage secondaire. On n'a pas des amourettes et des gens qui comptent fleurette, on n'échappe à tout ça, à quelques détails près pour un personnage féminin. Les deux premières de classe qui sont essentielles dans l'histoire sont bien dessinées, très jolies, surtout la première de classe qui a un charme puissant, mais elles ne sont à aucun moment mises sur un pied d'estale pour leur beauté. Les personnages d'animé sont beaux, mais à part le garçon premier de classe cela n'est pas mis en avant. C'est des gens, ils sont beaux, on ne va pas pour autant avoir tout le monde qui se retourne pour les voir. Et ça c'est très bien, parce que le côté groupies des gens beaux n'a jamais été très réaliste malgré son omniprésence dans l'animation japonaise. Même les gens beaux, les gens ne leur tombent pas dessus ainsi. D'ailleurs, les héroïnes féminines ont des déconvenues dans leurs charmes, comme on pourra s'en apercevoir. J'aime bien ce traitement feutré de la beauté et du charme, il est assez rare dans les mangas que pour être souligné. Et pourtant qu'est-ce qu'elle est belle cette héroïne avec ses cheveux noirs, ses yeux verts, son grain de beauté et son naturel !

davidson
7
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le 30 oct. 2018

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davidson

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