La vengeance est un plat qui se mange sanglant

/!\ Cette critique contient des spoilers /!\

On pourrait être tenté de croire que Sans Merci n'est qu'une mini série médiocre de plus dépeignant des bastons incessantes entres membres de gang rivaux, ou bien l'histoire d'une vengeance pas très originale exécutée par une sorte de Chuck Norris coréen. Dans un sens, ça pourrait être vrai.

Ceci étant dit, qui a décrété qu'il fallait être foncièrement original et excentrique pour produire quelque chose de bon ? Qui a dit qu'une bonne vengeance bien sanglante n'était pas exactement ce que recherchait un spectateur lambda en s'aventurant dans le visionnage de ce genre de série ?

Le pitch est ce qu'il est : après 11 ans de vie tranquille loin de tout, un homme taciturne et solitaire se voit réintégrer le monde de la pègre après que son frère ait été assassiné dans une embuscade, orchestrée par des gens qui avaient tout intérêt à le voir mourir.

Le passage de cet homme dans le monde underground est bref : il est là pour se venger et ne s'arrêtera que lorsqu'il aura exterminé toute personne liée de près ou de loin à la mort de son frère.

Derrière son air mélancolique et torturé ainsi que sa démarche boiteuse (suite à la rupture de son tendon d'Achille en signe de repentance pour son passé dans le milieu), notre héros s'avère être une véritable machine de guerre, essuyant beaucoup moins que coups qu'ils n'en donne.

Ce qui me plaît chez ce héros, en dehors de son irréalisme flagrant, c'est sa capacité à faire déferler un véritable chaos dans le silence le plus total. Sa démarche lente et titubante, son manque de loquacité et le voile humide qu'on voit en permanence sur ses yeux laissent deviner sans effort que cet homme n'a plus rien à perdre. Et c'est ça qui le rend si dangereux.

Pour ce que ça vaut, les scènes de combats sont très bien filmées et laissent le spectateur en haleine. J'y ai même retrouvé un côté cathartique dans lequel je me suis presque vue jouer des poings en rythme avec le héros au gré de ses combats… Parce qu'on a aussi envie de péter la gueule aux antagonistes que le personnage principal.

Sans Merci ne conviendrait pas à un spectateur recherchant de la profondeur dans un scénario… mais elle ferait parfaitement l'affaire pour poser son cerveau l'espace d'une soirée ou deux. Le rythme est effréné de telle sorte à ce qu'on ne puisse pas détacher ses yeux de l'écran.

La série s'achève en eau de boudin et certains y verront quelque chose profondément bâclé… mais peut-on réellement reprocher un tel choix à la réalisation quand le crédo même de l'œuvre repose sur la loi du Talion dans sa forme la plus brute ? Ça n'engage que moi, mais je pense que la fin était appropriée dans la mesure où l'on ne s'attend plus à voir le héros survivre après un tel carnage, malgré son incroyable résistance tout au long du visionnage…

Et ce n'est pas moi qui le dit, ce sont ses propres mots : "Pour que tout ceci se termine, tout le monde doit mourir…" même si cela sous-entend qu'il doive lui aussi passer l'arme à gauche.

Parce que mourir, c'est tout ce qu'il lui reste après avoir semé autant de désolation autour de lui, après le goût amer d'une vengeance brutalement exécutée. Vengeance qui malgré tout, ne ramènera pas son frère. Mourir, c'est sa façon de raccrocher de la pègre une bonne fois pour toute et de retrouver la paix.

Pour ce que ça vaut, j'ai trouvé la scène finale émouvante dans le parallèle qu'elle représente : le héros, sur le point de rendre l'âme, est sujet à une hallucination mettant en scène une discussion qu'il avait eu avec son frère au tout début de la série. Avant son assassinat, celui-ci lui proposait de tout plaquer et de quitter son gang pour le rejoindre et gérer un camping ensemble. Face à ce tableau et à la réalisation sous-jacente que c'est en fait le héros qui a sacrifié jusqu'à sa vie pour rejoindre son frère, on ne peut s'empêcher de penser qu'il y a une dimension poétique dans la situation.

Pour finir, je citerai Confucius qui a dit que celui qui cherche la vengeance devrait commencer par creuser deux tombes... Et je pense que rien ne peut plus illustrer ce propos que Sans Merci.