Dommage.
L'expédition historique de Magellan, menée à son terme par Elcano, méritait mieux que cette mini-série.
C'est une fiction sans caractère et au rythme bâclé. La mise en scène est faible dans sa capacité à transmettre des émotions. Il manque de la profondeur et de la réflexion.
Historiquement, tout est survolé et simplifié. Il est vrai que la série présente un certain réalisme et que le récit du voyage semble fidèle (d'après mes brèves recherches) aux écrits de Pigafetta, le chroniqueur de l'expédition. Malheureusement, les rivalités entre le Portugal et l'Espagne sont faussement présentées dans cette fiction :
Magellan aurait proposé son projet au roi du Portugal qui l’aurait refusé. C'est une erreur historique, une idée reçue. C'était vrai pour Christophe Colomb, mais le contexte historique était alors différent.
Voici mon bref résumé des faits historiques que l'on peut lire dans plusieurs ouvrages de la Collection Magellane des éditions Chandeigne :
Le projet de Magellan d'atteindre par l’ouest les Moluques, par un passage jusqu'alors inconnu, devait respecter le traité de Tordesillas. Il y avait à cette époque un doute sur la position géographique des Moluques (et donc son appartenance à la zone espagnole ou portuguaise). Magellan par ses calculs, estimait que les Moluques se trouvaient dans la zone espagnole. De plus, le Portugal possédait déjà une route maritime dans sa propre zone, vers les îles aux épices, y compris les Moluques. Il était donc inutile de faire une proposition au roi du Portugal. Le projet de Magellan ne pouvait intéresser que le roi d'Espagne.
La rivalité entre les deux royaumes pour le contrôle des épices était toutefois bien réelle, comme le montrent les événements de l'épisode 2 de la série, visant à anéantir l'expédition de Magellan.
Ce qui est fort regrettable, c'est que la série débute en véhiculant une idée reçue, au lieu de saisir l'occasion de rectifier les faits !
Le spectateur n'aura qu'une représentation simpliste, et même faussée, des rivalités entre les deux royaumes, au lieu d'une vulgarisation des connaissances historiques qui permettrait de mieux appréhender le contexte de l'expédition de Magellan.