L'avis de 666Raziel

On pourrait considérer que Les Sept Smouraïs ont donné naissance à un genre à part entière tant le concept a été repris et décliné par la suite. Des remakes cinématographiques aux hommages dans de multiples séries dont Clone Wars ou Wakfu, je pense qu'aujourd'hui, tout le monde sait de quoi il s'agit même s'il n'a jamais vu le film originel.
Ne pouvant passer à côté des 50 ans de ce pilier du cinéma, le japon a profité de cette occasion pour y aller de sa propre réinterprétation en série d'animation.

"Modernité" oblige, Samurai 7 reprend donc les bases de l’œuvre originelle tout en les transposant dans un univers typiquement japonais où la technologie futuriste côtoie une ambiance plus traditionnelle. Ainsi, les bandits sont devenus des mechas, les mousquets des armes énergétiques mais les samouraïs et les paysans utilisent toujours des arcs et des sabres à l'ancienne.
Si l'on met de côté la 3D des mechas qui a très mal vieilli, le premier constat face à ce nouveau design est que le rendu est beaucoup plus épique. Les bandits étant plus nombreux et plus imposants, ceux qui les affrontent réalisent des prouesses véritablement surhumaines. Maintenant, ce style de combat s'inscrit dans une logique d'évolution de la mise en scène de façon toujours plus spectaculaire. En soi, ce n'est pas ça qui donne l'impression d'une trahison vis à vis du film originel et de ses combats beaucoup plus humains.
En revanche, c'est au niveau de la thématique que je ressens un message contradictoire à celui du film. Dans la série on a l'impression de voir la tradition (représenté par les paysans et les samouraïs) se rebeller contre une modernité décadente (que sont les bandits robotiques et la capitale). Or à mon sens, l’œuvre de Kurosawa symbolise plutôt le contraire. En apprenant aux paysans à se défendre par eux même, les samouraïs représentent une forme de modernité sociale dans laquelle le principe des castes n'aurait plus lieu d'être. Pour moi la morale du film est que l'évolution des mœurs et nécessaires pour venir à bout de certaines difficultés. A l'inverse, si je devais donner une morale à la série je dirai : "modernité = corruption tandis que tradition = valeur".

Autre corolaire de cet univers atypique : la singularité du charadesign.
Même si c'est très subjectif, je n'ai pas du tout accroché au style des personnages (principaux ou secondaires). Visuellement, je les trouve simplistes voire ridicules et c'est vraiment dommage car cela ne fait pas du tout honneur à la richesse de leur psychologie. Après, même si vous vous accommodez des dégaines vestimentaires ou de la tignasse de Shichiroji, il reste un aspect qui me semble objectivement préjudiciable : le traitement de Kikuchiyo. Pour ceux qui ne connaitrait pas du tout le personnage, c'est à mon sens le plus important des 7 samouraïs car il est celui qui parvient à créer le lien entre les guerriers et les paysans. C'est un personnage fondamental parmi les sept puisqu'il explique au spectateur les incompréhensions qui opposent les guerriers et les paysans. Il a donc un rôle émotionnel capital que l'on a du mal à retrouver en raison de sa nature d'homme-machine.

Dernière spécificité de Samurai 7 (par rapport à son aîné) : la différence de format. Bénéficiant de trois fois plus de temps que le film, la série peut ainsi accorder plus d'attention au développement de ses protagonistes. Globalement, ces derniers vont tous dans le bon sens même si certains samouraïs voient leur background entièrement réécrit.
De fait, les plus gros changements interviennent surtout au niveau du scénario. Si les 16 premiers épisodes suivent fidèlement le film (à quelques détails près), la dernière partie propose quelque chose de totalement inédit avec des héros qui décident de passer à l’attaque. De prime abord, cela peut sembler hérétique, mais force est de constater que cet ajout s'intègre parfaitement dans la continuité des événements.

En définitive Samurai 7 s'avère plutôt correct. Si certains partis pris ne feront pas l'unanimité, force est de constater que la série reste techniquement réussie. Bien animée, joliment orchestrée, elle a surtout parfaitement su gérer la transposition du film vers une série d'animation.
Ça peut être un bon compromis pour découvrir l'histoire des 7 samouraïs si l'idée de passer plus de 3 heures devant une œuvre en noir et blanc ne vous enchante guère,